BUPRÉNORPHINE - SUBUTEX - À HAUT DOSAGE ; mésusage et détournements d’usage

Le nombre des héroïnomanes actuellement traités par buprénorphine est estimé à 150 000 en France.

La buprénorphine orale à haut dosage (HD) se substitue à l’héroïne pendant 24 heures sur les récepteurs opiacés cérébraux, ce qui atténue les effets du sevrage contrairement à l’héroïne par voie veineuse qui est éliminée rapidement. Elle a pour effet de supprimer l’effet « shoot » de l’héroïne par voie veineuse. C’est ce qui justifie sa prescription comme produit de substitution aux opiacés associé à la prise en charge médicale et psychologique. Cette prise en charge nécessite un engagement spécifique du médecin et des soignants. Tous les médecins peuvent prescrire du Subutex®.

 

Quelques règles doivent être respectées :

-            ce produit ne doit être prescrit qu’après un traitement bien conduit par la méthadone ;

-            il faut éviter un traitement permanent par la buprénorphine mais rechercher une réduction progressive des doses pour tendre vers l’abstinence.

 

Le produit est recherché avec avidité par les héroïnomanes, facilement accessible par simple prescription : il donne lieu à un trafic dont les organismes payeurs font les frais. On les estime à près de 250 millions d’euros par an. Plus grave, ce produit dissous dans l’eau est souvent utilisé en injection intraveineuse : cette pratique est, depuis 1998, à l’origine de 30 à 40 décès chaque année en France.

 

Des mesures ont été prises en 2008 par les pouvoirs publics pour combattre le mésusage de ce produit ; on constate aujourd’hui l’insuffisance des résultats obtenus. On dispose sur le marché français de génériques du Subutex® qui, moins solubles, ne peuvent être utilisés en injection. On peut recourir aussi à la Suboxone® qui associe la naloxone à la buprénorphine. Cette association prévient l’effet shoot recherché par l’injection de buprénorphine.

 

L’Académie nationale de médecine attire l’attention des pouvoirs publics pour que des mesures soient prises pour renforcer la lutte contre le mésusage et le trafic de Subutex®. Il faudrait:

1) insister auprès des médecins et professionnels de santé pour que l’objectif d’un sevrage soit véritablement privilégié et que, dans ce but, la méthadone soit prescrite en première intention ;

2) privilégier les génériques plus difficilement injectables que le Subutex® ;

3) de promouvoir et généraliser le recours à la Suboxone®.

 

L’Académie a adopté le texte de ce communiqué avec 70 voix pour, 0 voix contre et 3 abstentions.

http://www.academie-medecine.fr/articles-du-bulletin/publication/?idpublication=100463

 

Jean COSTENTIN, Jean-Pierre GOULLÉ et Gérard DUBOIS

 Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêt en relation avec le contenu de ce communiqué

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