Plus l’oxygène pendant et après l’opération réduit l’incidence des infections des plaies chirurgicales

L’administration supplémentaire d’oxygène au masque pendant l’intervention et les deux heures qui suivent est une méthode pratique pour réduire l’incidence des infections des plaies chirurgicales, rapporte une équipe d’anesthésistes et réanimateurs américains, autrichiens et allemands dans la dernière livraison du New England Journal of Medicine.

Utilisée chez des patients devant subir une chirurgie colorectale, cette stratégie de supplémentation en oxygène, simple, peu coûteuse et dénuée d’effets secondaires, a permis de réduire de moitié l’incidence des plaies chirurgicales infectées, une des complications les plus fréquentes après chirurgie.

On estime entre 9 % et 27 % l’incidence de cette complication infectieuse après chirurgie colorectale. Les facteurs qui influencent son incidence sont le site et la complexité de l’acte chirurgical, les pathologies sous-jacentes du patient, l’emploi ou non d’antibioprophylaxie, la température du patient au cours de l’intervention, la présence ou l’absence d’une hypovolémie, le degré de contrôle de la douleur post-opératoire, la tension en oxygène dans les tissus.

Toutes les plaies perturbent l’apport vasculaire en ce sens qu’elles causent des dommages et des thromboses des vaisseaux. Il en résulte une hypoxie locale. La tension en oxygène dans les plaies est ainsi souvent inférieure à 30 mm Hg. Or la résistance aux infections dépend de la pression partielle en O2 dans la plaie et on sait que la bactéricidie oxydative des neutrophiles est dépendante de la production de radicaux libres oxygénés.

D’où l’idée du Dr Daniel Sessler (Université de Californie San Francisco) et ses collègues de l'hôpital général de Vienne (Autriche) et l'hôpital Eppendorf de habourg (Allemagne) d’améliorer la tension en oxygène dans les tissus en augmentant la concentration en oxygène inspiré.

Ces investigateurs ont randomisé 500 patients devant subir une résection colorectale pour recevoir 30 % ou 80 % d’oxygène inspiré pendant l’opération et au cours des deux heures suivantes.

L’anesthésie a été standardisée et tous les patients ont reçu un traitement antibiotique prophylactique. Un protocole en double aveugle a été utilisé, les plaies étant évaluées quotidiennement jusqu’à la sortie du patient puis lors d’une consultation deux semaines après l’intervention chirurgicale. Les auteurs ont considéré comme infectées des plaies suppurées avec culture positive.

La saturation artérielle en oxygène était normale dans les deux groupes, la pression partielle en O2 artérielle et sous-cutanée étant significativement plus élevée chez les patients recevant 80 % d’oxygène que 30 %.

Parmi les 250 patients qui ont reçu 80 % d’oxygène, 13 ont développé une infection de la plaie chirurgicale, soit 5,2 % d’entre eux [IC 95 % : 2,4 % à 8,0 %]. Ils étaient 28 patients dans ce cas dans le groupe recevant 30 % d’oxygène, soit 11,2 % [IC 95 % : 7,3 % à 15,1 %], p=0,01.

Cette réduction de moitié du taux d’infections des plaies chirurgicales correspond ainsi à une différence absolue entre les deux groupes de 6 % [IC 95 % : 1,2 à 10,8 %].

Cette étude vient s’ajouter à un travail publié en novembre dernier par cette même équipe dans la revue Anesthesiology montrant qu’une supplémentation en oxygène réduit de moitié l’incidence des nausées et vomissements post-opératoires. Le mécanisme par lequel l’oxygène réduit l’incidence de ces désagréments digestifs après chirurgie est inconnu, mais pourrait être lié à une discrète ischémie intestinale.

Source : The New England Journal of Medicine, 20 janvier 2000, Vol.342, N°3, 342 : 161-7, 202-3.

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