Le HTLV-1 retrouvé au Chili dans une momie vieille de 1.500 ans

Des traces de matériel génétique du rétrovirus HTLV-1 (human T-cell lymphotropic virus type-1), responsable de leucémie/lymphome et/ou de myélopathie chronique, a été retrouvée chez une momie retrouvée dans les Andes, au nord du Chili.

C’est ce qu’annonce dans Nature Medicine une équipe de virologistes japonais et d’archéologues chiliens qui ont examiné les squelettes d’une centaine de momies intactes conservées dans deux musées situés dans la vallée d’Azapa et le désert d’Atacama.

Ces travaux ont été entrepris afin de clarifier l’origine commune du HTLV-1 en Asie et dans les Andes. Ces chercheurs sont en effet partis du constat que les caractéristiques génétiques des indigènes des Andes sont similaires à celles des Japonais et que l’on détecte généralement le HTLV-1 dans ces deux populations. On pense que les ancêtres des habitants des Andes ont migré depuis l’Asie il y a 20.000 ans.

Hong-Chuan Li et ses collaborateurs de l’Université de Kagoshima ont recherché la présence de l’ADN proviral du HTLV-1 dans des momies des Andes vieilles de 1.500 ans.

Après avoir pratiqué des trous de 2 centimètres carrés dans des fémurs et des humérus de 104 momies, ces chercheurs ont obtenu des échantillons de moelle osseuse et ont analysé l’ADN. Ils l’ont ensuite comparé à l’ADN de globules blancs de trois personnes séropositives pour le HTLV-1, deux patients chiliens et un japonais.

Ils ont ainsi détecté, après amplification génique PCR, dans deux des 104 échantillons de moelle osseuse, une bande correspondant au produit d’amplification du gène humain de la bêta-globine. Après de nouveaux cycles d’amplification, une seule de ces deux bandes a produit deux fragments correspondant à des séquences du génome du HTLV-1, en l’occurrence le gène Px et à la longue séquence terminale LTR.

Les séquences nucléotidiques des gènes HTLV-1pX et HTLV-1-LTR isolés de la moelle osseuse de la momie étaient très proches de celles des isolats contemporains provenant des patients chiliens et japonais, indiquent les chercheurs. En effet, les taux de différences entre clones viraux anciens et modernes n’étaient que de 1,3 % pour le gène pX et de 1,9 % pour la séquence LTR.

Cette similitude dans la séquence ADN provirale du HTLV-1, préservée pendant plus de 1.000 ans, tient sans doute à la faible fréquence de réplication du virus in vivo, estiment les auteurs.

Ces résultats indiquent que le provirus HTLV-1 détecté pourrait correspondre au virus qui circulait dans les populations mongoles d’Asie et des Andes il y a au moins 1.500 ans. Ils apportent la preuve que le HTLV-1 a été apporté aux Andes par les anciens mongoloïdes avant l’ère coloniale.

Nature Medicine, Vol. 5, N°12, décembre 1999, 1428.

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