Covid-19 : Omicron et la vaccination sont associés à une forte réduction du risque d’atteinte pulmonaire typique

Covid-19 : Omicron et la vaccination sont associés à une forte réduction du risque d’atteinte pulmonaire typique Une étude française lancée à l’initiative d’un interne et publiée dans la revue américaine Radiology en mars 2023 apporte des données précieuses sur les effets spécifiques du variant Omicron et de la vaccination sur les résultats des scanners thoraciques chez les patients atteints de la Covid-19. Cette étude, réalisée sur une cohorte de près de 4 000 patients, met notamment en évidence une réduction des risques d’atteinte pulmonaire avec Omicron et la vaccination.

Moins d’atteintes pulmonaires avec Omicron

L'étude montre que les risques d’atteintes pulmonaires typiques de la Covid-19 sont deux fois moindres avec le variant Omicron qu’avec le variant Delta. Cette observation suggère qu’Omicron pourrait être associé à des atteintes pulmonaires moins importantes ou moins visibles au scanner thoracique.

Réduction du risque de forme grave avec la vaccination

Les résultats de l'étude révèlent également que les patients ayant reçu au moins 2 doses de vaccin ont 3 fois moins de risque de développer une forme typique de Covid-19 et 2 fois moins de risque de développer une forme grave, caractérisée par une extension à plus de 50 % des "surfaces" pulmonaires. Cette réduction passe à un facteur 5 après avoir reçu trois doses de vaccin.

Des vaccins à ARNm plus efficaces que les vaccins à virus atténué

L'étude met en évidence une différence significative entre les patients vaccinés avec un vaccin à ARNm et ceux vaccinés avec un vaccin à virus atténué. Les patients vaccinés avec un vaccin à ARNm présentent moins de formes typiques et moins de formes graves que ceux vaccinés avec un vaccin à virus atténué.

Facteurs de risque associés aux résultats des scanners thoraciques

L'étude analyse également les facteurs de risque qui peuvent influencer les résultats des scanners thoraciques chez les patients atteints de la Covid-19. Parmi ces facteurs, on retrouve l'âge, le diabète, l'obésité et le sexe. Par exemple, l'âge avancé augmente le risque d'avoir une forme sévère de la maladie, tandis que l'obésité multiplie ce risque par 1,5. De plus, les hommes ont 1,4 fois plus de chances de développer une forme sévère de la Covid-19.

L'étude a inclus 3 876 patients adultes provenant de 93 services d'urgence, avec une infection au Sars-CoV-2 confirmée par test PCR et un statut vaccinal connu entre juillet 2021 et mars 2022. Ces centres, situés en métropole et en outre-mer, étaient partenaires d'Imadis, un service de radiologie d’urgence à distance. Les patients étaient âgés de 19 à 102 ans, avec une médiane de 68 ans.

Ces résultats confirment l'importance de la vaccination et soulignent la nécessité de continuer à surveiller l'émergence de nouveaux variants afin d'adapter les stratégies de prévention et de prise en charge de la maladie.

Un interne à l’origine de cette étude

C'est à Lounès Bensid, à l'époque interne au CHU de Clermont-Ferrand en décembre 2021 et en pleine rédaction de son mémoire de DES de radiologie, que l'on doit l'impulsion de cette recherche. Il a collaboré avec Imadis, qui a partagé ses rapports d'imagerie thoracique structurés, en accord avec les directives de la Société française de radiologie et de la Société française d'imagerie thoracique. Pendant plus d'une année, le soutien du Pr Louis Boyer, responsable du service de radiologie du CHU de Clermont-Ferrand, ainsi que d'autres co-auteurs, dont la Dr Amandine Crombé, radiologue et biostatisticienne à Bordeaux, a été précieux pour le jeune médecin.

3 QUESTIONS À… Guillaume Gorincour, directeur scientifique IMADIS et Mylène Seux, responsable du Pôle Data & Science

Quel est le contexte de cette étude et comment IMADIS est intervenue dans ce cadre ?

Au début de l’épidémie, les centres hospitaliers n’avaient parfois pas encore les résultats du test PCR, mais les signes scanner étaient suffisamment spécifiques pour que nous leur donnions un degré de certitude assez fort engageant une prise de décision. DeepLink Medical, le partenaire d’IMADIS et l’éditeur de la plateforme qui numérise la prise en charge des patients en imagerie médicale, a donc créé une filière spécifique qui a permis d’avoir des demandes et des réponses très structurées avec un score de certitude conforme aux recommandations de la SFR et de la SIT. Travailler avec un réseau de CH répartis sur tout le territoire nous donnait donc une vision de santé publique assez forte et nous positionnait comme un potentiel acteur de veille sanitaire.

Nous avons été sollicités par Lounès Bensid pour la première fois en décembre 2021. Il pensait, à raison, qu’avec le nombre de patients suivis par IMADIS, il serait possible de répondre à sa question de manière plus étoffée sur le plan scientifique. C’est tout l’enjeu d’avoir des études multicentriques, ce qui est le « graal » de tout chercheur. En accord avec ses encadrants, que nous remercions, mais aussi avec le Codir d’IMADIS qui nous a soutenus, nous nous sommes lancés dans ce travail à ses côtés et avons mis à disposition les ressources scientifiques d’IMADIS, mais aussi les ressources humaines que sont Mylène Seux, moi-même et Amandine Crombé, une radiologue du CHU de Bordeaux et une biostatisticienne chevronnée. Il faut aussi rappeler que sans les équipes support, les radiologues et les établissements partenaires, mais aussi Deeplink Medical, rien n’aurait été possible.

Que retenir des résultats ?

Ces résultats sont une validation du fait qu’il faut se vacciner et que, grâce à cela, nous sommes moins atteints sur le plan scanographique et donc sur le plan clinique. Jusqu’a aujourd’hui, il existait seulement trois publications scientifiques qui avaient suggéré, sur des échantillons moins importants et sur des patients essentiellement hospitalisés, ces impacts du variant pour les deux premiers articles et de la vaccination pour le dernier, pris séparément. Nous avons pour notre part étudié les deux critères et montré qu’ils influent séparément, mais aussi qu’il y avait des influences entre les deux. Très concrètement : si on est doublement vacciné et qu’on est infecté par Omicron, on est moins sévèrement atteint que si on est doublement vacciné avec Delta.

Quelle suite donner à cette étude ?

La prévention fait partie de ce que nous voulons faire et de ce pour quoi nous faisons ce travail. Certains médecins pourront par exemple se servir de ce papier, qui est une étude française, totalement indépendante, sur la plus grosse cohorte en vie réelle qui a été publiée jusqu’ici. Nous confirmons que oui, sur une population française et en vie réelle, les vaccins ont protégé des formes graves. À l’avenir, cela veut aussi dire que vacciner les gens les plus fragiles (cf. facteurs de risque) a du sens et, comme pour la grippe, le vaccin permet de protéger.

Pour sa part, IMADIS poursuit son travail avec deux études en cours sur la thématique du Covid. Nous espérons presque que ce seront les dernières ! Quoi qu’il en soit, grâce à notre implantation territoriale, nous pourrions être un outil de veille sur l’émergence d’un nouveau variant qui se manifesterait par des images scanographiques typiques. D’autres études sur d’autres sujets sont en cours et à venir et la volonté du pôle Data & Science d’IMADIS est de mettre nos outils (et nos cerveaux) au service de la santé publique.

 

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