VIH/SIDA : un immunosuppresseur, le mycophénolate mofétil, semble inhiber la réplication virale

Le mycophénolate mofétil pourrait éventuellement être utilisé pour le contrôle de la réplication du VIH chez les patients infectés. Cet immunosuppresseur inhiberait la réplication virale selon deux modes : par un mécanisme antiviral en éliminant un substrat de la transcriptase inverse et par un mécanisme immunologique, en réduisant le nombre de lymphocytes T CD4+ activés, lymphocytes qui pourraient être un support à la réplication du virus. Les auteurs de cette découverte estiment que les propriétés du mycophénolate mofétil méritent d'être évaluées dans des essais cliniques contrôlés.

Le Dr G. Pantaleo (Université de Lausanne) et ses collègues viennent de publier une étude dans Nature Medicine sur les effets de l'acide mycophénolique et d'un dérivé, le mycophénolate mofétil, un immunosuppresseur habituellement utilisé dans les greffes de rein. Ces molécules ont été évaluées in vitro et in vivo.

Le mycophénolate mofétil est un inhibiteur de l'inosine monophosphate déshydrogénase, il inhibe ainsi la synthèse des nucléotides à base de guanine. En privant les cellules infectées de ces nucléotides, la transcriptase inverse serait privée d'un de ses substrats ce qui rendrait impossible la réplication virale.

Cependant, les expériences in vitro menées par G. Pantaleo et al. ont montré que l'acide mycophénolique bloquait également la prolifération et induisait l'apoptose d'une large proportion de lymphocytes T activés.

Le mycophénolate mofétil (MMF) a été testé in vivo chez 8 patients infectés par le VIH. Ces sujets étaient sous abacavir (inhibiteur nucléosidique de la transcriptase inverse) et amprénavir (inhibiteur de la protéase du VIH). Tous avaient une charge virale inférieure à 5 [log10 copies d'ARN] / ml. En plus des antirétroviraux prescrits, les sujets ont reçu 0,5 g de MMF 2 fois par jour les 4 premiers jours, puis 1 g 2 fois par jour. La durée du traitement était de 24 semaines.

L'évolution des sujets à été comparée à celle de 8 patients contrôles. Après 24 semaines, le nombre de CD4 en division était passé de 9,9 cellules / µl à 3,5 cellules / µl alors qu'il était resté stable chez les sujets contrôles. Les chercheurs ont également noté une diminution des lymphocytes T CD8 + activés. De plus, les auteurs ont assisté à une diminution très nette (jusqu'à 98 %) du nombre d'unités infectieuses par million de CD4 chez 5 patients des 6 patients évalués.

Selon les auteurs, le MMF agirait en inhibant indirectement la transcriptase inverse du virus et en éliminant (par un mécanisme qui reste à préciser) les lymphocytes T susceptibles d'héberger le virus. De ce fait, ils estiment que ce produit devrait être testé en compléments aux antirétroviraux actuels. N'agissant pas directement sur une enzyme virale, il présente aussi l'avantage d'éviter la sélection de mutants résistants.

Source : Nature Medicine 2000;6:762-768

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