Un programme d'information des patients sur la warfarine permet de diminuer la fréquence des accidents hémorragiques post-opératoires

La warfarine est un anticoagulant largement utilisé dans la prévention des accidents thromboemboliques. Cependant, elle est associée à un risque hémorragique, particulièrement chez les sujets âgés. Selon une étude américaine, la mise en place d'un programme d'information et de participation active du patient à son suivi permet de réduire les risques hémorragiques chez les patients sous warfarine.

Cette étude est présentée par Beyth et al dans les Annals of Internal Medicine du 7 novembre. Cet essai randomisé et contrôlé porte sur 325 patients de plus de 65 ans chez lesquels la prise de warfarine a débuté durant une hospitalisation. Après stratification en fonction des risques hémorragiques, les patients ont bénéficié d'un suivi classique (médecin traitant) ou d'un suivi renforcé par un programme d'éducation et d'information sur leur traitement. La durée du suivi dans les deux cas était de 6 mois.

Le programme renforcé comprenait un suivi médical (dosage de la warfarine, mesure de l'INR) réalisé par les auteurs. Ces mesures étaient complétées par un programme d'information et d'éducation sur l'utilisation de la warfarine et sur la reconnaissance des effets indésirables. Il était demandé aux patients de mesurer le temps de prothrombine grâce à un moniteur portable. Les patients étaient encouragés à contacter le personnel médical pour toutes les questions de santé, d'interactions médicamenteuses ou de changement de régime alimentaire par exemple.

Après 6 mois de traitement, les hémorragies majeures étaient plus fréquentes chez les patients qui ont bénéficié d'un suivi classique (12 %) que chez ceux qui ont bénéficié d'un programme renforcé (5,6 %). Les hémorragies gastro-intestinales étaient les plus fréquentes dans les deux groupes.

Néanmoins, la fréquence des décès et des thromboses veineuses récidivantes à 6 mois était similaire dans les deux groupes. Après 6 mois, la fréquence des accidents hémorragiques majeurs n'était pas significativement différente.

La durée du traitement pendant laquelle l'INR était compris entre les valeurs désirées a également été mesurée durant les 6 mois. Cette durée était supérieure dans le groupe "programme renforcé" avec 56 % de la durée totale de traitement, contre 12 % dans le groupe contrôle.

Selon les auteurs, un tel programme d'information et de sensibilisation permet de réduire la fréquence des accidents hémorragiques chez les patients âgés sous warfarine. Bien que ces résultats demandent à être confirmés, ils soulignent que les mesures destinées à réduire l'incidence de ces effets indésirables permettent d'envisager "une utilisation efficace et sure de la warfarine chez les patients les plus âgés".

Source : Ann Intern Med 2000;133:687-695

Descripteur MESH : Warfarine , Patients , Accidents , Maladies vasculaires , Prévention des accidents , Risque , Éducation , Hospitalisation , Incidence , Interactions médicamenteuses , Prothrombine , Régime alimentaire , Santé , Temps , Temps de prothrombine

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