La pilule potentialise à long terme les risques de cancer du col de l’utérus lié au papillomavirus

Les femmes positives au papillomavirus (présence d’ADN) auraient, selon une étude internationale multicentrique cas/contrôle publiée dans le numéro du Lancet daté du 30 mars 2002, un risque de cancer du col augmenté d’un facteur quatre, si elles utilisent un contraceptif oral depuis au moins dix ans.

On sait que le papillomavirus humain (HPV) constitue le facteur de risque le plus important de cancer du col de l’utérus, et que les contraceptifs féminins oraux à base d’œstrogènes pourraient également être un facteur de risque.

Victor Moreno et ses collaborateurs de l’International Agency for Research on Cancer (IARC, Lyon, France), ont voulu savoir dans quelle mesure les contraceptifs oraux pouvaient avoir un impact sur le risque de cancer du col chez les femmes HPV positives.

Les auteurs ont compilé les données de huit études cas/contrôle de patientes diagnostiquées pour des carcinomes cervicaux invasifs (groupe CCI) et de deux études concernant des patientes atteintes de carcinomes cervicaux localisés (groupe CCL). Ils ont questionnés les patientes sur l’usage de contraceptifs oraux.

Les pourcentages de femmes HPV+ ont été de 94%, 72% et 13% parmi les patientes des groupes CCI, CCL et contrôle, respectivement.

Comparées aux femmes n’ayant jamais utilisé de contraceptifs oraux, les patientes en utilisant depuis moins de cinq ans n’ont pas montré de risque accru de cancer , au contraire (OR=0,73 ;IC95%=0,52-1,03).

L’Odds ratio en revanche s’est inversé pour les utilisatrices de contraceptifs oraux de plus de 5 ans : 2,82 (IC95%=0,46-5,42) à 5,9 ans et 4,03 (IC95%=2,09-8,02) à 10 ans et plus.

L’utilisation à long terme de contraceptifs oraux semble donc être un cofacteur de risque de carcinome cervical et les auteurs préconisent un effort sur les programmes de détection des cancers du col pour les usagers à long terme de la pilule.

Dans un commentaire accompagnant cette étude, David Skegg (université d’Otago, Nouvelle Zélande) approuve ces propos en disant que «n’importe quelle relation causale entre les contraceptifs oraux à long terme et le cancer du col, mérite que des programmes de dépistage soient mis en place, surtout dans les pays en voie de développement, où ce type de cancer est fréquent et où l’accès au dépistage est rare».

Une seconde étude menée par les investigateurs de l’IARC, fait état du risque accru de cancer du col chez les femmes HPV+ qui ont eu beaucoup de grossesses, par rapport à celles n’ayant pas eu d’enfant (facteur 4 pour celles ayant eu plus de sept enfants). Cette étude permet de comprendre la baisse de l’incidence de cancers du col depuis la diminution des naissances dans la plupart des pays.

Source : The Lancet 30 mars 2002;359:1089-92, 1093 et 1080

PI

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