Pour 8 médecins sur 10, la peur de la Covid-19 a impacté l’état de santé de leurs patients, faute de suivi médical

Pour 8 médecins sur 10, la peur de la Covid-19 a impacté l’état de santé de leurs patients, faute de suivi médical Appel Médical Search, filiale du groupe Randstad spécialisée dans le recrutement des médecins, dévoile les résultats de sa quatrième étude Futuramed consacrée à la crise COVID. L’enquête, menée auprès de 229 médecins dans quatre spécialités (urgentistes, gériatres, réanimateurs et généralistes), lève le voile sur la réalité vécue pendant la première vague de l’épidémie.

Ce sont les réanimateurs qui ont vu leur charge de travail le plus augmenter (67 %), avec de fortes disparités entre l’hôpital public (81 %) et le secteur privé (54 %). À l’autre bout du spectre, plus de sept généralistes sur dix (74 %) ont au contraire vu leur activité baisser pendant l’épidémie.

Les urgentistes, pourtant en première ligne face à la crise, ne sont que 37 % à déclarer s’être sentis plus sollicités qu’en temps normal. Si plus de six médecins sur dix jugent que la collaboration entre les établissements publics et privés a été satisfaisante, ils ont un avis paradoxal sur l’organisation des urgences. Plus de sept médecins sur dix jugent que la crise a permis de désengorger les urgences, les patients ne s’étant déplacés que lorsque cela était nécessaire. Mais huit sur dix pensent que la peur d’être contaminés a poussé certains malades à ne pas consulter, avec des conséquences sur leur état de santé.

Une des leçons de la crise va-t-elle être d’accélérer l’adoption de la télémédecine ? Rien n’est moins sûr. Si la grande majorité des médecins a un avis positif sur sa pratique, plus des trois quarts n’y recourent pas ou peu.

Pour 8 médecins sur 10, la peur de la Covid-19 a impacté l’état de santé de leurs patients, faute de suivi médical «La crise de la Covid-19 a agi comme un révélateur du fonctionnement des urgences. Si au global, l’épidémie a permis de les désengorger, elle a eu des conséquences sur la santé des patients non atteints par la COVID qui, par peur de la contamination, ont préféré ne pas consulter. Avec le recul de la première vague, les médecins plaident pour des pistes d’amélioration. Deux axes se dégagent : renforcer le rôle des médecins généralistes pour filtrer les patients et sanctionner le recours abusif aux services d’urgences. La télémédecine, bien adaptée au contexte épidémique, est perçue positivement par les médecins, mais la crise n’a pas accéléré son adoption»analyse Stéphane Jeugnet, Directeur Général d’Appel Médical.

Charge de travail : l’activité des médecins diversement impactée

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La gestion de la crise Covid a fortement mis sous tension les services hospitaliers. Vue de l’extérieur, la situation a pu laisser croire que tous les médecins ont été mobilisés pour y faire face. La réalité du terrain est différente et toutes les spécialités n’ont pas été concernées de la même manière. Ainsi, ce sont les médecins réanimateurs qui ont été le plus sollicités pour faire face à l’afflux de patients COVID. Près de sept sur dix (67 %) estiment ainsi que leur charge de travail a fortement augmenté pendant la crise, avec des différences significatives entre l’hôpital public (81 %) et le secteur privé (54 %). De l’autre côté du spectre, les médecins généralistes ont quant à eux enregistré une diminution significative de leur activité. C’est le cas des trois quarts du panel interrogé (74 %). La crainte des patients d’être contaminés a engendré une baisse du nombre des consultations en médecine de ville. Plus de la moitié des gériatres (56 %) a également été fortement sollicitée durant la première vague. Les urgentistes, pourtant en première ligne à l’hôpital sont une majorité (50 %) à avoir vu leur activité diminuer. À peine plus du tiers (37 %) estime à l’inverse que leur charge de travail a fortement augmenté. La prise en charge des patients atteints de la COVID-19 semble avoir été nettement compensée par la diminution des accidents et la moindre fréquentation des urgences durant le confinement.

Pour les médecins réanimateurs, l’augmentation de la charge de travail est avant tout liée à l’augmentation du nombre de gardes (80 %), dans le contexte de crise sanitaire. Viennent ensuite une prise en charge des patients plus complexe et plus lourde (63 %) du fait de la mise en œuvre de protocoles spécifiques et une augmentation du nombre de malades à prendre en charge (59 %). De leur côté, les gériatres ont été confrontés avant tout à un accompagnement plus complexe de leurs patients (82 %). Ils ont dû également faire face à une complexification de l’organisation et de la charge administrative (68 %). À cela s’ajoute, pour un gériatre sur deux (47 %), une augmentation des gardes, un accroissement du nombre de patients, mais également un report de charge de travail lié à l’impossibilité pour les médecins généralistes d’accéder aux EHPAD.

Les médecins généralistes attribuent le recul de leur activité principalement à la baisse du nombre de patients (98 %) et dans une moindre mesure à l’augmentation des téléconsultations (43 %).

Urgences : un fonctionnement bouleversé par la crise

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Les services d’urgence ont été largement mis à contribution pendant la crise pour faire face à l’afflux des patients atteints de la COVID-19. Mais contrairement aux idées reçues, le contexte sanitaire a plutôt eu pour effet de réduire leur fréquentation. Un bien pour un mal, car la peur du virus a pu entraîner, selon les médecins, une dégradation de l’état de santé de certains malades qui auraient dû être suivis.

Ainsi, plus de sept médecins interrogés sur dix estiment que dans le contexte de crise, les patients ne se sont déplacés que lorsque cela était nécessaire. Cette moindre fréquentation des urgences a permis de faciliter la prise en charge des patients non-covid. Ce sont les urgentistes (94 %) qui ont le plus constaté ce phénomène, suivis des réanimateurs (86 %), des gériatres (80 %) et des généralistes (75 %).

Si la forte baisse des admissions dans les services d’urgence pour des pathologies non Covid a été bien perçue par les médecins, elle a son revers. Plus de huit médecins sur dix estiment ainsi que l’état de santé de certains patients s’est dégradé, car le suivi médical n’a pas pu être assuré. 97 % des réanimateurs estiment que la pandémie a poussé ces patients à rester chez eux avec des conséquences importantes sur leur santé. C’est également le cas de 93 % des généralistes et de 90 % des gériatres. Les urgentistes sont légèrement plus mesurés sur cette affirmation. Ils ne sont « que » 80 % à l’avoir constatée.

Les pistes des médecins pour améliorer le fonctionnement des urgences

La gestion de la crise par les services d’urgence a été riche d’enseignements pour les médecins. Si tous s’accordent à penser que leur fonctionnement peut être amélioré, les priorités ne sont pas les mêmes en fonction des spécialités. Ainsi, les urgentistes plaident pour un renforcement du rôle des médecins généralistes et une meilleure coopération avec la médecine de ville. Pour 80 % d’entre eux, il serait souhaitable de proposer des consultations avec des médecins généralistes aux urgences. Près des trois quarts (73 %) estiment qu’il est nécessaire de renforcer la médecine de ville pour filtrer les patients en amont des urgences. La même proportion plaide pour mettre en œuvre un système de garde pour la médecine de ville afin de désengorger les urgences. Les gériatres ont un avis proche. Ils sont 79 % à souhaiter une présence des généralistes aux urgences et 77 % sont en faveur d’un renforcement de la garde en médecine de ville.

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Les médecins généralistes plaident davantage pour une méthode punitive. Plus des trois quarts d’entre eux (76 %) estiment qu’il faut facturer aux patients le recours abusif aux services d’urgence. Cela va de pair avec une meilleure orientation des patients lors de l’accueil que 73 % des médecins généralistes estiment nécessaire. Les médecins réanimateurs sont plus partagés. Les deux tiers d’entre eux (66 %) privilégient trois pistes principales : la présence des généralistes dans les services d’urgence, la facturation du recours abusif aux urgences et le renforcement de la garde en médecine de ville.

S’ils sont nombreux à estimer que les généralistes doivent voir leur rôle renforcé, les médecins ne vont pas jusqu’à demander une consultation en médecine de ville avant de se présenter aux urgences. Seuls 26 % des médecins généralistes, 18 % des réanimateurs, 16 % des gériatres et 13 % des urgentistes plébiscitent une telle mesure.

Télémédecine : une solution bien perçue, mais peu utilisée

La crise COVID va-t-elle accélérer la transformation digitale de la médecine ? À en croire les résultats de l’étude Futuramed, la pratique de la médecine à distance, si elle est perçue positivement par la très grande majorité des médecins, reste encore très peu répandue.

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Plus des deux tiers des médecins interrogés dans le cadre de l’étude Futuramed d’Appel Médical ont un avis positif sur la télémédecine. Ce sont les urgentistes qui en ont la meilleure perception (94 %), suivis des réanimateurs (87 %) et des gériatres (75 %). Les médecins généralistes, s’ils sont 67 % à en percevoir l’intérêt, restent les plus dubitatifs sur son apport.

En revanche, cette image positive n’a que peu d’impact sur son adoption. Avant la crise, seuls 6 % des gériatres et 8 % des réanimateurs avaient développé une activité de télémédecine. Les urgentistes sont un peu plus nombreux (17 %) à y avoir recouru. Ce sont les médecins généralistes qui ont le plus développé la pratique de la médecine à distance. Près d’un quart d’entre eux (23 %) l’avaient mise en œuvre avant la crise. L’impact de la crise a semble-t-il convaincu les gériatres et les généralistes de développer cette pratique. Près d’un sur deux (48 %) dans ces deux spécialités estiment qu’ils recourront davantage à la télémédecine à l’issue de la crise. Pour les réanimateurs et les urgentistes, la crise sanitaire engendre un statu quo. Ainsi, 54 % des urgentistes et 56 % des réanimateurs n’envisagent pas de développer plus avant les consultations à distance.

La télémédecine c’est bien, mais pour les autres

Les médecins perçoivent bien les vertus de la télémédecine, principalement pour éviter les salles d’attente surchargées et le risque de contamination entre patients (59 % des réanimateurs, 56 % des gériatres et des urgentistes et 42 % des généralistes). Les gériatres y voient aussi une pratique à développer dans les EHPAD (52 %) et une solution pour désengorger les urgences (48 %). Les réanimateurs pensent que la télémédecine peut être utile pour lutter contre les déserts médicaux (48 %) ou pour les consultations post- opératoires (46 %). Les urgentistes estiment eux aussi qu’elle peut être une solution dans les régions où peu de spécialistes se sont établis (60 %), mais aussi pour permettre aux médecins de se mettre en contact entre eux (43 %), pour le partage de diagnostic par exemple. Les généralistes, enfin, la perçoivent comme un complément aux consultations classiques (40 %) et comme une solution aux déserts médicaux (39 %).

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Avec tous ces avantages et une image très positive auprès des médecins, pourquoi le développement de la télémédecine est-il si lent en France ? Parce que seule une minorité de médecins estime que sa pratique est adaptée à leur spécialité. Les urgentistes sont ainsi à peine 13 % à le penser, suivis de près par les réanimateurs (16 %). Leur métier, qui consiste souvent à prendre en charge des patients dans un état grave, ne permet que rarement des consultations à distance. Un quart des gériatres (25 %) reconnait que la télémédecine peut convenir à leur spécialité. Mais la question se pose de la capacité de leurs patients âgés à maîtriser les technologies numériques nécessaires à son développement. Les généralistes sont les plus nombreux (29 %) à accepter l’idée que la télémédecine est adaptée à leur pratique. Mais près d’un sur deux (48 %) pense l’inverse.

MÉTHODOLOGIE

L’étude Futuramed du cabinet de recrutement Appel Médical Search est une étude basée sur un échantillon de 229 médecins titulaires répartis dans quatre spécialités : urgentistes (30), gériatres (61), réanimateurs (61) et médecins généralistes (62)

Le terrain a été réalisé du 8 juillet au 11 septembre 2020

Le sondage a été mené sous la forme d’un questionnaire auto-administré en ligne et complété par une étude qualitative

L’étude a été confiée à Stethos, un cabinet de conseil et d’études spécialisé dans le domaine de la santé.

 

À propos d’Appel Médical

Appel Médical, filiale du Groupe Randstad France, est le N° 1 du recrutement et du travail temporaire médical, paramédical et pharmaceutique en France depuis 51 ans. Il intervient dans les secteurs hospitaliers, 3e âge, handicap, petite enfance, métiers du médicament, santé au travail, hospitalisation et soins à domicile. Les 400 collaborateurs permanents d’Appel Médical délèguent plus de 47 200 intérimaires par jour auprès de 10 000 clients à travers son réseau de 150 agences en France. En 2019, Appel Médical a recruté en CDI/CDD plus de 4600 professionnels de santé.

Appel Médical Search est le département dédié aux médecins et directeurs d’établissement.

En savoir plus www.appelmedical.com I @appel_medical

À propos du groupe Randstad France

Le groupe Randstad France fait partie du groupe Randstad, numéro 1 mondial sur le marché des ressources humaines, fondé aux Pays-Bas en 1960. En France, il se place parmi les leaders en matière de services en ressources humaines avec en 2019 un chiffre d’affaires de 3,7 milliards d’euros. En 2019, le groupe (15 000 collaborateurs, dont 4 000 au titre d’AUSY et 7 600 CDI-Intérimaires) aura délégué en moyenne 75 000 salariés intérimaires chaque semaine et recruté 30 000 professionnels en CDI/CDD, en s’appuyant sur son réseau national et local de 900 agences et bureaux.

Cinq des filiales du groupe Randstad France (Randstad, Randstad Inhouse, Expectra, Appel Médical et JBM) sont certifiées Top Employer.

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