La guerre psychologique du terrorisme bio-chimique

Des chercheurs se penchent cette semaine dans la revue British Medical Journal sur les conséquences psychologiques et sociales des attaques bioterroristes. Ils considèrent que les dégâts psychiques occasionnés par la crainte d’un danger mal connu et non contrôlé est pire que ses effets physiques.

Bien que les armes chimiques et biologiques aient des portées limitées soit dans l’espace soit dans leur mise en application, « ce sont les armes de la terreur par excellence », affirme Simon Wessely, professeur de psychiatrie à Londres, dans un éditorial de la revue BMJ.

« En suscitant l’effroi, la confusion et un futur incertain », ces armes, selon Wessely, constituent un instrument de vengeance d’ordre psychologique. Leurs effets se présentent sous deux aspects, l’un aigu l’autre à long terme. « Il est normal de s’attendre à un état de panique générale si de telles armes sont effectivement utilisées ou même juste envisagées », poursuit-il.

Le chercheur reconnaît qu’il est difficile de prévoir la façon dont va se matérialiser cette peur mais il rappelle que l’on connaît déjà une réaction psychologique qui commence à se matérialiser, c’est ce qu’il nomme la ‘maladie sociologique de masse’.

Le 29 septembre 2001, 16 collégiens de Washington et un professeur ont été admis à l’hôpital à la suite de fumées colorées ayant suscité une panique provoquée par la crainte d’une attaque bio terroriste.

Le 3 octobre, plus de 1000 étudiants de différents pays ont cru ressentir des symptômes grippaux à la suite de rumeurs d’attaques bioterroristes et ont investi les cliniques.

Le 9 octobre, un homme a reçu une vaporisation d’une substance inconnue dans le métro du Maryland, ce qui a conduit 35 personnes à se plaindre soudainement de nausées, de maux de tête et de gorge. En fait, le vaporisateur contenait du lave vitres.

Wessely met également en garde les autorités de sécurité sur les dangers de la propagation et de l’amplification des peurs pouvant avoir un impact considérable sur le psychisme. Il dit par exemple que « la mise en place de capteurs chimiques dans le métro de Washington peut engendrer des désordres du système de transport plus importants que l’attaque elle-même ». Plus de 4000 alertes ont été enregistrées lors de la guerre du golfe et aucune n’a été réelle », ajoute-t-il.

Le climat général de malaise existant aujourd’hui et l’anxiété présente depuis notamment la guerre du golfe (pour laquelle aucune publication n’a d’ailleurs été publiée quant à ses conséquences psychologiques, sociales ou politiques, note Wessely) va exacerber les désordres psychiatriques et augmenter les risques de maladies sociales de masse, selon Wessely.

« L’incertitude, la frustration et d’autres facteurs engendrés par ces menaces terroristes, ont besoin d’être pris en charge par les pouvoirs publics », préconise-t-il.

Source : BMJ2001 ;323 :878-9.

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