Facteurs de risques de lipodystrophie chez les patients sous antirétroviraux

Le risque de lipodystrophie n'est pas associé à un seul antirétroviral, indique une étude qui paraîtra le 24 février dans le Lancet.Chez les patients sous antirétroviraux, ces troubles de la répartition des graisses sont variables selon le sexe, l'âge et la durée de l'exposition au traitement antirétroviral.

Le syndrome de lipodystrophie chez les patients infectés par le VIH a été défini comme une entité clinique en 1998. La prévalence de ce syndrome chez les patients traités dépasserait les 60 %. On peut distinguer deux formes de lipodystrophie : la lipoatrophie et lipohypertrophie. Ces deux entités peuvent coexister.

Malgré l'importance majeure de ce syndrome pour les patients et les cliniciens, son étiologie et ses mécanismes sont encore mal connus. Martinez et al présentent dans le Lancet une étude sur les facteurs de risque de lipodystrophie.

Comme le rappellent ces auteurs, les inhibiteurs de la protéase du VIH (IP) ont été initialement mis en cause mais ce syndrome a été également décrit chez des patients qui n'avaient jamais reçu d'IP. D'autres ont mis en évidence un lien avec les analogues nucléosidiques de la transcriptase inverse. Ces troubles pourraient être également associés à la toxicité mitochondriale de certains antirétroviraux.

Martinez et al ont suivi 494 patients infectés par le VIH pendant une durée médiane de 18 mois. Ces patients étaient naïfs de tout traitement et ont initié une thérapie à base de deux analogues nucléosidiques de la transcriptase inverse + un IP au moins.

17 % des patients ont développé une lipodystrophie au cours du suivi. Les incidences des lipodystrophies, lipoatrophie et lipohypertrophie étaient respectivement de 11,7, 9,2 et 7,7 pour 100 patient-années.

Plusieurs facteurs de risque de lipodystrophie ont été identifiés. Les risques relatifs présentés ci-dessous étaient statistiquement significatifs.

Le risque relatif pour les femmes comparé aux hommes était de 1,87. Le risque pour les hétérosexuels et les homosexuels étaient plus élevé que pour les consommateurs de drogues par injection (risque relatif = 2,86 et 2,17 respectivement).

Le risque était positivement associé à l'âge et multiplié par 1,33 pour chaque décennie supplémentaire. Enfin, le risque est multiplié par 1,57 pour chaque 6 mois de traitement antirétroviral supplémentaire.

Il faut noter que ces facteurs de risque ne différaient pas selon le type de lipodystrophie.

La charge virale, le taux de cholestérol ou de triglycérides ne modifient pas le risque de lipodystrophie (non significatif). Il en est de même pour la durée du traitement sous 3TC, d4T, ddI, indinavir ou ritonavir. Néanmoins, l'exposition à l'indinavir atteint la limite du seuil de signification statistique pour la lipohypertrophie (lipodystrophy with central obesity).

"La recherche clinique sur la lipodystrophie est habituellement restée sur l'idée que c'est simplement un effet indésirable complexe lié aux agents antirétroviraux de l'individu ou à des familles de médicaments", a précisé le Dr Martinez.

"Notre étude suggère que le risque de lipodystrophie est principalement lié à l'exposition totale au traitement antirétroviral et seulement à un moindre degré à des antirétroviraux spécifiques. De plus, nous avons identifié des facteurs de risque qui ne sont pas liés au traitement, comme l'âge et le sexe, et qui n'ont pas fait l'objet jusqu'à présent d'une attention suffisante. Les prochaines recherches doivent se focaliser sur ces facteurs".

Source : Lancet 2001;357:592-98.

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