De l'importance de la lutte contre les MST dans une stratégie de prévention du VIH

Le contrôle des maladies sexuellement transmissibles est une priorité pour la prévention du VIH-1. La lutte contre les MST, qui facilitent la transmission du VIH, est la seule procédure ayant permis de réduire l'incidence du VIH-1 en Afrique lors d'essais randomisés et contrôlés. Cette semaine, une étude publiée dans le Lancet analyse les résultats de deux campagnes de prévention et de traitement des MST en Tanzanie et en Ouganda.

Il semble maintenant acquis que certaines MST facilitent la transmission du VIH. La mise en place de services de traitement des MST pourrait donc limiter la propagation du virus. Cette stratégie de lutte indirecte contre l'épidémie a été évaluée au cours de deux essais menés dans la région de Mwanza (Tanzanie) et dans le district de Rakai en Ouganda.

Ces études ont été menées par les équipes du Dr Grosskurth (London School of Hygiene and Tropical Medicine) et du Pr Gray ( Johns Hopkins School of Public Health de Baltimore).

Le dispositif de soins mis en place à Mwanza permettait un accès aux soins constant et axé sur le traitement et la prévention des MST. Ce dispositif a été testé chez dans communautés rurales et l'incidence du VIH à l'issue de cette campagne a été comparée à celle de 6 villages contrôles.

Dans l'essai de Rakai, des épisodes répétés de traitement de masse contre les MST ont été réalisés ; les traitements étaient fournis directement aux intéressées à leur domicile. Ici encore, les conséquences de cette procédure ont été comparées à ceux d'une population témoin.

Ces deux dispositifs de soins ont conduit à des résultats différents. L'incidence du VIH-1 a diminué à Mwanza mais pas à Rakai. Les auteurs ont noté toutefois une diminution du nombre de cas de MST dans les deux études.

Selon les auteurs, ces résultats ne sont pas contradictoires mais plutôt complémentaires.

Plusieurs hypothèses semblent expliquer cette différence. Tout d'abord, l'épidémie étant plus avancée à Rakai, l'importance des autres MST dans la transmission du VIH est sûrement plus limitée. Par ailleurs, la forte prévalence de MST non traitables (herpès génital) à Rakai peut expliquer le manque d'efficacité de la lutte anti-MST sur le contrôle du VIH-1 dans cette région. Enfin, le dispositif de soins à Rakai ne permettait pas le traitement des sujets symptomatiques (degré d'inflammation accru) entre les les épisodes de traitements massifs, ce qui a pu favoriser la transmission du VIH-1. Il se pourrait enfin que des services de soins permanents, tel que celui de Mwanza, soient plus efficaces que des traitements ponctuels et massifs.

Ces deux études ont confirmé l'importance que peuvent jouer les MST dans la propagation du VIH et ont montré que des moyens de lutte contre ces maladies pouvaient diminuer l'incidence du VIH-1 dans des régions où l'épidémie est encore relativement limitée.

Comme le soulignent les auteurs, le contrôle des MST est donc un enjeu majeur de la lutte contre le SIDA et doit attirer toute l'attention des gouvernements et populations concernés, notamment en Afrique.

Source : Lancet 2000;355:1981-1987

Descripteur MESH : Lutte , VIH Virus de l'Immunodéficience Humaine , Incidence , Afrique , Essais , Tanzanie , Ouganda , Maladies sexuellement transmissibles , Soins , Virus , Prévalence , Population , Inflammation , Herpès génital , Herpès , Baltimore , Attention

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