Un algorithme mathématique pour déterminer l'origine d'une infection nosocomiale

Des chercheurs de l'Université d'Utrecht ont développé un modèle mathématique afin d'estimer l'importance relative de deux voies de transmission d'infections nosocomiales. Comparé aux informations obtenues à partir du génotypage des souches retrouvées chez les patients, ce modèle donne de bons résultats. Il pourrait par exemple être employé pour mettre au point des stratégies de prévention et évaluer leur effet, estiment les chercheurs.

Les infections par des bactéries multirésistantes sont un problème croissant et majeur du contrôle infectieux en milieu hospitalier et notamment dans les services d'urgences et de soins intensifs. Le suivi des ces infections nosocomiales est indispensable pour assurer un contrôle efficace.

Ces infections font appel à deux voies de colonisation majeure. La première est exogène et réside sur la transmission de l'agent pathogène d'un patient à un autre patient par le biais du personnel de santé notamment. La deuxième est endogène et a lieu chez des patients déjà porteurs de l'agent pathogène. Sous la pression d'un traitement antibiotique, le pathogène multirésistant se multiplie en conséquence de l'avantage conféré par le traitement.

Des mesures de surveillance épidémiologique et de génotypage des souches permettent actuellement d'identifier la source de l'infection. Toutefois, ces mesures sont lourdes et coûteuses.

Afin de contourner ces problèmes, Pelupessy et al décrivent dans la revue PNAS un algorithme mathématique qui utilise seulement des données de prévalence (sur une série relativement longue) sur le nombre de patients colonisés. Par ailleurs, ce modèle prend en compte la prévalence très variable de ces infections qui caractérise le nombre réduit de patients comme c'est le cas dans les services d'urgences et de soins intensifs.

Les estimations de ce modèle mathématique ont été comparées à celles issues du génotypage dans deux séries de patients hospitalisés en soins intensifs. Les estimations du modèle sont conformes à celles issues du génotypage, estiment Pelupessy et al.

Pour ces raisons, ces chercheurs estiment que cette méthode peut fournir un outil supplémentaire pour identifier l'importance relative des différentes voies de transmission d'infections nosocomiales. "De telles informations pourraient à la fois orienter des stratégies de contrôle des infections et aider à évaluer avec précaution le résultat des études sur les moyens d'intervention", concluent-ils.

Source : Proc Natl Acad Sci USA early edition, www.pnas.org/cgi/doi/10.1073/pnas.082412899. A paraître dans Proc Natl Acad Sci USA 2002;99(8):5601-5.

SR

Descripteur MESH : Infection , Patients , Soins , Soins intensifs , Prévalence , Urgences , Bactéries , Patients hospitalisés , Personnel de santé , Pression , Santé

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