Maladie de Chagas : éviter les animaux au domicile pour réduire le risque d'infection

D'après une étude récente, maintenir les poulets et surtout les chiens en dehors de chambres à coucher permettrait de réduire le risque d'infection par l'agent de la maladie de Chagas. Publié dans la revue Science, ce travail montre ces animaux constituent un support important pour les insectes vecteurs du parasite.

La maladie de Chagas ou trypanosomiase américaine est une maladie dont l'évolution est souvent fatale. Elle est due au parasite Trypanosoma cruzi qui est véhiculé par des insectes hématophages : les triatomes.

La prévalence de la maladie est élevée en Amérique du Sud. Les chiffres publiés par l'OMS indiquent que 16 à 18 millions de personnes en sont affectés au Mexique et en Argentique. Parallèlement, 100 millions de personnes présentent un risque d'infection dans ces régions.

Afin de mieux connaître le mécanisme de l'infection, Joel Cohen (Université de Columbia) et Ricardo Gürler (Université de Buenos Aires) ont développé un modèle mathématique de l'infection à partir de données recueillies dans trois villages d'une région rurale du Nord-Ouest de l'Argentine.

Ces données indiquent que dans les villages étudiés, les hommes, les chiens et les poulets dorment tous à l'intérieur des domiciles durant le printemps. Rentrer les volailles à l'intérieur permet en effet de réduire les risques de capture par les prédateurs durant la nuit.

Les auteurs notent que les poulets sont une source importante de repas sanguins pour les insectes vecteurs. Ainsi la population des insectes vecteurs augmente à l'intérieur des domiciles pour atteindre son maximum à l'été.

Les poulets ne sont pas infectés par T. cruzi, contrairement aux chiens qui sont par ailleurs une cible de choix pour les insectes hématophages. Dans ces conditions, les chiens deviennent porteurs de très nombreux parasites.

En d'autres termes, la cohabitation des hommes avec les poulets et les chiens sous un même toit conduit à une augmentation conjointe du nombre d'insectes vecteurs et de parasites.

D'après le modèle mathématique développé, avoir deux chiens infectés dans une maisonnée de cinq personnes "est probablement la pire chose que les habitants puissent faire" pour augmenter la population de T. cruzi.

Les chercheurs estiment donc qu'il faut éviter de vivre à un contact trop rapproché de ces animaux domestiques, au moins dans un lieu confiné. Néanmoins, ils soulignent que de telles mesures seront insuffisantes sans un programme plus large faisant appel à des insecticides et à un réarrangement des domiciles.

Source : Science 2001;293:694-8.

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