Néonatologie en France : entre crise systémique et inégalités régionales

Néonatologie en France : entre crise systémique et inégalités régionales La Société Française de Néonatologie vient de publier les résultats de son audit sur l'offre de soins en néonatalogie en France. Elle met en lumière une situation alarmante caractérisée par des équipes sous tensions, des postes vacants non pourvus et des inégalités flagrantes entre régions. Autant de facteurs expliquant la hausse significative de la mortalité néonatale.

Des chiffres épidémiologiques alarmants

La mortalité néonatale en France a connu une hausse significative, reléguant le pays de la 3ème à la 20ème place en Europe. Selon des données de l'Inserm, la mortalité infantile est passée de 3,32 en 2012 à 3,56 décès pour 1000 naissances vivantes en 2019. Cette augmentation de 7% est principalement due à une hausse de la mortalité néonatale précoce, c'est-à-dire les enfants nés vivants et décédés dans les 7 premiers jours de vie.

Un système de soins sous haute tension

Le taux d'occupation des unités de soins néonatals dépasse 95% dans près de la moitié des unités en France. Par ailleurs, 72% des services de type 3 rencontrent des difficultés pour assurer la permanence des soins. "Au moins un poste de pédiatre néonatologiste est vacant dans 73% des services de type 3, et deux ou plus sont vacants dans 46% des services", selon la Société Française de Néonatologie.

Inégalités régionales et pénurie de ressources

Les inégalités régionales en termes de disponibilité des lits de réanimation néonatale sont frappantes. Alors que la région Grand Est est la mieux dotée avec 1,28 lit pour 1.000 naissances, les régions Occitanie et Provence-Alpes-Côte d'Azur sont les moins bien dotées avec respectivement 0,8 et 0,6 lit pour 1.000 naissances. De plus, près de 80% des services de type 3 comptent au moins un tiers de leur effectif infirmier ayant moins de deux ans d'expérience, ce qui soulève des questions sur la qualité des soins fournis.

Impact sur le personnel médical

Le manque de personnel qualifié est une préoccupation majeure. Environ 80% des pédiatres néonatologistes déclarent travailler plus de 50 heures par semaine et 13 % plus de 75. Elsa Kermorvant, cheffe adjointe du service de pédiatrie néonatale et réanimation à l'hôpital Necker à Paris, a signalé que des taux d'occupation très élevés augmentent le risque de mortalité et de complications chez les enfants prématurés.

« Il y a une pression énorme sur les équipes », explique Elsa Kermorvant, vice-présidente de la SFN et néonatologue à l’hôpital Necker à Paris pour Le Monde. « On joue sans arrêt aux chaises musicales pour répartir les nouveau-nés qui en ont besoin, on fait sortir un bébé de réanimation plus vite qu’on ne le voudrait, on transfère vers d’autres hôpitaux… Mais ce n’est pas possible de décaler des naissances quand elles arrivent à terme ».

Vers une révision urgente des soins néonatals

Face à cette situation critique, la Société Française de Néonatologie et d'autres experts appellent à une révision de l'organisation des soins critiques en néonatalogie. Ils suggèrent notamment d'inclure les parents comme partenaires de soins grâce à des programmes de soins de développement centrés sur l'enfant et la famille, un modèle déjà adopté dans les pays nordiques.

La néonatologie en France est à un point de basculement. Les données épidémiologiques, les inégalités régionales et le manque de ressources humaines qualifiées appellent à une action immédiate. Des mesures doivent être prises pour augmenter le nombre de lits de réanimation néonatale, embaucher et former davantage de personnel qualifié, et réviser l'organisation des soins critiques.

 

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Crédit photo : DepositPhotos

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