Embolie pulmonaire et thrombose veineuse profonde : les bénéfices de l'aspirine

L'aspirine permet de réduire d'au moins un tiers le risque d'embolie pulmonaire et de thrombose veineuse profonde chez les patients à risque. Ce résultat, publié dans le Lancet, confirme les conclusions d'une précédente méta-analyse. Cependant, dans un commentaire accompagnant l'article, le professeur H. Sors (Hôpital Laennec) souligne que cette étude n'a pas comparé les bénéfices de l'aspirine à ceux des héparines de bas poids moléculaires ou HBPM.

Concernant le risque d'embolie pulmonaire et de thrombose veineuse profonde, l'effet préventif des anti-agrégants plaquettaires avait été évalué dans plusieurs études. Ces résultats, pris individuellement, n'avaient pas permis d'aboutir à une conclusion définitive. Une méta-analyse basée sur l'analyse de ces travaux a cependant montré l'intérêt de cette thérapie.

Afin de confirmer ou réfuter ce résultat, un groupe international (Pulmonary Embolism Prevention (PEP) Trial Collaborative Group) a évalué les bénéfices de l'aspirine dans la prévention de ces deux affections chez des patients à risque.

Entre 1992 et 1998, 13.356 patients opérés d'une fracture de la hanche et ont été inclus dans cette étude. Ils provenaient de 148 hôpitaux de Nouvelle Zélande, d'Afrique du Sud, de Suède et d'Angleterre. De plus, 4.088 autres patients néo-zélandais bénéficiant d'une arthroplastie ont participé à l'étude.

Les patients ont été répartis de façon aléatoire en deux groupes : un groupe a reçu de l'aspirine (160 mg/jour) avant et pendant 35 jours après l'opération, l'autre groupe a reçu un placebo.

Parmi les patients opérés de la hanche, l'aspirine a entraîné une réduction de 43 % et 29 % des embolies pulmonaires et des thromboses veineuses profondes. Selon les auteurs, l'aspirine a permis d'empêcher 4 embolies pulmonaires fatales pour 1000 patients, ce qui représente proportionnellement une réduction de 58 %. L'aspirine n'a pas eu d'effet sur les décès dus à d'autres affections.

Dans le groupe ayant subi une arthroplastie, le risque de thrombose veineuse était plus réduit mais les effets de l'aspirine ont été comparables à ceux trouvés dans l'autre groupe.

En conclusion, les auteurs indiquent que l'aspirine devrait être considérée comme un traitement préventif de routine pour les patients présentant un risque élevé de thrombose veineuse.

En commentant cette étude, le Pr Sors ne remet aucunement en cause les résultats mais précise qu'ils restent insuffisants pour définir de nouveaux traitements notamment après la sortie de l'hôpital. En effet, il souligne que les HBPM n'ont pas été évaluées dans ces travaux. De ce fait, cette étude ne permet pas de recommander l'usage de l'aspirine plutôt qu'un autre traitement. Selon lui, de futures recherches permettront de définir la meilleure stratégie à adopter, "spécialement la meilleure façon de continuer cette prophylaxie après la sortie".

Source : Lancet 2000;355:1295-302, 1288-89

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