Une étude sur les expériences de mort imminente après un arrêt cardiaque

Les expériences de mort imminente (EMI) sont relativement peu fréquentes chez des personnes victimes d'un arrêt cardiaque, déclarées en mort clinique puis réanimées. Ce résultat est issu d'une étude néerlandaise qui sera publiée le 15 décembre dans le Lancet. Les auteurs estiment qu'une cause physiologique (comme l'anoxie cérébrale) ne peut expliquer ce phénomène car si c'était le cas, les EMI auraient été plus fréquentes dans la population étudiée.

Les EMI sont rapportées par certaines personnes qui vivent un événement grave qui menace le pronostic vital immédiat. La plus grande partie des travaux consacrés à ce sujet a été réalisée sur la base d'étude rétrospective et leur poids est donc limité.

Dans le Lancet du 15 décembre, Pim van Lommel et des confrères de l'Hôpital Rijnstate (Arnhem, Pays-Bas) ont mené une étude prospective sur les EMI auprès de 344 personnes.

Tous les patients inclus dans l'étude avaient été victimes d'un arrêt cardiaque et réanimés avec succès. Néanmoins, tous avaient été déclarés cliniquement morts pendant une des étapes de la réanimation.

Les investigateurs ont défini dans leur travail l'EMI par le souvenir de toutes les impressions pendant un état particulier de conscience, dont les expériences de sortie du corps, les sensations agréables ou la vision d'un tunnel, d'une lumière, de proches décédés ou encore le défilement d'images de la vie du patient.

Les données médicales, pharmacologiques, psychologiques et démographiques des patients ont été comparées entre ceux qui avaient rapporté par la suite ce type d'épisode et ceux qui n'en avaient pas le souvenir. Les patients étaient interrogés à nouveau deux et huit ans après leur réanimation.

D'une façon générale, 18 % des participants avaient le souvenir d'une expérience de mort imminente, parmi lesquels 12 % ont qualifié cette expérience de profonde. Cette fréquence était variable selon la définition d'EMI utilisée.

Il est difficile d'identifier les facteurs associés puisque la survenue des EMI n'était pas associée à la durée de l'arrêt cardiaque de la perte de connaissance, au traitement pharmacologique ou à la crainte du décès par arrêt cardiaque. Les auteurs ont toutefois observé que les EMI étaient plus fréquentes chez les moins de 60 ans et qu'elles étaient plus intenses chez les femmes. Il faut aussi noter que le risque de décès dans les 30 jours après l'arrêt cardiaque était plus élevé chez les sujets qui se rappelaient une EMI.

Deux ans après l'arrêt cardiaque, ceux qui avaient vécu une EMI étaient plus enclins à croire en une vie après la mort. Ce sentiment était encore plus marqué lors de l'évaluation huit ans après.

Les auteurs de l'étude observent dans leur commentaire que la fréquence des EMI est basse alors que tous les patients étudiés ont vécu une situation de mort clinique. Les problèmes causés par la définition et la perception de l'EMI ainsi que son souvenir rendent délicate l'interprétation de l'étude, souligne dans un commentaire Christopher French de l'Université de Londres.

Source : Lancet 2001;358:2039-45.

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