Café noir et mortalité : bénéfice jusqu’à trois tasses, le matin

Café noir et mortalité : bénéfice jusqu’à trois tasses, le matin Boire son café « sans crème ni sucre » serait associé à un moindre risque de décès, notamment cardiovasculaire, selon une large cohorte américaine publiée en 2025 dans The Journal of Nutrition. L’association se maintient pour des ajouts « faibles », mais s’atténue au-delà. Plusieurs analyses suggèrent par ailleurs que la consommation le matin pourrait être la plus favorable, en lien avec les rythmes circadiens.[1][2][8]

Un design robuste mais observationnel

Une cohorte NHANES suivie plus de 9 ans

L’étude exploite les cycles 1999–2018 de NHANES (National Health and Nutrition Examination Survey) liés au National Death Index, soit plus de 46 000 adultes et 7 074 décès sur un suivi médian de 9,3 à 11,3 ans. Les auteurs modélisent la relation entre consommation de café et mortalité « toutes causes », cardiovasculaire (CVD) et par cancer, en tenant compte des variables sociodémographiques et de mode de vie.[1][6]

La question des « ajouts » précisément cadrée

L’originalité tient à la prise en compte du sucre et des graisses saturées ajoutés. Les auteurs distinguent le café noir et le café avec ajouts faibles. Le seuil « faible » est défini par tasse de 8 oz (≈ 237 ml) : < 2,5 g de sucre et < 1 g d’acides gras saturés (AGS). Au-delà, l’avantage observé tend à disparaître.[4][6]

« L’association entre consommation de café et risque de mortalité varie en fonction de la quantité d’édulcorants et de graisses saturées ajoutées à la boisson. »[2]

Les résultats en chiffres : un bénéfice modéré et plafonnant

Un effet maximal entre 1 et 3 tasses par jour

Par rapport aux non-consommateurs, les risques relatifs (Hazard Ratios, HR) pour la mortalité toutes causes sont approximativement :

HR 0,84 (IC95 % 0,77–0,92) pour 1 à < 2 tasses/j ;
HR 0,83 (0,75–0,93) pour 2 à < 3 tasses/j ;
HR 0,85 (0,77–0,95) pour ≥ 3 tasses/j (tendance globale p = 0,004).

Des associations similaires sont rapportées pour la mortalité cardiovasculaire, tandis qu’aucun signal consistant n’est observé pour la mortalité par cancer. Autrement dit, le bénéfice semble plafonner au-delà de 3 tasses/jour.[6][1]

Le rôle des ajouts : un « petit sucre » peut faire basculer l’équilibre

Dans les analyses, le café noir et le café avec ajouts faibles sont associés à environ −14 % de mortalité toutes causes, tandis que les ajouts plus conséquents en sucre/AGS diluent l’association favorable. Plusieurs reprises mentionnent également −16 % dès ≥ 1 tasse/j, et −17 % pour 2–3 tasses/j, avec un plateau au-delà.[2][3][5][7]

À noter : une autre étude de 2025 (European Heart Journal) suggère que le moment de consommation pourrait compter : le café le matin serait plus fortement associé à une moindre mortalité que des prises plus tardives, en écho aux mécanismes circadiens et au sommeil.[8]

Interprétation clinique : messages pratiques et garde-fous

Conseils raisonnés à partager en cabinet

Quantité : viser 1 à 3 tasses/j chez l’adulte sain paraît raisonnable, sans bénéfice supplémentaire au-delà.
Qualité de la tasse : privilégier le café noir ; à défaut, rester dans la zone « ajouts faibles » (< 2,5 g sucre et < 1 g AGS par 8 oz).
Contexte cardiométabolique : pour les patients à risque, rappeler que la charge en sucres des boissons contribue au risque cardiométabolique ; voir nos dossiers sur les boissons sucrées et les maladies cardiovasculaires.
Timing : en cas de troubles du sommeil ou d’HTA labile, privilégier la consommation matinale.

Limites méthodologiques à garder à l’esprit

Observationnel : l’étude ne démontre pas de causalité ; confusion résiduelle possible (régime global, activité, statut socio-économique, type de cafetière – espresso, filtre, instantané, etc.).[1]
Mesure des ajouts : basée sur des rappels alimentaires (24 h), exposés aux biais de sous-déclaration et à la variabilité intra-individuelle.[1]
Généralisabilité : population US ; les habitudes européennes diffèrent (types de café, volumes de tasse).

Ce que cela change (ou pas) pour la santé publique

L’ensemble des données alimente un message cohérent : le café peut s’insérer dans une alimentation saine, à condition de limiter les ajouts. En santé publique, cela rejoint les recommandations de réduction des sucres ajoutés dans les boissons, un levier déjà documenté pour diminuer le fardeau de diabète et de maladies cardiovasculaires – voir aussi cet éclairage. En somme, le diable est dans les détails… de la tasse : un café plutôt noir, le matin, et sans excès.

Déclarations d’experts (sourcées)

« Le café figure parmi les boissons les plus consommées au monde, et comme près de la moitié des adultes américains en boivent au moins une tasse par jour, il est utile d’en comprendre les implications pour la santé. Les bienfaits potentiels du café pourraient tenir à ses composés bioactifs, mais nos résultats suggèrent que l’ajout de sucre et de graisses saturées peut réduire les bénéfices observés sur la mortalité. » — Fang Fang Zhang, auteure senior de l’étude (Tufts University).[2]

« Peu d’études ont examiné l’impact des additifs sur le lien entre consommation de café et risque de mortalité, et la nôtre fait partie des premières à quantifier la quantité de sucre et de graisses saturées ajoutées. Nos résultats sont en phase avec les Dietary Guidelines for Americans, qui recommandent de limiter les sucres ajoutés et les graisses saturées. » — Bingjie Zhou, première autrice.[2]


Références

[1] PubMedCoffee Consumption and Mortality among United States Adults: A Prospective Cohort Study (Journal of Nutrition), fiche de l’étude. 2025. lien

[2] Tufts University – Now.TuftsHold the cream and sugar: Black coffee linked to lower risk of death. 16 juin 2025. lien

[3] Sciences et AvenirBoire du café est bon pour la santé… s’il est bu nature ! 27 juin 2025. lien

[4] CNU Library (fiche) – Détail des seuils « ajouts faibles » (< 2,5 g sucre ; < 1 g AGS par 8 oz). 2025. lien

[5] Drugs.com / HealthDayDrinking Coffee May Help You Live Longer — But Skip the Extra Sugar. 19 juin 2025. lien

[6] Coffee & HealthB. Zhou et al., 2025 – Hazard ratios et intervalles de confiance (synthèse ; n = 46 000 ; 7 074 décès ; suivi médian 9,3–11,3 ans). 2025. lien

[7] Verywell HealthDrinking Black Coffee Every Morning May Help You Live Longer. 25 juillet 2025. lien

[8] European Heart Journal (via PMC) – Coffee drinking timing and mortality in US adults. 2025. lien

Descripteur MESH : Mortalité , Café , Risque , Boissons , Santé , Sommeil , Santé publique , Index , Causalité , Population , Patients , Vie , Nature , Troubles du sommeil , Rôle , Habitudes , Maladies cardiovasculaires

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