L'ocytocine reste le traitement de référence pour combattre les hémorragies du post-partum

Les hémorragies du post-partum sont un facteur important de morbidité et de mortalité. Les médicaments utérotoniques comme l'ocytocine – largement utilisée pour cette indication - permettent de réduire ces hémorragies. Un essai randomisé publié dans le Lancet a comparé l'emploi d'ocytocine et celui du misoprostol, médicament peu coûteux à l'effet utérotonique connu. Selon les résultats, l'ocytocine reste la référence pour le traitement prophylactique de ces hémorragies à l'hôpital.

Cet essai réalisé en collaboration avec l'OMS a été conduit par Gulmezoglu et al. pour le "Groupe collaboratif de l'OMS pour évaluer le misoprostol dans la prise en charge de la troisième phase du travail".

Dans leur article, les investigateurs expliquent que le misoprostol a attiré l'attention de certains obstétriciens en raison de sa forte action utérotonique, de sa facilité d'administration (voie orale) et de son faible coût. Néanmoins, les indications du misoprostol ne rentrent pas dans le cadre de la prévention des hémorragies du post-partum (HPP).

Cet essai multicentrique a été réalisé en milieu hospitalier dans neuf pays. Environ 9.200 femmes qui accouchaient par voie naturelle y ont participé : elles ont reçu 600 µg de misoprostol par voie orale ou 10 UI d'ocytocine (IV ou IM). Les traitements étaient administrés immédiatement après l'accouchement.

Le critère principal de comparaison était les hémorragies de plus de 1.000 mL. Le critère secondaire était l'utilisation d'autres utérotoniques.

Les résultats présentés montrent que 4 % des femmes sous misoprostol et 3 % des femmes sous ocytocine ont eu une hémorragie supérieure ou égale à 1000 mL. Ces chiffres correspondent à un risque relatif de 1,39 (IC 95 % = 1,19-1,63 ; p<0.0001) avec le misoprostol par rapport à l'ocytocine.

L'administration d'un autre utérotonique a été nécessaire chez 15 % des patientes sous misoprostol et 11 % des patientes sous ocytocine (risque relatif = 1,40 ; IC 95 % = 1,29-1,51).

Enfin, les frissons et l'augmentation de la température dans la première heure après l'accouchement étaient beaucoup plus fréquents avec le misoprostol.

En conclusion, les investigateurs estiment que l'ocytocine est plus efficace que le misoprostol pour la troisième phase du travail dans les hôpitaux où cette prise en charge est réalisée en routine.

Dans un commentaire cet essai, le Dr D. Darney (Université de Californie à San Francisco) explique qu'il n'a jamais été question de remplacer l'ocytocine par le misoprostol dans les hôpitaux qui pratiquent cette prise en charge. Toutefois, certains proposent de rendre accessible le misoprostol dans des conditions particulières où l'accès aux soins n'est pas optimal et où l'accouchement n'est pas réalisé en milieu hospitalier.

Source : Lancet 2001 : 358:689-95, 682-3. Liens vers les fiches BIAM : ocytocine, misoprostol.

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