La vaccination ADN serait particulièrement efficace chez les nouveaux-nés

Des chercheurs américains viennent de montrer pour la première fois que la vaccination ADN induit une réponse immunitaire durable, abondante et similaire à un vaccin conventionnel. Ces recherches, qui pourraient être d'une importance capitale pour la vaccination des nouveaux-nés ont fait l'objet d'une publication dans le numéro de Journal of Virology du mois de mars.

Les nouveaux-nés et les enfants présentent un risque élevé d'infections virales ou bactériennes. La vaccination de cette population est souvent retardée : les anticorps maternels pourraient inactiver les vaccins conventionnels et donc bloquer l'induction du système immutaire du nouveau-né. Pour cette raison, plusieurs équipes se sont orientées vers la mise au point de vaccin ADN. Cette technique consiste en l'injection de plasmides contenant des séquences nucléiques codantes pour des protéines virales ou bactériennes.

Des travaux ont déjà démontré que la vaccination ADN dans les premières heures après la naissance induisait une réponse cellulaire et humorale. De plus, cette vaccination est efficace lorsque le receveur possède des anticorps maternels. Cependant, aucune étude n'avait encore évalué et quantifié cette réponse immunitaire sur un long terme.

L'équipe de recherche de J. Whitton (The Scripps Research Institute, La Jolla, Californie) a donc étudié l'efficacité d'une vaccination ADN à long terme chez des souris âgées de 3 jours.

Dans cette étude, les chercheurs ont utilisé un virus de la famille des Arenaviridae : le lymphocytic choriomeningetis virus ou LCMV. Certains Arenavirus sont pathogènes pour l'homme (Fièvres de Lassa). Le LCMV est reponsable de méningites et est tératogène.

Les scientifiques ont construit un plasmide (pCMVNP) contenant la séquence codante de la nucléoprotéine virale NP. Après amplification et purification, le plasmide (50 µg) a été injecté à des souris adultes (6 à 16 semaines) et à des souris âgées de 3 jours. Les auteurs ont ainsi pu comparé l'effet du vaccin en fonction de l'âge du receveur.

Un an après la vaccination, des lymphocytes T CD8+ spécifiques de l'antigène NP étaient détectables et constituaient 0,5 à 1 % des lymphocytes T CD8+ totaux. Aucune différence entre les deux populations de souris n'a été mise en évidence. Le vaccin ADN a également induit la différenciation et la prolifération de lymphocytes T CD8+ mémoire. L'analyse des taux d'interféron-gamma et de perforine a montré que ces lymphocytes mémoire étaient comparables à ceux induits par une vaccination conventionnelle. La réponse cellulaire à la vaccination a été accélérée (par rapport à une immunisation classique) et la vaccination ADN a confèré une protection efficace un an après l'unique injection d'ADN. Selon les auteurs, l'ensemble des résultats indique que cette technique d'immunisation "affecte la quantité mais pas la qualité des lymphocytes T CD8+ mémoire". La réponse humorale (IgG1 et IgG2a) médiée par les lymphocytes B est elle aussi efficace et maintenue jusqu'à l'âge adulte.

Les scientifiques en concluent qu'une unique vaccination ADN dans les heures ou les jours qui suivent la naissance peut induire une réponse cellulaire et humorale durable. De plus, ce protocole ne nécessite pas d'immunisation secondaire.

Chez la souris, la vaccination ADN induit un réponse chez le nouveau-né comparable à la celle de la vaccination conventionnelle chez l'adulte. Cette technique constitue une alternative particulièrement intéressante aux problèmes associés à la vaccination des nouveaux-nés.

Source : Journal of Virology, 74: 2620-2627

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