MG France dénonce la stigmatisation des arrêts de travail avec l'opération « transparence IJ »
Présentée devant la ministre du Travail et de la Santé, Catherine Vautrin, la campagne s’adresse aux assurés comme aux prescripteurs. MG France y fustige une logique de « délit statistique » : les médecins identifiés comme « sur-prescripteurs » d’arrêts sont ciblés par des algorithmes, sans égard pour les réalités cliniques. « MG France n’acceptera pas que les médecins soient des boucs émissaires des IJ », a averti la Dre Agnès Giannotti, présidente du syndicat (Le Quotidien du médecin, 10 juin 2025).
De son côté, Catherine Vautrin a souligné une autre problématique liée aux arrêts longs : « Moi, mon sujet, c'est celui de la durée des indemnités journalières, et c'est derrière, le sujet de la désintégration professionnelle d'un certain nombre de patients sur les arrêts supérieurs à six mois », a-t-elle déclaré. Insistant sur la nécessité de clarté, elle a ajouté : « Je ne peux pas tenir un discours devant vous et après convoquer Fatôme dans mon bureau et lui dire : 'Qu'est-ce que vous faites pour les indemnités journalières ?' » (Egora, 10 juin 2025).
Des causes structurelles au cœur de la hausse des arrêts
Avant d’en venir à la réponse syndicale, il convient de rappeler que la hausse des arrêts maladie, au-delà des effets conjoncturels liés à la crise sanitaire, s’ancre dans des facteurs structurels profonds tels que le vieillissement de la population, la dégradation des conditions de travail et l’inflation des salaires, comme le détaille une analyse de la DREES. Si les arrêts de courte durée sont les plus fréquents, ce sont les arrêts longs, notamment chez les seniors, qui pèsent le plus sur les finances publiques.
Parmi les causes principales identifiées :
- le vieillissement de la population active, avec une montée du taux d’activité des 55-64 ans (61,7 % en 2023 contre 43,6 % en 2010) ;
- la hausse des salaires, qui entraîne mécaniquement une revalorisation des IJ ;
- la sinistralité croissante dans certains secteurs, notamment la santé, la construction ou le social ;
- le covid long, dont environ 2 millions d’adultes pourraient être concernés, bien que son impact précis sur les arrêts maladie reste encore difficile à quantifier ;
- les retards d’accès aux soins spécialisés, qui forcent les généralistes à prolonger les arrêts faute de relais ;
- la lenteur de mise en invalidité dans les cas de patients inaptes au travail.
L’alerte de MG France sur les dérives des contrôles
Face à cette réalité complexe, MG France dénonce l’intensification des mesures de contrôle. Depuis 2024, l’Assurance maladie a mené 680 000 contrôles, dont 230 000 avec examen médical, et infligé 7 000 sanctions. Une nouvelle réglementation plafonne à trois jours les arrêts prescrits en téléconsultation par des médecins non traitants. Par ailleurs, le montant maximal des IJ a été abaissé (de 53,31 € à 41,47 € par jour depuis avril 2025).
La Cnam justifie cette stratégie par la nécessité de préserver un équilibre financier menacé. « On sait bien que 60 % des dépenses sont liées au vieillissement et aux conditions de travail. Mais pour 40 %, on ne sait pas pourquoi », a déclaré Thomas Fatôme, directeur général de la Cnam (Le Quotidien du médecin, 10 juin 2025). Il rappelle également que les précédentes campagnes ont permis d’économiser 160 millions d’euros, et que seuls 700 médecins sur 48 000 avaient été concernés par une mise sous objectifs ou un accord préalable.
Lors du congrès, plusieurs témoignages ont mis en lumière la détresse des praticiens ciblés. Une enquête qualitative menée par MG France auprès de 13 médecins visés par une MSAP révèle que tous ont ressenti de l’anxiété lors de nouvelles prescriptions, et que 60 % ont présenté des signes de burn-out ou eu besoin de soutien psychologique. « Est-ce que c’est normal d’éprouver de l’anxiété pour prescrire un soin qui est l’arrêt de travail ? », a interpellé la Dre Guylaine Ferré.
Une réponse syndicale pragmatique
Pour répondre à ces dérives, MG France propose des solutions concrètes à travers l’opération « transparence IJ » :
- des outils pour aider les médecins à justifier leurs prescriptions dans les cas complexes ;
- le recours au service SOS IJ pour solliciter l’expertise du service médical de la Cnam ;
- des supports pédagogiques pour sensibiliser les patients aux enjeux de santé au travail.
Le syndicat insiste sur le fait que les arrêts de travail sont des actes médicaux à part entière. Pour la Dre Giannotti, « l’enjeu est de rétablir un dialogue fondé sur les réalités cliniques, sociales et sanitaires », loin des quotas et des algorithmes imposés sans nuance.
Une approche humaniste face à une logique de contrôle
À travers « transparence IJ », MG France défend une approche humaniste de la pratique médicale face à une logique de contrôle perçue comme déshumanisante. Si la lutte contre les fraudes reste légitime – 42 millions d’euros de préjudice ont été recensés en 2024 –, le syndicat appelle à un équilibre entre vigilance budgétaire et respect de la liberté de prescription. L’initiative pose ainsi les bases d’un dialogue nécessaire avec l’Assurance maladie, au service des professionnels comme des patients. La ministre Catherine Vautrin a souligné l'importance d'une implication collective pour préserver un système de santé solidaire, en appelant à une prise de responsabilité conjointe entre patients et professionnels afin d’assurer sa viabilité économique à long terme.
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