VIH : les phases III sur le T-20 (inhibiteur de fusion) sont présentées à Barcelone

Les données de deux essais de phase III montrent que le T-20 associé à un traitement antirétroviral optimisé permet d’accentuer la réduction de la charge virale par rapport au même traitement sans T-20. Les résultats de cet inhibiteur de fusion de l’entrée du VIH ont été présentés hier à Barcelone à l’occasion de la 14° Conférence internationale sur le SIDA.

Le T-20 ou enfuvirtide est le premier représentant d’une nouvelle classe de molécule contre le VIH : les inhibiteurs de fusion. Le T-20 permet d’inhiber une modification de conformation de la protéine gp41 du VIH-1 qui est normalement requise pour la fusion du virus avec les membranes de la cellule cible. Cette molécule qui a été développée par les laboratoires Roche et la société Trimeris est l’inhibiteur de fusion dont les phases de test sont les plus avancées.

« Ces études pivots sur le T-20 ont été conduites parmi des patients qui avaient reçu de nombreux traitements contre le VIH, une population pour laquelle les options thérapeutiques sont limitées », commente le Dr Jay Lalezari, principal investigateur de l’essai TORO1.

« C’est stimulant et encourageant de voir que lorsque le T-20 est ajouté à la meilleure combinaison disponible d’antirétroviraux conventionnels, les patients ont deux fois plus de chances d’atteindre un niveau indétectable de virus que ceux qui ont pris ce traitement combiné sans T-20 », poursuit-il dans un communiqué édité par Trimeris. Néanmoins, il faut souligner que par « niveau indétectable », il faut comprendre moins de 400 copies/ml.

Les essais TORO1 et TORO2 sont des essais ouverts, randomisés qui ont impliqué 112 centres de soins dans le monde. Les patients retenus avaient déjà reçu des antirétroviraux et/où étaient porteurs de résistances à chacune des trois classes d’antirétroviraux. La charge virale plasmatique devait être supérieure à 5.000 copies ARN/ml. La proportion de patients avec une charge virale <400 copies/ml, <50 copies/ml ou avec une réduction supérieure ou égale à 1,0 log10 était calculée à la semaine 24. Le suivi durait jusqu’à la semaine 48.

Pour chaque patient, un traitement antirétroviral combiné était initié sur la base des antécédents d’exposition du sujet et des tests de résistances. Certains patients ont aussi reçu le T-20 (ratio 2:1) en auto-injection sous-cutanée de 90 mg deux fois par jour.

Trimeris a présenté hier dans un communiqué les grandes lignes des résultats de ces deux essais :

La phase III de TORO1 a été conduite en Amérique du Nord et au Brésil. Elle a impliqué 491 patients qui avaient été traités en moyenne avec 12 antirétroviraux. La charge virale initiale (médiane) était de 5,2 log10 copies/ml et le nombre médian de CD4 était de 80 cellules/mm3.

Après 24 semaines de traitement, 37 % des patients du bras ‘T-20 + traitement optimisé’ et 16 % des patients du bras ‘traitement optimisé seul’ avaient une charge virale plasmatique inférieure à 400 copies/ml (p&lt;0,0001). Par ailleurs, 20 % des patients du bras ‘T-20 + traitement optimisé’ avaient une charge virale <50 copies/ml comparés à 7 % des patients du bras ‘traitement optimisé seul’ (p=0,0002).

La différence moyenne dans la diminution de la charge virale entre les deux groupes était de 0,934 log10 copies/ml (p&lt;0,0001 ; réduction de 1,697 log10 copies/ml avec ‘T-20 + traitement optimisé’ et réduction de 0,763 log10 copies/ml avec le ‘traitement optimisé seul’). L’augmentation moyenne des CD4 était de 76 cellules/mm3 avec ‘T-20 + traitement optimisé’ versus 32 cellules/mm3 avec le ‘traitement optimisé seul’.

Jusqu’à la 24° semaine, les toxicités de grade 3 et 4 et les effets adverses étaient aussi fréquents dans les deux bras de l’essai, selon le communiqué de Trimeris. La plupart des patients du bras T-20 ont présenté une réaction sur le site de l’injection. L’incidence des symptômes de fatigue, insomnie et neuropathie périphérique étaient plus élevée avec le T-20.

La seconde étude de phase III, TORO2, a été conduite en Europe et en Australie. Elle a impliqué 504 patients qui avaient déjà reçu en moyenne 11 antirétroviraux, la charge virale initiale (médiane) était de 5,1 log10 copies/ml et le nombre de CD4 de 98 cellules/mm3. Globalement, les résultats obtenus sont similaires à ceux observés dabs TORO1.

« Ces données représentent les premiers résultats cliniques aboutis pour une classe d’antirétroviraux, les inhibiteurs de fusion, qui fonctionnent contre le VIH d’une façon complètement nouvelle », a jouté le Dr James Thommes, Directeur médical chez Roche. « Les résultats de ces essais suggèrent que le T-20 pourrait jouer un rôle significatif pour relever le défi des patients déjà traités ».

Les résultats de ces essais ne seraient donc transposables qu’à une catégorie bien définie de patients. Par ailleurs, Trimeris n’a pas indiqué dans son communiqué d’éventuelles informations sur l’apparition de résistances au T-20.

A ce propos, un article paru en juin 2002 dans Antimicrobial Agents and Chemotherapy décrit l’apparition d’une résistance chez plusieurs patients qui suivait une monothérapie par T-20 (30 mg/jour) depuis 14 jours. Wei et al, les auteurs de cet article, concluaient en indiquant que « ces résultats apportent la première preuve de l’émergence rapide d’une résistance clinique à une nouvelle classe d’inhibiteurs de l’entrée du VIH-1 et ils pourraient être pertinents pour les futures stratégies de traitement impliquant ces agents ».

Source : Trimeris (www.trimeris.com). Antimicrob Agents Chemother 2002 ;46(6) :1896-905.

SR

Descripteur MESH : Charge virale , VIH Virus de l'Immunodéficience Humaine , Patients , Essais , Bras , Antirétroviraux , Virus , Europe , Fatigue , Grandes lignes , Laboratoires , Membranes , Brésil , Population , Rôle , Soins , Australie , Amérique du Nord

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