Hôpital : la FHF demande une rallonge de 5 milliards pour endiguer la crise

Hôpital : la FHF demande une rallonge de 5 milliards pour endiguer la crise Alors que se profilent les futures discussions autour du prochain projet de la loi de financement de la Sécurité sociale, la Fédération hospitalière de France rappelle « l’absolue nécessité » de sécuriser des moyens financiers supplémentaires pour l’hôpital. Elle milite ainsi pour une augmentation de 5% de l’ONDAM soit 5 milliards d’euros pour répondre aux besoins de financement des hôpitaux et des EHPAD.

2,2 milliards d’euros pour l’attractivité des carrières hospitalières

Les établissements de santé publics, qu'il s'agisse d'hôpitaux ou d'EHPAD, sont confrontés à des défis majeurs. Les tensions sur les effectifs, exacerbées par des épisodes caniculaires, mettent en péril la qualité des soins et le bien-être des patients. Selon la FHF, plus de 20 000 postes de soignants sont actuellement touchés par ces tensions. « L’attractivité et la fidélisation des professionnels à l’hôpital public sont en effet la priorité majeure, particulièrement en rémunérant mieux les sujétions de service public (gardes, astreintes, travail de nuit, de week-end et de jours fériés). »

Outre la revalorisation des sujétions, la grille salariale des praticiens hospitaliers est également en discussion. Des échanges sont prévus en septembre 2023 entre le gouvernement, les syndicats et la FHF à ce sujet. La FHF a chiffré ces mesures, essentielles pour renforcer l'attractivité de l'hôpital public et offrir une rémunération adéquate pour les missions de service public. Le montant estimé oscille entre 2 et 2,2 Md€ annuellement, avec 1,6 à 1,8 Md€ dédiés à la revalorisation des sujétions.

L'ampleur du déficit des hôpitaux publics

La situation budgétaire des hôpitaux publics est particulièrement alarmante. Depuis plusieurs mois, la FHF alerte sur une dégradation sensible de leur situation financière. Le déficit structurel des hôpitaux pourrait doubler en 2022 par rapport à la période pré-pandémique, passant de 500 millions d'euros à 1 milliard d'euros. Ces chiffres, confirmés par le gouvernement, montrent l'ampleur du défi auquel sont confrontés les hôpitaux publics. En 2023, cette situation pourrait encore s'aggraver, avec un risque accru de sous-investissement. La FHF estime que la rectification nécessaire de l'Ondam hospitalier 2023 s'élève à 3,2 Md€, dont 2,7 Md€ sont destinés uniquement à l'hôpital public.

La situation alarmante des EHPAD

Les EHPAD, ces établissements dédiés à l'accueil des personnes âgées, ne sont pas épargnés par cette crise. Une enquête menée par la FHF en 2023 a révélé que 85 % des EHPAD étaient en situation déficitaire à la fin de 2022, avec un déficit moyen dépassant les 3.000€ par place. Plusieurs raisons expliquent cette situation préoccupante : une baisse de l'activité, un décalage entre l'augmentation des dépenses d'hébergement et l'évolution des tarifs, ainsi que des mesures salariales incomplètement compensées. Face à ce contexte inédit, la FHF estime que les besoins de financement supplémentaires de la branche autonomie sont de 500M€.

Face à la détérioration sans précédent des équilibres financiers des ESSMS, et en particulier des EHPAD, en 2022 et 2023, la FHF souligne l'urgence d'apporter un soutien aux structures les plus vulnérables. L'objectif est de prévenir des crises de liquidités et d'éventuelles baisses dans la qualité de prise en charge des résidents.

Bien que la Première ministre, Elisabeth Borne, ait annoncé le 26 juillet un "soutien exceptionnel" de 100M€, son champ d'application est vaste (établissements/domicile, et surtout : ESSMS publics, associatifs et privés commerciaux). De ce fait, la FHF recommande une aide supplémentaire spécifique de 130M€, ciblant exclusivement les EHPAD éligibles à l'aide sociale.

De plus, la FHF rappelle la nécessité d'adopter rapidement une loi Grand Âge très ambitieuse, qui devra notamment interroger le modèle de financement des établissements. Dans l'attente de propositions concrètes sur un nouveau modèle économique des EHPAD, elle estime nécessaire un taux d'évolution de la branche autonomie 2024 de 5,22 %.

Arnaud Robinet, président de la FHF : « Affichant un déficit structurel d’une ampleur inédite, la situation budgétaire des hôpitaux et EHPAD publics n’a jamais été aussi fragile. Face à cette situation hautement préoccupante, et alors qu’elle tire le signal d’alarme depuis plusieurs mois, la FHF demande aujourd’hui des mesures à la hauteur. À travers ce budget, les choix qui seront faits seront décisifs pour répondre aux besoins de santé. Compenser les coûts des hausses de rémunération, d’investissement et de recrutement sera vital pour la pérennité de notre modèle hospitalier. Ce PLFSS doit aussi permettre de projeter la France dans sa nouvelle réalité démographique en dégageant des moyens financiers et humains pour investir dans nos EHPAD qui trouveront aussi leur place dans une grande loi Grand-Âge que nous attendons. »

Crédit photo : DepositPhotos

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