Rougeole : un vaccin à ADN efficace chez les singes

Des chercheurs américains ont testé avec succès deux vaccins à ADN contre la rougeole chez le macaque. Chaque vaccin à ADN était composé d'un plasmide codant pour une glycoprotéine du virus de la rougeole. La vaccination a conduit à la production d'anticorps neutralisants capables de protéger les macaques rhésus infectés. De plus, aucune forme de rougeole atypique n'a été reportée. Selon les auteurs, ce type de vaccin à ADN pourrait constituer une approche intéressante pour l'immunisation des très jeunes enfants dans les pays en développement.

Le Dr D. Griffin et ses collègues de la Johns Hopkins University School of Medicine viennent de publier leurs résultats dans la revue Nature Medicine. Bien qu'un vaccin contre la rougeole existe depuis 1963, cette affection reste la cause de plus d'un million de décès chaque année (notamment dans les pays en développement) dont un tiers concerne des enfants.

Les auteurs rappellent que l'immunisation des enfants de moins de 9 mois n'est pas optimale, en raison de l'immaturité du système immunitaire et d'interférences avec des anticorps maternels.

Les efforts antérieurs dans la mise d'un vaccin plus approprié pour cette population se sont soldés par des échecs. Dans les pays en développement, l'injection de dose 100 à 1000 fois plus élevées à été abandonnée à cause d'une mortalité accrue quelques années plus tard chez les filles. L'utilisation d'un vaccin inactivé par le formol a été abandonnée en 1967 en raison du risque de contracter une forme sévère de la maladie ou rougeole atypique.

"Le développement de stratégies alternatives pour l'immunisation contre la rougeole des très jeunes enfants est donc souhaitable", soulignent les chercheurs.

Les deux plasmides évalués chez les macaques rhésus était chacun porteur d'une séquence codant pour une glycoprotéine virale : la glycoprotéine H et la glycoprotéine F. Elles ont été choisies sur la base de leur capacité à induire des anticorps neutralisants. Les plasmides ont été injectés soit seuls soit en combinaison.

Deux modes d'inoculation ont été pratiqués : en injection intradermique classique ou selon la "gene-gun immunization" qui permet de transfecter directement les cellules en déposant des billes d'or coiffées d'ADN dans le cytoplasme. Une souche sauvage du virus de la rougeole a été inoculée par la suite à ces singes.

Ces vaccinations ont permis de protéger les singes d'une infection par le virus de la rougeole. La technique "gene-gun immunization" a été efficace à 100 % selon les auteurs et l'injection cutanée à 62 %.

Cette étude a montré que "les anticorps neutralisants étaient indispensables à la protection contre la rougeole et que la protection pouvait être conférée par des anticorps dirigés contre la protéine H ou F". Aucun cas de rougeole atypique n'a été enregistré.

Par ailleurs, il est intéressant de noter que tous les singes immunisés et infectés expérimentalement présentaient les signes d'une infection subclinique. Selon les chercheurs, ce résultat indique que l'infection peut avoir lieu sans pour autant entraîner la maladie chez les individus immunisés.

Ils précisent que ces vaccins à ADN présentent les caractéristiques requises pour une immunisation à grande échelle : ils sont simples (de l'ADN dans une solution saline), peu coûteux et thermostables.

Source : Nature Medicine 2000;6:776-781

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