Des mesures simples d'information sur le paludisme permettent de réduire de 40 % la mortalité des enfants de moins de 5 ans

Entraîner les mères à reconnaître les symptômes du paludisme et à administrer de la chloroquine à leurs enfants se révèle être une stratégie particulièrement efficace pour réduire la mortalité des moins de 5 ans. Selon une étude réalisée en Ethiopie, de telles mesures d'éducations et de sensibilisation permettent de diminuer de 40 % le nombre de décès chez les jeunes enfants.

Cette étude a été conduite par R. Morrow et G. Kidane de la John Hopkins University à Baltimore. Leur travail sur la réduction de la mortalité imputable au paludisme vient de faire l'objet d'une publication dans le Lancet.

Ces chercheurs rappellent que la mortalité due au paludisme reste très élevée dans les régions endémiques d'Afrique tropicale. Jusqu'à présent aucune stratégie n'a permis de réduire efficacement les décès dus à Plasmodium falciparum chez les jeunes enfants. Dans les cas les plus sévères, l'évolution est très rapide et les mères ne parviennent pas à obtenir de traitement dans un délai acceptable.

G. Kidane et R. Morrow ont cherché à évaluer sur le terrain (Ethiopie) l'intérêt d'un enseignement sur le paludisme. Ces mesures d'éducation étaient adressées aux mères et leur objectif était d'amener à une reconnaissance rapide des symptômes du paludisme et à la mise en place immédiate d'un traitement mis à leur disposition (chloroquine).

Vingt quatre (24) groupements de villages (plus de 70.000 habitants) où la morbidité paludique était élevée ont été sélectionnés. Pour les besoins de l'étude comparative, ils ont été regroupés deux à deux en fonction de la mortalité chez les moins de 5 ans.

Pour chaque paire prédéfinie, un groupe de village a participé à ces campagnes d'éducation et d'information sur le paludisme, l'autre groupe faisant office de contrôle. Le contenu de cet enseignement adressé aux mères était ciblé sur la reconnaissance des symptômes, l'administration de la dose adéquate de chloroquine, le partage des doses et sur la reconnaissance des effets secondaires de la chloroquine.

Entre janvier et décembre 1997, la mortalité des moins de 5 ans était de 29,8 pour 1000 dans les villages "test" et de 50,2 pour 1000 dans les villages témoins. Dans les localités où les mesures d'information avaient été mises en place, la mortalité des moins de 5 ans a été réduite de 40 %, soulignent les auteurs.

Lorsqu'une mère perdait un troisième enfant, un entretien détaillé était conduit afin de déterminer la cause du décès. Dans ce cas, le paludisme a été mis en cause dans 19 % des ces décès dans les villages "test" et dans 57 % des décès du troisième enfant dans les villages témoins.

Les auteurs notent toutefois que ces mesures efficaces ne seront applicables dans d'autres pays d'Afrique que difficilement. En effet, la région de l'intervention était relativement privilégiée en raison de facteurs sociopolitiques favorables et de l'absence de résistance à la chloroquine dans cette région d'Ethiopie.

Source : Lancet 2000;356:550-555. lien vers le site www.thelancet.com

Descripteur MESH : Paludisme , Mortalité , Médecine , Chloroquine , Mères , Afrique , Éducation , Enfant , Enseignement , Baltimore , Entretien , Étude comparative , Morbidité , Travail

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