Le gel de nonoxynol-9 ne protège ni des gonococcies et ni des infections à Chlamydia

Le nonoxynol-9 est un spermicide capable d'inactiver in vitro divers agents pathogènes de maladies sexuellement transmissibles. Des essais ont suggéré que cette activité était également retrouvée in vivo. Un nouvel essai randomisé ne confirme pas ces résultats.

Cette étude est publiée dans le JAMA du 6 mars. Roddy et al ont comparé l'utilisation du nonoxynol-9 et du préservatif vs le préservatif seul dans la prévention de la transmission homme-femme des gonococcies et chlamydioses.

Au total, 1.251 femmes (non prostituées) sont entrées dans cet essai mené au Cameroun sur une période de 6 mois : 625 dans le groupe nonoxynol-9 et préservatif et 626 dans le groupe préservatif seul. Des tests de dépistage de Neisseria gonorrhoeae, Chlamydia trachomatis et du VIH étaient réalisés pendant les six mois de suivi.

"Le taux de nouvelles infections urogénitales était légèrement supérieur dans le groupe gel (20 % plus élevé)", écrivent les auteurs. Toutefois, ces chiffres n'étaient pas statistiquement différents.

"Le groupe gel a eu 116 infections diagnostiquées à gonocoques, Chlamydia ou les deux pour un taux de 43,6 pour 100 personne.années, et le groupe préservatif a eu 100 infections pour un taux de 36,6 pour 100 personne.années".

Le risque relatif d'infection à gonocoques était de 1,5 dans le groupe gel par rapport au groupe préservatif tandis que le risque d'infection à Chlamydia (et VIH) était identique dans les deux groupes.

Les auteurs expliquent que les rapports sans préservatif étaient un peu plus fréquents dans le groupe gel. Ceci pourrait expliquer la fréquence plus élevée des gonococcies dans ce groupe puisque la transmissibilité de ces infections est plus élevée que celle des Chlamydia (50 % vs 20 % d'après les auteurs).

Globalement, ces résultats montrent que l'utilisation de nonoxynol-9 n'apporte pas de protection supplémentaire contre le risque de transmission de N. gonorrhoeae et C. trachomatis au cours des rapports sexuels avec préservatif.

Comme le souligne Barbra Richardson dans un éditorial du JAMA, cette étude rappelle le besoin de développer des microbicides bon marché, efficace et utilisables par les femmes pour prévenir la transmission des MST.

Source : JAMA 2002;287:1117-22, 1171-2

SR

Descripteur MESH : Essais , In vitro , Maladies sexuellement transmissibles , Risque , Femmes , Infection , VIH Virus de l'Immunodéficience Humaine , Cameroun , Éditorial , Mars

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