Le fardeau des 59 heures : une enquête révèle l'ampleur de la surexploitation des internes en médecine

Le fardeau des 59 heures : une enquête révèle l’ampleur de la surexploitation des internes en médecine Une nouvelle étude menée par l'ISNAR-IMG, l'ISNI, la FNSIP-BM et le SNIO expose la réalité inquiétante du temps de travail des internes en médecine en France, où la moyenne hebdomadaire de 59 heures dépasse nettement les limites fixées par la loi. Face à cette surcharge de travail menaçant l'épuisement professionnel et le respect des normes légales, un appel urgent est lancé pour reconsidérer les conditions de travail des futurs professionnels de la santé.

Des chiffres qui parlent d'eux-mêmes

Avec une moyenne de 59 heures par semaine, cette situation s'écarte significativement des 48 heures prévues par la législation. Encore plus préoccupant, 10% des internes franchissent le seuil des 80 heures hebdomadaires, soulignant une problématique de surcharge de travail profonde et systémique. La distinction entre les différentes spécialités révèle des disparités significatives : les internes en chirurgie atteignent une moyenne édifiante de 75 heures par semaine, tandis que ceux en médecine générale travaillent environ 50 heures hebdomadaires. Les autres spécialités médicales, incluant la rhumatologie, la cardiologie, la gériatrie, la neurologie, entre autres, affichent une moyenne de 58 heures.

Répartition du temps de travail : entre soins et tâches administratives

L'enquête met en lumière que 41% du temps de travail des internes est consacré à des tâches extra-médicales, dévoilant une répartition problématique des responsabilités qui éloigne les internes de leur formation pratique. Cette donnée est d'autant plus alarmante que 10% des internes indiquent que ces tâches représentent plus de 70% de leur temps de travail hebdomadaire.

Le repos de sécurité : un droit encore trop souvent ignoré

Concernant le respect des repos de sécurité, les chiffres indiquent une mise en application inégale selon le type de garde. Alors que 84% des internes bénéficient systématiquement de repos après les gardes, ce taux chute à 43% pour les demi-gardes de nuit et à seulement 25% à la suite des derniers déplacements d'une astreinte de nuit.

Des réformes insuffisantes face à une réalité implacable

Malgré des avancées réglementaires depuis 1999, la réalité quotidienne des internes peine à s'aligner sur les ambitions des textes. Les exceptions à la règle semblent devenir la norme, particulièrement en chirurgie où le compteur explose à 75 heures hebdomadaires en moyenne. Si la législation encadre le temps de travail à 48 heures par semaine, les établissements hospitaliers sont pointés du doigt pour ne pas appliquer correctement les mesures de suivi des heures travaillées, entraînant un écart significatif entre le cadre légal et la réalité. Afin de pallier cette dérive, un arrêté publié le 4 août a mis à jour les modalités d'élaboration et de transmission des tableaux de service. Ces tableaux doivent inclure de manière exhaustive les activités prévisibles des internes, assurant ainsi une meilleure gestion du temps de travail et le respect du seuil des 48 heures. En cas de dépassement, des repos compensateurs doivent être accordés, garantissant le droit au repos des internes.

La situation critique des internes, oscillant entre surcharge de travail et formation négligée, exige une réforme en profondeur. Le respect du temps de travail légal n'est pas seulement une question de légalité mais un impératif pour la santé de ceux qui soignent. Cette analyse, portée par l'ISNAR-IMG, l'ISNI, la FNSIP-BM, et le SNIO, marque un point de bascule potentiel vers une meilleure prise en charge des conditions de travail des internes, essentielle pour un système de santé durable et éthique.

 

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