Des biomarqueurs prédictifs de la survenue du cancer de la vessie

Certains biomarqueurs sont prédictifs de la survenue d’un cancer de la vessie bien avant que le diagnostic soit établi, d’après une étude américano-chinoise parue dans Journal of the National Cancer Institute et qui évaluait le risque chez des ouvriers chinois exposés à la benzidine.

Le dépistage du cancer au moyen de marqueurs hautement sensibles et spécifiques reflétant les altérations moléculaires est une stratégie séduisante du contrôle des cancers.

Le Dr G. Hemstreet et ses associés ont examiné si le profil des biomarqueurs pouvait être utilisé pour l’évaluation du risque et la détection du cancer chez une cohorte d’ouvriers chinois exposés à la benzidine et présentant un risque de cancer de la vessie.

Ont été suivis entre 1991 et 1997 un total de 1788 ouvriers exposés et 373 ouvriers non exposés. Les auteurs ont évalué divers biomarqueurs: la ploïdie chromosomique des cellules urothéliales, l’antigene p300 associé au cancer de la vessie, et la G-actine (protéine du cytosquelette). Les ouvriers ont été répartis dans 3 groupes de risque (risque élevé, modéré ou faible) à chaque examen en fonction du profil de chaque biomarqueur. Pour les ouvriers ayant développé un cancer de la vessie, l’évaluation du risque de cancer était analysé à partir d’échantillons collectés 6-12 mois avant le diagnostic de celui-ci.

Un total de 28 cancers de la vessie a été diagnostiqué parmi les ouvriers et 2 cancers parmi le personnel non exposé.

Concernant l’évaluation du risque, la ploïdie présentait une sensibilité de 87,5 % et une spécificité de 86,5 % avec un odds ratio (OR) de 46,2 (IC 95 %= 8,1-867,0) et un risque ratio (RR) de 16,2 (IC 95 %=7,1-37,0).

Pour l’antigène p300, la sensibilité était de 50,0 % et la spécificité de 97,9 % (OR= 40,0; IC 95 %=9,0-117,8 et RR=37,9; IC 95 %=16,8-85,3).

Le risque de développer un cancer de la vessie était 19,6 (IC 95 %=8,0-47,9) fois plus important pour les ouvriers ayant un résultat positif pour soit la ploïdie, soit l’antigène p300, comparé aux ouvriers ayant des résultats négatifs pour ces deux biomarqueurs. Le risque est 81,4 (IC 95 % = 33,3-199,3) fois plus important quand ces deux biomarqueurs sont positifs.

En ce qui concerne la G-actine, elle se révèle être un marqueur faible du risque individuel.

En conclusion, chez les ouvriers exposés professionnellement à la benzidine, une stratification, un dépistage, un contrôle et un diagnostic de cancer de la vessie peuvent être établis à partir du profil de biomarqueurs prédéfinis.

Source : J Natl Cancer Inst 2001 ; 93(6) : 427-436

Descripteur MESH : Risque , Diagnostic , Cellules , Cytosquelette

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