Les réactions aux médicaments seraient responsables de plus de 134.000 hospitalisations chaque année en France.

Selon une étude réalisée par des pharmacologues français, les effets indésirables des médicaments sont responsables de 3,19 % des admissions en hôpital. Cette étude, parue dans le British Medical Journal, confirme que le risque est plus élevé pour les femmes et les personnes âgées.

Cette enquête est la première étude prospective nationale réalisée dans le domaine. Les auteurs de cette publication sont P. Pouyanne, F. Haramburu, B. Bégaud (Université Victor Ségalen de Bordeaux) et J. L. Imbs (Centre de pharmacovigilance d'Alsace).

Les auteurs ont recensé et analysé les cas d'admission en services hospitaliers causés par la prise de médicaments. Les données ont été recueillies entre le 2 mars et le 20 avril 1998 auprès de 62 services de médecine regroupant 33 hôpitaux publics.

Pendant cette période, 3137 patients ont été admis. Au total, 3,19 % des sujets avaient été admis en raison d'une réaction médicamenteuse. Ces patients étaient significativement plus âgés que ceux admis pour d'autres raisons et la proportion de femmes était plus importante. Les résultats montrent que l'incidence des admissions causées par la prise de médicaments augmente avec l'âge des sujets.

Parmi ces cas, les complications gastro-intestinales étaient les plus fréquentes (27 %) : les AINS et les anticoagulants ont été responsables de saignements gastro-intestinaux et d'hémorragies.

Ainsi, 193 médicaments ont été identifiés comme la cause des admissions : les stimulants cardiaques et les anti-arythmiques étaient les plus fréquents suivis par les anticancéreux et les anti-hypertensifs.

Sur les 100 patients hospitalisés pour cette raison, 9 ont eu des séquelles irréversibles et 9 sont décédés des causes directes des effets du médicament.

L'extrapolation de ces résultats en fonction du nombre d'admissions annuelles indique que plus de 134.000 (97.382 à 170.777) admissions sont dues chaque année aux effets secondaires des médicaments. Ceci représenterait en moyenne plus de1.285.000 jours d'hospitalisation.

Dans leur conclusion, les pharmacologues précisent que ces données nationales sont comparables à celles des Etats Unis et de l'Australie. De plus, ces résultats confirment que l'âge et le sexe féminin sont des facteurs de risque. Cependant, les réactions aux médicaments ne représentent, en terme de morbidité, que 10 % des effets secondaires observés à l'hôpital. Enfin, les auteurs soulignent que beaucoup de ces effets indésirables n'aboutissent pas à une hospitalisation.

Source : BMJ 2000;320:1036

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