Vaccin de Pfizer - BioNTech : le NEJM publie l’étude phase 3 et salue un triomphe

Vaccin de Pfizer - BioNTech : le NEJM publie l’étude phase 3 et salue un triomphe Le « New England Journal of Medicine » a publié le 8 décembre dernier l’étude de phase 3 du vaccin BNT162b2 contre la Covid-19. Dans son éditorial, la prestigieuse revue salue des résultats impressionnants et évoque même un triomphe en considérant la vitesse de conception et déploiement à grande échelle de ce nouveau type de vaccin. Cette publication intervient le même jour que la mise en ligne d’une analyse publique des données de l’étude par la FDA qui donnera donnera son feu vert deux jours plus tard pour une mise sur le marché américain.

Protéger contre les formes symptomatiques de la covid-19

Si les premiers essais cliniques ont montré que le vaccin BNT162b2 pouvait induire une immunité à la fois humorale et cellulaire, l’enjeu de l’étude de phase 3 était de savoir si le vaccin protégeait d’une infection symptomatique du Coronavirus SARS COV2.

La conception et le déroulement de l’essai ont été confiés à PFIZER qui s’est également chargée de la rédaction du protocole, de la collecte, de l’analyse et de l’interprétation des données.

BioNTech a financé l’étude, a fabriqué le BNT162b2 et a contribué à l’interprétation des données et à la rédaction du protocole. « Toutes les données de l’essai ont été mises à la disposition de tous les auteurs, qui se portent garants de leur exactitude et de leur exhaustivité, ainsi que du respect du protocole de l’essai. » expliquent les auteurs de l’analyse. Les données de sécurité et d’efficacité ont par ailleurs été contrôlées par un comité de contrôle indépendant.

Un essai contrôlé de phase 3, en double aveugle, randomisé

Entre le 27 juillet 2020 et le 14 novembre 2020, 44 820 personnes ont été dépistées, et 43 548 personnes âgées de 16 ans ou plus ont été recrutées dans 152 sites répartis dans le monde, dont 130 aux USA, 9 en Turquie, 6 en Allemagne. 1272 personnes ne correspondaient pas aux critères d’inclusion et ont donc été écartées de l’étude.

43 448 participants âgés de 16 ans et plus et sans preuve d’une infection préalable par le coronavirus SARS COV 2 ont reçu deux injections après avoir été répartis dans 2 groupes. 21 720 participants ont reçu le BNT162b2 et 21 728 un placebo. Les deux groupes ont reçu deux injections intramusculaires de 30 µg espacées de 21 jours.

Les 2 mois de données de sécurité et de tolérance ont pu être collectés sur 37 706 participants à la date du 9 octobre. Dans ce groupe, 49 % étaient des femmes, 83 % étaient de race blanche, 9 % étaient noirs ou afro-américains, 28 % étaient Hispaniques ou latinos, 35 % étaient obèses (IMC> 30) et 35 % étaient en surpoids. 21 % présentaient au moins un facteur de comorbidité. L’âge médian était de 52 ans, et 42 % des participants avaient plus de 55 ans. Les femmes enceintes et les personnes immunodéprimées n’ont pas été incluses dans l’essai.

Les participants devaient consigner dans des journaux électroniques accessibles à l’aide d’un navigateur web la survenue de symptômes évocateurs de la Covid-19 ainsi que tout effet indésirable.

Les résultats de l’étude se basent sur la sécurité et l’incidence de Covid-19 symptomatique, dont l’apparition se produisait au moins une semaine après la deuxième dose de vaccin ou de placebo.

Une efficacité de 95 % confirmée après 2 doses

8 cas de Covid-19 ont été observés dans le groupe du vaccin, contre 162 dans le groupe placebo, ce qui positionne le niveau d’efficacité du vaccin à 95 % avec un intervalle de confiance de 90,3 à 97,6 %.

Si l’analyse a été poussée pour étudier l’efficacité dans des sous-groupes en fonction de la présence de facteur de comorbidité, de l’obésité, de l’âge, du sexe et de l’origine ethnique, aucune différence statistiquement significative n’a été constatée par rapport à la population générale y compris pour les plus de 55 ans, particulièrement touchés par les formes graves de la covid-19.

Entre la première et la deuxième injection, 39 cas de Covid-19 ont été diagnostiqués dans le groupe vaccin contre 82 cas dans le groupe placebo, ce qui donne une efficacité du vaccin de 52 % (IC 95 %, 29,5 à 68,4) 12 jours après la première dose.

Sur les 10 cas de formes graves détectés, 9 se sont produites dans le groupe placebo vs 1 dans le groupe vaccin, ce qui tend à montrer que le vaccin protège de toutes les formes de la covid-19.

Un schéma de tolérance similaire à celui d’autres vaccins

Pour les éditorialistes du NEJM, la tolérance et la sécurité du vaccin sont conformes à d’autres vaccins viraux et ne suscite pas d’inquiétudes particulières au regard du nombre de participants et de la durée de suivi.

Selon la FDA, les effets indésirables les plus fréquemment identifiés étaient les réactions au point d’injection (84,1 %), la fatigue (62,9 %), les maux de tête (55,1 %), les douleurs musculaires (38,3 %), les frissons (31,9 %), les douleurs articulaires (23,6 %) et la fièvre (14,2 %).

Concernant la survenue d’effets indésirables graves, l’incidence était de 0,6 dans le groupe vaccin contre 0,5 % dans le groupe placebo.

Si deux personnes sont décédées dans le groupe vaccin et 4 dans le groupe placebo pendant la durée du suivi, aucun de lien de causalité avec le vaccin n’a pu être identifié.

Un triomphe et des limites

Les éditorialistes du NEJM saluent un triomphe pour la recherche et soulignent l’extraordinaire rapidité avec laquelle ce nouveau type de vaccin a pu être conçu, testé et déployé à grande échelle.

Néanmoins ils pointent un certain nombre de limites inhérentes au design même de l’étude :

  • Sa puissance statistique est trop faible pour tirer des conclusions définitives sur la capacité du vaccin à protéger des formes graves de la Covid-19 et pour déceler tous les effets indésirables rares qui ne manqueront pas de se produire lorsque plusieurs millions de personnes auront été vaccinées.
  • Cette étude ne permet pas d’établir la protection du vaccin contre les formes asymptomatiques de la Covid-19
  • Elle laisse également en suspens la question de la protection des enfants, des femmes enceintes et des personnes immunodéprimées qui n’ont pas incluses dans l’essai
  • Elle ne nous renseigne en rien sur la durée de protection qu’apporte le vaccin ni sur sa capacité à réduire les risques de contamination
« Ce succès spectaculaire nous offre deux promesses : sauver un nombre incalculable de vies et de nous permettre de sortir de ce qui a été une catastrophe mondiale. » Eric J. Rubin et Dan L. Longo

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