Première utilisation d’un système d’assistance ventriculaire totalement implantable

Pour la première fois, un patient souffrant d’insuffisance cardiaque terminale a reçu un système d’assistance ventriculaire gauche totalement implantable, a rapporté jeudi une équipe de transplanteurs allemands du centre de chirurgie cardiaque de Bad Oeyenhausen.

Cet établissement est celui qui possède la plus grande expérience au monde en matière de dispositifs d’assistance ventriculaire implantables (mono ou bi-ventriculaires), avec près de 500 de ces appareils implantés à ce jour et six dispositifs différents utilisés.

Baptisé LionHeart, ce nouveau dispositif représente la première alternative à la greffe cardiaque chez les patients en insuffisance cardiaque terminale dans la mesure où il a été conçu pour complètement se substituer au coeur défaillant et rester à demeure chez le patient. Les chirurgiens cardiologues allemands ne prévoient pas d’ailleurs de trouver plus tard un donneur à leur patient : “il s’agit d’un système d’assistance permanent”, soulignent-ils.

Cet appareil totalement implantable se différencie donc des autres dispositifs d’assistance ventriculaire aujourd’hui utilisés (LVAD, left ventricular assisting device), notamment du célèbre Novacor (Baxter Healthcare Corp.), dans la mesure où ces derniers sont utilisés en attente de transplantation d’un coeur de cadavre (le ‘bridge to transplantation’ des Anglo-saxons).

Ce nouveau dispositif a été développé au cours des sept dernières années par la firme Arrow International Inc., spécialisée dans la fabrication de cathéters, en collaboration avec ‘PennState’, la Faculté de médecine de l’Etat de Pennsylvanie. Ce projet avait reçu à son début une subvention des Instituts de la santé américains (NIH).

“Nous avons des patients sous Novacor depuis plus de trois ans. Je suis convaincu que les patients qui recevront le LionHeart pourront vivre au moins aussi longtemps avec, et ce d’autant qu’il est possible de réintervenir si un problème technique venait à se présenter”, déclare à caducee.net le Pr Reiner Körfer, directeur médical du Herz Zentrum de Rhénanie-du-Nord-Westphalie à Bad Oeyenhausen.

Pour ce spécialiste, le nouveau système d’assistance totalement implantable représente une “véritable alternative pour les patients souffrant d’autres pathologies et qui ne pourraient pas être acceptés sur une liste d’attente à la greffe, ou ceux qui ne pourraient tolérer une immunosupression”.

Plus de fils à travers le peau

“Le LionHeart ne nécessite pas que le patient soit reliéà une batterie d’alimentation extérieure par des fils et des tubes sortant de la peau qui représentent des portes d’entrée potentielles pour des germes. Des batteries rechargeables incorporées au sein du LionHeart reçoivent leur énergie par voie transcutanée par l’intermédiaire de chargeurs situés dans un ceinturon porté par le malade”, indique le Pr Körfer, chef du service de chirurgie cardiothoracique du Herz und Diabeteszentrum de Bad Oeyenhausen.

“Ceci devrait permettre de prévenir ou de réduire le risque infectieux. Par ailleurs, le type de chambre ventriculaire utilisé devrait probablement réduire le risque thrombo-embolique par rapport aux autres systèmes d’assistance ventriculaire sur le marché”, ajoute-t-il.

Autonomie sans précédent

Le patient aura la possibilité de retirer sa ceinture d’alimentation électrique “pendant environ une demi-heure, pour se laver par exemple, ce qui lui donnera une autonomie sans précédent”.

“La taille du LionHeart est le tiers ou la moitié de celle du dispositif d’assistance ventriculaire Novacor. Il pèse environ un kilogramme, mesure environ dix centimètres sur huit et est composé de deux chambres séparées par une cloison en polyuréthane”, ajoute le Pr Körfer.

Le chirurgien précise que le patient qu’il a implanté, un technicien âgé de 67 ans, est atteint de cardiomyopathie. "La veille de l’implantation du LionHeart, son débit cardiaque était de 1,4. Il figurait sur une liste d’attente de receveurs mais n’est pas un bon candidat à la greffe car il présente d’autres facteurs de comorbidité”.

L’implantation du LionHeart, à laquelle ont participé quatre chirurgiens, a duré 4,5 heures. Cette ‘première’ devrait être publiée dans les prochains mois dans le Journal of Thoracic Cardiovascular Surgery.

Deux autres patients devraient être implantés d’ici la fin de l’année à Bad Oeyenhausen. D’autres centres européens devraient suivre dans les mois à venir.

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