Des bénéfices immédiats de l'aspirine chez les patients avec un AVC ischémique en phase aiguë

La prescription rapide d'aspirine après un AVC ischémique en phase aiguë permettrait de réduire le risque immédiat de récidive quel que soit le profil des patients. Le risque de récidive serait réduit de 1/3 (1,6 % au lieu de 2,3 %) dans le premier mois. Les auteurs de cette étude publiée dans Stroke estiment que le risque de récidive ou de décès pendant cette même période diminuerait de 0,9 % (8,2 % au lieu de 9,1 %).

Les bénéfices à long terme de l'aspirine après un AVC ischémique sont bien connus et deux larges essais randomisés (le Chinese Acute Stroke Trail et l'International Stroke Trial) avaient montré que la prise quotidienne d'aspirine dans un bref délai après un AVC ischémique en phase aiguë diminuait le risque de décès et de récidive à l'hôpital. Cependant, ce résultat demandait à être confirmé chez des patients "à risque" : personnes âgées, sujets avec fibrillation auriculaire ou n'ayant pas subi de scanner.

Le Dr ZhengMing Chen (Radcliffe Infirmary, Oxford) et plusieurs collaborateurs ont ré-examiné les données de ces deux essais qui comptabilisaient 40.000 sujets. Ces patients avaient été hospitalisés dans les 48 heures après l'apparition des symptômes et la moitié d'entre eux avaient reçu de l'aspirine : 160 mg/jour pendant 4 semaines ou 300 mg/jour pendant 2 semaines selon l'étude.

Les médecins ont analysé les complications et récidives survenues pendant ces 2 ou 4 semaines en fonction du traitement reçu ou non.

Dans le groupe traité avec de l'aspirine, on note une réduction de 7 (+/- 1) pour 1.000 (1,6 % contre 2,3 %) du nombre d'AVC ischémiques récidivants et une diminution de 4 (+/- 2) pour 1.000 du nombre de décès sans récidive.

Parallélement, on assiste à une augmentation de 2 (+/- 1) pour 1.000 du nombre d'AVC hémorragiques (AVC primaires évolutifs compris).

Le risque d'AVC récidivant ou de décès est ainsi globalement réduit de 9 (+/- 3) pour 1.000 dans les groupes traités précocement par l'aspirine. Plus important, les auteurs indiquent que ce résultat est indépendant du profil des patients (28 sous-groupes avaient été définis).

De plus, parmi les personnes qui n'avaient pas subi de scanner ou avec un AVC hémorragique, la prise d'aspirine n'a pas augmenté le nombre de récidives ou de décès.

"Eviter 9 AVC ou décès sur mille peut ne pas paraître beaucoup", souligne le Dr Chen. "Mais si vous considerez qu'il y a plusieurs millions d'AVC à travers le monde chaque année, en traitant 1 million d'entre eux pendant 1 an avec de l'aspirine, cela évitera environ 20.000 AVC ou décès".

"Bien sur, il aura peut-être des groupes de patients qui ne devront pas recevoir d'aspirine, mais même les résultats de ceux avec un AVC hémorragique sont rassurants". "Nous devons limiter le nombre de patients hémorragiques qui prennent de l'aspirine, mais il est aussi important de donner le traitement à ceux qui peuvent en profiter immédiatement".

Source: communiqué de presse de l'American Heart Association. Stroke 2000;31:1240.

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