L’intestin est un terrain potentiel d’acquisition par les bactéries de la résistance aux antibiotiques

D’après une étude de chercheurs américains parue dans la revue Applied and Environnemental Microbiology, les bactéries présentes dans l’intestin de l’homme pourraient échanger du matériel génétique, dont ceux conférant la résistance aux antibiotiques. D’après les auteurs, cette étude est la première à fournir la preuve de ce phénomène dans le tractus digestif de l’homme.

Ces résultats sont importants vu les récentes inquiétudes concernant les implications de la résistance aux antibiotiques des bactéries présentes dans l’alimentation et de la probabilité que de telles bactéries puissent transférer cette résistance aux bactéries de la flore intestinale humaine.

Les scientifiques pensent depuis longtemps que des bactéries présentes dans l’intestin, connues sous le nom de bactéroides pouvaient échanger leur information génétique. Sous certaines conditions, les bactéries peuvent transférer une copie de leur matériel génétique à d’autres bactéries par un processus appelé conjugaison, comme cela fut montré en laboratoire.

La question était de savoir quelle pouvait bien être l’importance dans la nature d’un tel transfert de gènes, car les conditions opérées en laboratoire ne reflètent pas forcement les conditions naturelles.

Le Dr A. Salyers et ses collaborateurs ont comparé des souches de bactéroides collectées avant 1980 par le Anaerobe Laboratory au Virginia Polytechnique Institutes à celles collectées chez des individus ordinaires ou dans des centres médicaux américains à la fin des années 90.

Les auteurs ont alors trouvé une augmentation significative de la résistance à la tétracycline, résistance due à un gène unique, et retrouvée dans 23 % des échantillons datant des années 70 et dans plus de 80 % de ceux issus des années 90. Ils ont également trouvé une augmentation significative, quoique plus faible, de la résistance à l’érythromycine ( résistance due à deux gènes).

« Parce que le même gène de résistance fut retrouvé dans diverses espèces de bactéroides, nous pensons que l’augmentation de la résistance aux cours des trois dernières décennies est du à un transfert par conjugaison de ces gènes », explique le Dr Salyers.

Ces résultats soulèvent la question de savoir si les gènes de résistances aux antibiotiques trouvés chez les bactéries présentes dans les aliments puissent être transférés aux bactéries présentes dans l’intestin de l’homme. « Si par exemple, vous nourrissez un cochon avec des antibiotiques pendant une grande partie de sa vie, les bactéries présentes dans l’intestin de l’animal acquerront une résistance à ces antibiotiques. Quand cet animal se retrouvera dans notre assiette, nous consommerons également les bactéries qu’il hébergeait. Ainsi, un transfert horizontal de gène (conjugaison) aura lieu en moins d’une heure », commente le Dr Salyers.

Les bactéroides résistants aux antibiotiques posent un réel problème en santé humaine, car ces bactéries sont responsables d’un grand nombre d’infections postopératoires qui deviennent de plus en difficiles à traiter. Un autre souci est que ces bactéroides puissent transférer leurs gènes de résistance à d’autres espèces bactériennes.

Selon le Dr Salyers, ce genre d’étude devrait être entrepris pour d’autres types bactériens afin de savoir si ce phénomène est particulier aux bactéroides, ou s’il peut concerner d’autres espèces bactériennes, à la fois dans et hors de l’intestin.

Source : American Society for Microbiology

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