Grippe en hausse, bronchiolite encore épidémique, COVID-19 à bas bruit : l’hiver s’installe en semaine 51

Grippe en hausse, bronchiolite encore épidémique, COVID-19 à bas bruit : l’hiver s’installe en semaine 51 Entre le 15 et le 21 décembre 2025 (semaine 51), la surveillance de Santé publique France sur les infections respiratoires aiguës (IRA) dessine un paysage hivernal qui se referme, dans le sillage d’une progression nette de la grippe. En médecine de ville, l’incidence des consultations pour IRA est estimée à 348 cas pour 100 000 habitants (données non consolidées), tandis que les urgences enregistrent davantage de passages et d’hospitalisations pour syndrome grippal. La bronchiolite demeure en phase épidémique, avec une lecture plus contrastée selon les indicateurs, alors que la COVID-19 continue de circuler à bas niveau, sans signal de reprise marqué dans les eaux usées.[1]

Une dynamique hivernale dominée par la grippe

Le bulletin national publié le 24 décembre 2025 décrit une activité respiratoire « toujours en augmentation dans toutes les classes d’âge », avec une activité grippale qualifiée de modérée en ville comme à l’hôpital. Toutes les régions hexagonales sont en situation épidémique, tandis que La Réunion repasse en pré-épidémie.[1]

En ville, la montée se lit d’abord dans le recours aux soins. Le taux de consultations pour syndrome grippal est estimé à 349 pour 100 000 habitants, contre 282 la semaine précédente (données non consolidées). Les données SOS Médecins convergent : le syndrome grippal représente 19,8% des actes en semaine 51, contre 14,9% en semaine 50.[1]

La virologie suit le même mouvement. Le taux de positivité des prélèvements grippe atteint 32,3% en laboratoires de ville ; il monte à 45,3% parmi les prélèvements réalisés en médecine de ville chez des patients consultant pour IRA, et s’établit à 14,9% à l’hôpital.[1] Les virus de type A « prédominaient très largement » ; parmi eux, la proportion d’A(H3N2) est décrite comme supérieure à celle d’A(H1N1)pdm09 depuis la semaine 49.[1]

Urgences et hospitalisations : une pression qui se déplace vers les tableaux grippaux

À l’hôpital, les indicateurs traduisent une montée en charge qui commence à peser sur l’aval. En semaine 51, 29 361 passages aux urgences pour IRA basse sont enregistrés, soit 7,7% de l’ensemble des passages (contre 6,2% en semaine 50). Les hospitalisations après passage pour IRA basse atteignent 8 643, soit 11,4% des hospitalisations tous âges (contre 9,7%).[1]

Le signal le plus saillant concerne toutefois le syndrome grippal : 15 359 passages aux urgences (4,0% de l’ensemble des passages, contre 2,8% la semaine précédente) et 2 546 hospitalisations après passage (3,3% des hospitalisations, contre 2,3%). Santé publique France relève que la part de la grippe parmi les hospitalisations après passage « était toujours en augmentation, particulièrement chez les enfants ».[1]

 

Réanimation : des profils âgés, comorbides, et un statut vaccinal souvent défavorable quand il est renseigné

La surveillance des cas graves en réanimation, non exhaustive, apporte un éclairage complémentaire sur les formes sévères. Depuis la semaine 40, 194 cas de grippe, 106 cas de COVID-19 et 38 cas d’infections à virus respiratoire syncytial (VRS) chez l’adulte (≥ 18 ans) ont été signalés ;

« aucun cas de co-infections grippe/SARS-CoV-2, grippe/VRS ou SARS-CoV-2/VRS n’a été déclaré ».[1]

Pour la grippe, 58% des cas de réanimation ont 65 ans ou plus, et au moins une comorbidité est rapportée pour 91% des cas. Parmi les 127 cas dont le statut vaccinal est renseigné, 78% ne sont pas vaccinés contre la grippe. Vingt-et-un décès sont signalés, dont 17 chez les 65 ans ou plus (données non consolidées).[1]

Pour la COVID-19, 67% des cas admis en réanimation ont 65 ans ou plus et 86% présentent au moins une comorbidité ; parmi les 52 cas dont le statut vaccinal est renseigné, 94% ne sont pas vaccinés contre la COVID-19 « au cours des 6 derniers mois ». Vingt-deux décès sont signalés (données non consolidées).[1]

Bronchiolite : l’épidémie se poursuit, entre décrue syndromique et virologie en hausse

La bronchiolite reste en phase épidémique dans l’Hexagone et les Antilles. Le bulletin souligne une « amorce de diminution des indicateurs syndromiques en ville », tandis que « l’ensemble des indicateurs virologiques » augmente.[1] Autrement dit, les tableaux cliniques repérés via les réseaux syndromiques peuvent commencer à refluer, alors que la circulation virale objectivée par les prélèvements poursuit sa progression.

Sur le terrain, SOS Médecins recense 349 actes pour bronchiolite chez les moins d’un an, soit 10,9% des actes dans cette classe d’âge (contre 12,7% en semaine 50). Aux urgences, la bronchiolite concerne 3 390 passages chez les moins d’un an (20,2% des passages de cette classe d’âge), pour 1 111 hospitalisations après passage (36,1% des hospitalisations des moins d’un an). Santé publique France précise que, parmi les enfants vus aux urgences pour bronchiolite, 32,8% ont été hospitalisés.[1]

Du côté des formes sévères pédiatriques, la surveillance (non exhaustive) recense depuis la semaine 40 un total de 171 cas graves signalés, dont 70% chez des nourrissons de moins de 6 mois ; le VRS et les rhinovirus/entérovirus sont identifiés respectivement dans 87 et 62 cas. Un traitement préventif par anticorps monoclonal contre le VRS a été administré à 62 cas (36%).[1] Pour situer ces enjeux de prévention et de pharmacovigilance, on peut se référer à l’évaluation du rapport bénéfice-risque de Beyfortus (nirsevimab) rapportée par l’ANSM.[6]

COVID-19 : une circulation discrète, sans signal de reprise nette

En semaine 51, les indicateurs COVID-19 restent « globalement stables et à des niveaux faibles ». L’indicateur de suivi du SARS-CoV-2 est décrit comme stable dans les eaux usées.[1] En médecine générale, l’incidence estimée des cas de COVID-19 parmi les patients consultant pour IRA est de 11 cas pour 100 000 habitants (données non consolidées).[1]

Les données syndromiques restent cohérentes avec ce niveau bas : SOS Médecins recense 393 actes pour suspicion de COVID-19 (0,4% des actes), et les urgences 703 passages (0,2% de l’ensemble des passages). Sur le plan virologique, le taux de positivité SARS-CoV-2 diminue en ville et à l’hôpital (4,8% en laboratoires de ville et 2,9% en milieu hospitalier).[1]

Établissements médico-sociaux : la COVID-19 majoritaire, mais la grippe progresse

Les établissements médico-sociaux (EMS) fournissent un autre angle de lecture : celui des épisodes groupés d’infections respiratoires. Depuis la semaine 40, 1 481 épisodes de cas groupés d’IRA ont été déclarés, dont 1 376 (93%) en établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). Parmi les épisodes ayant fait l’objet d’une recherche étiologique (95% des épisodes), 812 (57,7%) sont exclusivement attribués à la COVID-19, 244 (17,3%) exclusivement à la grippe et 27 (1,9%) exclusivement au VRS ; le VRS est seul ou associé dans 73 épisodes (5,2%).[1]

Prévisions : un pic attendu autour de la semaine 52, avec les limites de l’exercice

À la veille des fêtes, l’Institut Pasteur et Santé publique France s’appuient sur des prévisions hebdomadaires de la dynamique grippale, fondées sur la proportion de passages aux urgences pour syndrome grippal du réseau OSCOUR® (Organisation de la surveillance coordonnée des urgences).[2] Sur son site, l’Institut Pasteur rappelle que

« le modèle fournit des prévisions de l’évolution de l’épidémie au cours des quatre prochaines semaines et de la période probable de survenue du pic ».[3]

Dans un article publié fin décembre, Le Quotidien du Médecin rapporte que cette modélisation « prévoit une épidémie de forte intensité » et « prédit un pic en semaine 52 », selon des données arrêtées au 14 décembre (semaine 50).[4] Le document technique de prévisions insiste néanmoins sur les incertitudes : horizon plus fragile à quatre semaines, sensibilité aux changements rapides de dynamique et robustesse moindre pour l’échelon régional.[2]

Prévention : des couvertures vaccinales intermédiaires, sur fond de rappel des gestes

Le bulletin consacre un volet à la prévention, avec des couvertures vaccinales qui demeurent partielles à cette date. Au 30 novembre 2025, la couverture vaccinale grippe des personnes ciblées (régime général) est estimée à 38,1%, et à 44,2% chez les 65 ans et plus ; parmi ces derniers, 30,0% ont reçu un vaccin dit amélioré (Efluelda® ou Fluad®).[1]

Pour la vaccination COVID-19, la couverture des personnes ciblées est estimée à 10,6% (régime général). Santé publique France précise toutefois que le suivi par remboursement de l’acte d’injection rend ces couvertures « certainement sous-estimées » lorsque les actes ne sont pas enregistrés, notamment en établissements sanitaires ou médico-sociaux, sans possibilité d’en quantifier l’ampleur.[1]

Enfin, Santé publique France associe la prévention à un rappel de comportements en période de circulation intense des virus respiratoires, en mentionnant notamment le triptyque « lavage des mains, aération des pièces et port du masque en cas de symptômes ».[1] Pour compléter la perspective sur la bronchiolite, on peut également consulter une sélection de ressources en ligne sur la dynamique de la bronchiolite et du VRS.[7]

Références

1. Santé publique France — Bulletin Infections respiratoires aiguës, édition nationale, semaine 51 (15 au 21 décembre 2025), publié le 24 décembre 2025 (PDF transmis).

2. Institut Pasteur / Santé publique France — Prévisions de la dynamique de l’épidémie de grippe en France hexagonale, saison 2025-2026 (PDF), 23 décembre 2025 : https://www.pasteur.fr/sites/default/files/rubrique_espace_presse/ressources_pour_la_presse/previsions_grippe_2025.12.23.pdf

3. Institut Pasteur — Grippe saisonnière 2025 : la France au cœur d’une épidémie (page), décembre 2025 : https://www.pasteur.fr/fr/international/actualites/grippe-saisonniere-2025-france-au-coeur-epidemie

4. Le Quotidien du Médecin — Grippe : une modélisation de Pasteur prédit une épidémie de grande ampleur pour les fêtes, décembre 2025 : https://www.lequotidiendumedecin.fr/actu-medicale/grippe-une-modelisation-de-pasteur-predit-une-epidemie-de-grande-ampleur-pour-les-fetes

5. Caducee.net — Une intensité grippale record : l’hôpital en tension, 10 janvier 2025 : https://www.caducee.net/actualite-medicale/16510/une-intensite-grippale-record-l-hopital-en-tension.html

6. Caducee.net — VRS et Beyfortus, l’ANSM confirme un rapport bénéfice-risque favorable, 2 octobre 2024 : https://www.caducee.net/actualite-medicale/16436/vrs-et-beyfortus-l-ansm-confirme-un-rapport-benefice-risque-favorable.html

7. Caducee.net — Bronchiolite – la sélection (page ressource) : https://www.caducee.net/bronchiolite

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