Allaiter plus longtemps pour réduire le risque de cancer du sein

Une très large étude publiée dans la revue médicale The Lancet indique que la durée de l’allaitement est directement liée au risque de développer un cancer du sein. Selon cette enquête, l’absence d’allaitement ou un allaitement trop court contribuent de façon significative à l’incidence élevée des cancers du sein en Occident.

Cette enquête internationale a été menée par le ‘Collaborative Group on Hormonal Factors in Breast Cancer’ sous la direction du professeur Valerie Beral de l’unité d’épidémiologie et de recherche sur le cancer à Oxford. Le professeur Beral et ses confrères ont regroupé et analysé les données de 47 études épidémiologiques menées dans 30 pays.

Les données comportaient notamment des renseignements sur le nombre de grossesses et l’allaitement pour 50.302 femmes avec un cancer du sein invasif et 96.973 femmes témoins sans cancer du sein. La majorité des données concernaient des pays riches.

Les auteurs de l’article expliquent que l’on sait que la ou les grossesses sont associées à une réduction du risque de cancer du sein. Toutefois, l’impact de l’allaitement sur ce risque est moins bien défini.

Ils ont ainsi montré que les femmes avec un cancer du sein avaient eu en moyenne moins d’enfants (2,2) que les femmes qui n’avaient pas développé de cancer du sein (2,6). Par ailleurs, 29 % des femmes qui avaient développé un cancer du sein n’avaient jamais allaité, comparé à 21 % des femmes qui n’avaient pas développé de cancer du sein. Ces deux résultats tendaient à confirmer l’hypothèse selon laquelle la grossesse et l’allaitement réduisent le risque de cancer du sein.

La durée de l’allaitement est un facteur important. Parmi les femmes qui ont allaité, celles qui ont développé un cancer du sein ont allaité moins longtemps que celles qui n’ont pas développé de cancer du sein : la durée cumulée moyenne était respectivement de 9,8 mois et 15,6 mois.

D’après l’analyse des auteurs, le risque relatif de cancer du sein diminue de 4,3 % pour chaque année d’allaitement, en plus d’une diminution de 7 % pour chaque naissance.

Selon leurs estimations, « l’incidence cumulée des cancers du sein dans les pays développés pourrait être réduite de plus de moitié, de 6,3 à 2,7 pour 100 femmes jusqu’à 70 ans, si les femmes avaient le même nombre moyen d’enfants et une durée cumulée d’allaitement comparable à ce qu’elle était dans les pays développés jusqu’à récemment ».

Valerie Beral et ses collaborateurs signalent par exemple que 470.000 femmes ont reçu un diagnostic de cancer du sein en 1990 dans les pays développés. En se basant sur les estimations de l’étude, si les femmes de ces pays ont en moyenne 2,5 enfants mais allaitent chaque enfant six mois de plus qu’elles ne font actuellement, environ 25.000 cancers du sein (5 %) seraient évités chaque année.

A l’occasion d’un commentaire des résultats, Valerie Beral a déclaré que « les résultats de cette étude sont une étape majeure pour que nous comprenions pourquoi le cancer du sein est si fréquent dans les pays développés. Il a été montré depuis longtemps que le cancer du sein était fréquent dans des situations où les femmes avaient peu d’enfants et allaitaient de courtes périodes. Nous avons montré que ces facteurs seuls expliquaient le taux élevé de cancer du sein dans les situations les plus développées. »

Source : Lancet 2002 ;360 :187-95

SR

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