Eradication de la poliomyélite : une surveillance continue reste indispensable

L'OMS a annoncé dimanche 29 octobre que la poliomyélite était éradiquée de la région du Pacifique occidental. Néanmoins, deux articles parus dans le dernier numéro du Lancet soulignent que certains risques persistent, notamment au Japon et au Laos.

L'OMS est à la tête d'un vaste programme d'éradication mondiale de la poliomyélite. Des chercheurs japonais soulignent que l'utilisation d'un vaccin vivant présente toutefois un risque de nouvelle infection.

Le Dr H. Yoshida (Institut National des Maladies Infectieuses, Tokyo) et ses collaborateurs ont analysé des prélèvements d'eaux de rivières et d'eaux d'égaux entre 1993 et 1995. Ils ont ainsi pu caractériser 29 souches de poliovirus (type 3), toutes dérivées du vaccin. Parmi ces souches, 55 % portaient une mutation associée à un caractère virulent. De précédentes études ont montré que cette mutation apparaissait lors de la réplication du virus chez l'homme.

Les souches retrouvées, vraisemblablement neurovirulentes, semblent avoir été excrétées par des personnes préalablement vaccinées. Ils soulignent que le risque d'infection via les eaux usées reste très faible, mais ils s'inquiètent du risque associé aux souches présentes dans l'eau de rivière.

"De plus, bien qu'il soit possible d'éliminer le poliovirus sauvage de la communauté humaine et de l'environnement, tant que le vaccin oral contre la poliomyélite ne sera pas remplacé par un vaccin inactivé, il sera difficile d'éradiquer complètement la poliomyélite", concluent les auteurs. Ils notent à ce sujet l'initiative des Etats-Unis, qui ont commencé en 2000 à remplacer le vaccin vivant par un vaccin inactivé.

Un autre article publié dans le Lancet souligne les difficultés liées à la surveillance d'éventuels nouveaux cas de poliomyélite antérieure aiguë au Laos. Une étude menée par le Dr Kuroiwa et plusieurs confrères japonais et laotiens montre que huit cas de paralysie flasque n'ont pas été rapportés dans différentes régions du Laos.

Par ailleurs, le besoin d'une surveillance rigoureuse est souvent mal compris. Les auteurs soulignent que la couverture vaccinale est relativement limitée dans certaines régions frontalières. Avec l'intensification des mouvements de populations dans ces régions, les chercheurs craignent l'importation de nouveaux cas et une nouvelle émergence du virus.

Lancet 2000;356:1461-63, 1487-88

Descripteur MESH : Poliomyélite , Vaccination , Épidémiologie , Laos , Japon , Risque , Virus , Infection , Mutation , Poliovirus , Paralysie , Tokyo , Tête , Rivières , Personnes , Caractère , Environnement , Eaux usées , Eau

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