Résurgence de la maladie de Chagas en Guyane française

Longtemps négligée, la maladie de Chagas est aujourd’hui à l’ordre du jour en Guyane française, s’inquiète dans une lettre à la revue ‘Médecine Tropicale’ le Dr C.P. Raccurt du service de parasitologie-mycologie du CHU Hôpital Sud d’Amiens (Université de Picardie Jules Verne).

Premier problème de santé en Amérique latine, la maladie de chagas est en résurgence, manifestement du fait de modifications des écosystèmes entraînées par l’anthropisation du milieu et peut-être également du fait du réchauffement actuel provoqué par certains phénomènes climatiques tels El niño ou l’effet de serre. Par ailleurs, on peut remarquer l’émergence, depuis 1994, d’au moins 4 nouveaux cas de cardiopathie chagassique aiguë dont un mortel, survenu tous chez des adultes originaires de la région du fleuve Maroni qui marque la frontière avec le Surinam. De plus, une récente étude séro-épidémiologique rétrospective chez 1487 personnes recrutées entre 1992 et 1998 a trouvé un taux de prévalence globale des anticorps spécifiques de Trypanosoma cruzi non négligable.

Selon l’auteur, « une approche multidisciplinaire dans un esprit de partenariat avec les pays voisins, voire à l’échelle du continent, semble une urgence si l’on veut contrôler le risque et protéger la santé des populations locales comme celles des touristes de plus en plus nombreux à la recherche d’aventure et de découverte sur les fleuves guyanais. Quant aux hommes du continent et aux militaires de carrière appelés à effectuer des séjours en milieu forestier ou affectés dans des postes répartis le long du fleuve Maroni, ils pourraient bénéficier d’un système de surveillance sérologique qui permettrait de dépister de possibles infestations asymptomatiques par Trypanosoma cruzi ou éventuellement par Trypanosoma rangeli ».

Et l’auteur de rappeler qu’une étude a récemment apporté la preuve de la présence avec une fréquence notoire de cette dernière espèce de Trypanosoma en Guyane française au sein du réservoir animal sauvage (édentés et primates).

Source : Médecine Tropicale, 59, 1 : 99.