Dépistage du col : la HAS rapproche les intervalles pour les femmes immunodéprimées

La HAS publie des recommandations spécifiques pour le dépistage du cancer du col de l’utérus (CCU) chez les personnes immunodéprimées hors PVVIH. Cytologie annuelle de 25 à 29 ans, test HPV dès 30 ans puis tous les 3 ans si négatif, et décision individualisée après 65 ans : la cadence s’accélère pour répondre à un risque accru de persistance virale et de progression lésionnelle[1–2].

Ce qui change par rapport au dépistage en population générale

25–29 ans : cytologie annuelle. La HAS recommande « la réalisation d’une cytologie annuelle » pour les femmes immunodéprimées de 25 à 29 ans^[1–2], en lieu et place du schéma standard avec deux frottis à un an d’intervalle puis à trois ans si normal^[3].

30–65 ans : test HPV tous les 3 ans. À 30 ans, un premier test HPV est réalisé puis répété « tous les trois ans, dès lors que le résultat du test est négatif »^[1–2], au lieu de l’intervalle quinquennal de la population générale^[3]. Pour les femmes sous-dépistées ou à mobilité réduite, l’auto-prélèvement peut être mobilisé à partir de 30 ans^[1].

Après 65 ans : décision au cas par cas. « À partir de 65 ans, la poursuite (ou l’arrêt) du dépistage du CCU devra être décidée selon le résultat du dernier test HPV et en tenant compte des antécédents médicaux », précise la HAS^[1].

Ressources utiles : rappel des bases du dépistage du cancer du col et du test HPV sur Caducee.net.

Qui est concerné

Sont visées les personnes présentant une immunodépression (hors PVVIH) : déficits immunitaires primitifs, greffe de cellules souches hématopoïétiques (allogénique), lupus systémique, ou traitement immunosuppresseur d’au moins un an ; la recommandation s’applique plus largement à toute immunodépression sévère^[1–2]. Le démarrage du dépistage est attendu dans l’année suivant une greffe allogénique, un diagnostic de lupus ou la mise sous immunosuppresseur^[2].

Pourquoi rapprocher le dépistage

Risque virologique et lésionnel accru. Sous immunodépression, la clairance du HPV est diminuée ; la persistance virale favorise l’évolution vers des lésions de haut grade. La HAS motive ainsi une cadence plus resserrée et un déclenchement rapide après survenue de l’immunodépression^[1–2].

Gains attendus en prévention secondaire. Un intervalle triennal pour le test HPV après 30 ans augmente la probabilité de capter des infections persistantes et des lésions précancéreuses à un stade traitable. En miroir, la prévention primaire par vaccination contre les HPV demeure essentielle, mais « n’exempte en aucun cas du dépistage du CCU et d’un suivi gynécologique régulier »^[1–2].

Repères chiffrés et contexte sanitaire

Le CCU entraîne environ 3 100 nouveaux cas et près de 1 100 décès en France en 2023, selon Santé publique France, avec de fortes disparités régionales de couverture de dépistage^[4]. Certains communiqués institutionnels évoquent « 800 décès » annuels ; l’écart tient aux millésimes et sources mobilisées^[2,4]. Dans tous les cas, l’amélioration de la participation au dépistage et à la vaccination reste un levier déterminant.

Points pratiques pour les soignants

• Vérifier l’existence d’une immunodépression et sa durée. Documenter traitements et antécédents.
• Démarrer ou reprendre le dépistage sans délai après greffe allogénique, diagnostic de lupus ou initiation d’un immunosuppresseur prolongé^[2].
• Appliquer l’intervalle annuel à 25–29 ans, puis triennal dès 30 ans si HPV négatif.
• Proposer l’auto-prélèvement HPV dès 30 ans en cas de sous-dépistage^[1].
• Orienter selon résultats selon les référentiels habituels, avec vigilance renforcée.

Références

1. Haute Autorité de santé (HAS). Dépistage du cancer du col de l’utérus chez les personnes immunodéprimées hors PVVIH – page dédiée. 09/10/2025. ^Lien.
2. Haute Autorité de santé (HAS). Communiqué — La HAS recommande un dépistage plus rapproché du cancer du col de l’utérus pour les femmes immunodéprimées. 09/10/2025. ^Lien.
3. Assurance Maladie. Dépistage du cancer du col de l’utérus : modalités en population générale. 21/06/2025. ^Lien.
4. Le Monde. Cancer du col de l’utérus : la prévention progresse mais les disparités régionales sont nombreuses. 04/02/2025. ^Lien.