Portrait d'Agnès Buzin, médecin et nouveau ministre de la Santé

Portrait d’Agnès Buzin, médecin et nouveau ministre de la Santé La professeure Agnès Buzin a été nommée mercredi 17 mai 2017 ministre des Solidarités et de la Santé par Edouard Philippe, Premier ministre du gouvernement Macron. Médecin spécialiste, scientifique renommée, manageuse confirmée au parcours professionnel remarquable, elle fait partie des personnalités issues de la société civile tant convoitées par le président nouvellement élu.

Son père est chirurgien orthopédique, sa mère psychologue clinicienne et écrivaine. Deux de ses oncles sont également médecins. Elle se retrouve à 14 ans comme assistante au bloc opératoire de son père. Après avoir étudié à l'Ecole Alsacienne, c'est donc presque naturellement qu'elle fait médecine et se spécialise en hématologie pour ses aspects à la fois techniques et humains. Elle fait son internat aux Hôpitaux de Paris avant de commencer sa carrière au sein de l'hôpital Necker où elle prendra la responsabilité de l'unité de soins intensifs d’hématologie adulte et de greffe de moelle de 1992 à 2011.

Mère de 3 enfants, elle se marie en secondes noces avec Yves Lévy, le directeur de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale.

Elle focalise ses travaux de recherche sur la leucémie myéloïde chronique, la leucémie aiguë lymphoblastique et la greffe de moelle osseuse. Elle devient professeure à l'université Pierre-et-Marie-Curie où elle enseigne l'hématologie, ce qui ne se fait pas sans soulever l'inimitié de certains de ses confrères masculins.

«Je n’ai jamais vécu autant de mépris et autant de haine, raconte-t-elle à Libération. Comme si une femme n’avait pas le droit d’être professeure.» «On veut bien nous imaginer médecins, mais pas plus. Professeurs, ça non ! Cela n’est pas pour nous.»

Parallèlement entre 2002 et 2006, elle prend la direction d'une équipe de chercheurs de l'INSERM qui poursuit ses travaux sur l’immunologie des tumeurs à l’Institut Cochin-Paris V.

Dopée à l'impérieuse nécessité de la parité, sa carrière institutionnelle connait un formidable coup d'accélérateur. Elle siège alors dans les conseils scientifiques de l'agence de la biomédecine, de l'établissement français du sang puis préside le conseil scientifique de la société française de greffe de moelle et de thérapie cellulaire (SFGM-TC) ainsi que le conseil d'administration de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) entre 2008 et 2013.

C'est à la suite de la catastrophe nucléaire de FUKUSHIMA qu'elle est placée, un peu malgré elle, sous le feux des projecteurs à devoir faire preuve de toute sa pédagogie devant les médias.

« Quand vous savez que l’île principale du Japon risque d'être rayée de la carte par les radiations, et que vous vous retrouvez au 20 heures de TF1 à expliquer ce qui se passe, vous vous dites, pourquoi ai-je accepté ce poste ? » confiait elle récemment au Quotidien du médecin

 

Elle fait ensuite ses armes à l’Institut national du cancer (INCa) en 2009, en tant que personnalité qualifiée, avant d'être nommée vice-présidente puis présidente en mai 2011. Elle lance alors le 3ème plan cancer et obtient ses premiers galons en politique de santé publique comme le plan national de lutte contre la tabagisme incluant le paquet neutre pour lequel elle a milité avec acharnement. On lui doit également le droit à l'oubli qui interdit aux assurances de collecter des données médicales liées aux pathologies cancéreuses et d'appliquer des majorations ou des exclusions de garanties. C'est pour elle une grande fierté. 

« J'ai dû me battre contre le lobby des assureurs, et ça a été extrêmement dur face à Bercy. Mais je venais avec des données scientifiques irréfutables », explique-t-elle au site lesechos.fr.

Tout auréolée d'un parcours remarquable et d'un bon à bilan à l'INCA, on lui propose d'abord la direction générale de la santé en 2013, poste qu'elle refuse catégoriquement puis elle est pressentie en 2015 pour succéder au professeur Jean-Luc Harousseau à la tête de la Haute Autorité de Santé.

Mais la HAS, en dépit de son prestige est une institution à la gouvernance compliquée et qui n’a pas encore réussi à s’imposer. Peu connue du grand public, rendant des avis complexes, elle n'intervient guère dans les grands débats de santé publique, la plupart du temps pour ne pas perturber la communication du ministre de la santé.
Agnes Buzin refuse donc dans un premier temps le poste avant que Marisol Touraine ne revienne à la charge sous la pression de la démission du Pr Harousseau. Elle finit par accepter la présidence de la HAS en mars 2016. Cette nomination est saluée de façon unanime par la classe politique qui voit en elle une femme d'expérience, une scientifique reconnue et surtout un bilan élogieux à tête de l'INCA.

Elle devient ministre des solidarités et de la santé le mercredi 17 mai 2017 alors que le matin même elle présidait encore une conférence de presse de la HAS sur le diagnostic prénatal de la trisomie 21. Présentant un profil bien moins politique, elle succède donc à Marisol Touraine, qui en multipliant les plans d'économies a mis le secteur de la santé sous pression. Les défis qui attendent la nouvelle ministre sont nombreux et elle aura besoin de toutes ses compétences pour les surmonter.

 

 

Crédit photo : Ministère de la santé

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