La prise en charge médicamenteuse non optimale des patients ayant des symptômes dépressifs

La prise en charge médicamenteuse de patients présentant des symptômes dépressifs n’est pas toujours optimale, conclut une étude française, prospective et comparative, mise en place sur le site de l’hôpital (CHRU) de Rennes et du centre hospitalier spécialisé en psychiatrie (CHSP). Publiée dans la dernière livraison de la Presse Médicale, cette étude indique qu’il « est probable que les erreurs d’appréciation sur les antidépresseurs sont courantes ».

Les DR S. Schück et ses collègues du laboratoire de pharmacologie expérimentale et clinique, du département d’information médicale, et du département de santé publique, (CHRU Rennes) rappellent que, depuis plusieurs décennies, toute une série d‘arguments et de preuves ont montré l’importance des syndromes dépressifs en terme de santé publique. La consommation de psychotropes et en particulier d’antidépresseurs est jugée excessive. « Pourtant, notent-ils, une banalisation de la prescription des antidépresseurs est régulièrement dénoncée. Ces mauvaises adéquations entre les traitements et leurs indications officielles concernent la population des prescripteurs hospitaliers, jusque-là peu étudiée dans ses processus de prescripteurs ».

Les auteurs ont mené une enquête prospective comparative entre médecins hospitaliers prescripteurs d’antidépresseurs, psychiatres (dont les processus ont été considérés a priori par les auteurs de l’étude comme étant les processus de référence) et non psychiatres.

Ont été retenus pour l’étude les services cliniques du CHRU Pontchaillou de Rennes avec un niveau de prescription sur l’année 1997 supérieur à 400 unités par an, l’exhaustivité des prescripteurs non psychaitres de ces services, les PU-PH, les chefs de cliniques assistants (CCA), les internes, les PH à temps complet et à temps partiels, les prescripteurs étrangers.

Les résultats des analyses statistiques, uni et multivariées, ont identifié des différences dans les processus, sur la durée d’examen, l’emploi d’une échelle d’évaluation pour le diagnostic, les raisons du choix des antidépresseurs, le type de molécule associé à la prescription (les psychiatres associent plus fréquemment des neuroleptiques), et le niveau global de connaissance sur les prises en charge de la maladie dépressive.

Au total, les résultats de cette étude ont donc mis en évidence des différences de pratique entre les prescripteurs non psychiatres et les référents psychiatres.

« Nous ne pouvons extrapoler nos résultats, mais il est probable que les erreurs d’appréciation sur les antidépresseurs sont courantes dans le monde médical et illustrent la distorsion entre une prescription théorique et sa réalisation pratique », concluent les auteurs rennais.

Source : La Presse Médicale, 26 février 2000, Vol.29.N°7, 357-62.

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