VIH en Europe : l’augmentation continue dans les pays de l’ex-Union soviétique tandis que les nouveaux diagnostics liés à une transmission hétérosexuelle s’amplifient à l’Ouest

Le nombre de nouveaux diagnostics d’infection à VIH ne cesse d’augmenter dans les pays de l’ex-Union soviétique. Dans ces pays de l’Est, l’urgence est de contrôler l’épidémie liée à l’injection de drogues et d’éviter que le VIH ne se transmette à large échelle par voie sexuelle.

En Europe de l’Ouest, on observe une augmentation des nouveaux diagnostics VIH liés à une transmission hétérosexuelle. C’est ce que constate EuroHIV(1) qui présente les dernières données de surveillance épidémiologique de l’infection à VIH et du sida dans les 51 pays de la région Europe de l’OMS à fin 2001(2). En Europe de l’Est, 100 000 nouveaux diagnostics d’infections à VIH (365 par million d’habitants) ont été déclarés en 2001 (68 000 en 2000 et 15 000 en 1998). La majorité de ces infections ont été diagnostiquées chez des utilisateurs de drogues injectables (UDI) et concernent majoritairement des hommes (75%) jeunes (80% ont moins de 30 ans). En 2001, des taux très élevés ont été déclarés en Estonie (1067 infections à VIH par million), en Russie (594 par million), en Lettonie (347) et en Ukraine (139 par million). Cependant, l’épidémie s’étend progressivement à la plupart des autres pays, y compris ceux du Caucase (Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie) et d’Asie centrale (Kazakhstan, Kirghizistan).

Bien que le nombre d’infections liées à une transmission sexuelle reste relativement bas, il augmente de manière significative depuis 2-3 ans en Europe de l’Est. Le danger que l’épidémie ne s’étende aux partenaires sexuels des UDI et à d’autres groupes vulnérables (homosexuels masculins, prostituées et leurs clients, personnes atteintes de MST) est donc imminent. Par ailleurs, la proportion de dons de sang infectés a augmenté très rapidement au cours des dernières années, atteignant des niveaux alarmants (en Ukraine, par exemple, où les dons de sang sont rémunérés). Certains pays ne testent pas la totalité des dons de sang en raison du manque de kits de dépistage.

En Europe de l’Ouest, 12 000 cas d’infection à VIH (55 cas par million d’habitants) ont été déclarés en 2001 dans les pays ayant mis en place la déclaration de la séropositivité. Il faut cependant souligner que trois des pays les plus touchés par le VIH – l’Espagne, la France et l’Italie – ne disposent pas à ce jour de déclaration du VIH à l’échelle nationale. Dans l’ensemble des autres pays, le nombre de nouveaux diagnostics diminue chez les UDI et reste inchangé chez les homo/bisexuels masculins. En revanche, il augmente depuis 1996 pour les transmissions hétérosexuelles, notamment chez les personnes originaires d’Afrique sub-saharienne. La diminution des cas de sida, amorcée en 1996 avec l’introduction des nouveaux traitements antirétroviraux, s’estompe progressivement (le nombre de nouveaux cas de sida liés à une transmission hétérosexuelle est stable depuis 2-3 ans). En Europe centrale, les taux de sida et de nouveaux diagnostics VIH restent relativement bas dans l’ensemble (moins de 10 cas par million déclarés chaque année au cours de la période 1996-2001).

La situation dramatique à l’Est ne doit pas conduire à une banalisation de la situation à l’Ouest et au Centre où les mesures de prévention doivent être maintenues, voire renforcées. Malgré la réduction de l’infectivité des séropositifs sous traitements, les nouveaux diagnostics ne diminuent pas et il semble que les comportements à risque augmenteraient chez les homo/bisexuels masculins. Les personnes originaires de pays à haute endémicité représentent une part de plus en plus importante des nouveaux diagnostics. Ces personnes ont pu être infectées soit dans leur pays d’origine, soit dans leur pays d’accueil, en Europe ; le diagnostic est souvent posé tardivement, ce qui pose un problème en terme d’accès aux traitements. Des actions de prévention ciblées et non-discriminatoires doivent être développées pour ces populations. La migration économique des pays les plus touchés d’Europe de l’Est représente une autre source épidémique potentielle pour l’Europe centrale et l’Europe de l’Ouest. Là encore, la mise en œuvre de programmes de prévention et de dépistage est une priorité.

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