Lycopène et santé : un avenir prometteur…

C'est lui qui donne leur belle pigmentation rouge aux tomates mûres, aux pastèques et aux pamplemousses roses. Longtemps utilisé comme simple colorant par l'industrie agro-alimentaire, il connaît aujourd'hui son heure de gloire. Voilà qu'il s'avère être un puissant antioxydant et qu'il pourrait protéger du cancer et des maladies cardio-vasculaires ! Au point que l'on tente de manipuler génétiquement les tomates pour les enrichir en ce précieux caroténoïde…

Le plus antioxydant de tous les caroténoïdes

Petit "cours de biochimie" : le lycopène un caroténoïde acyclique avec 11 dou-bles liaisons en configuration trans (mais des isomères cis existent). De tous les caroténoïdes, son activité antioxydante est la plus puissante. Il est synthétisé par désaturations successives à partir du phytoène, sous l'action de deux désaturases dont les gènes ont été récemment clonés, ouvrant la voie à de possibilités de créations de variétés de tomates à forte teneur en lycopène. Puisque nous ne savons pas synthétiser les caroténoïdes, c'est l'alimentation qui nous les fournit. 85% du lycopène que nous ingérons proviennent des tomates et de leurs dérivés (sauces, jus, soupes, ketchup). Le reste est apporté par les pamplemousses roses, les pastèques et, pour les amateurs de fruits exotiques, les goyaves et les papayes.

Des interactions complexes

La biodisponibilité du lycopène dépend de plusieurs facteurs. Il est mieux absorbé quand les aliments sont cuits et quand l'alimentation est riche en lipides. Les formes cis (que l'on trouve dans les produits transformés issus des tomates) ont une meilleure biodisponibilité que les formes trans, car plus solubles dans les sels biliaires et mieux incorporées dans les chylomicrons.

Autre paramètre important : chacun des caroténoïdes pourrait antagoniser l'assimilation des ses congénères. Ainsi, la canthaxantine inhibe l'absorption du lycopène.

Une fois dans la circulation, le lycopène est véhiculé par les lipoprotéines : VLDL et chylomicrons d'abord, HDL et LDL ensuite (les LDL en contiennent le plus). Quant aux concentrations sériques, elles varient considérablement selon les individus (de 50 à 900 nM). Il se répartit un peu partout dans l'organisme mais se concentre particulièrement dans les surrénales et les testicules, sans qu'on sache très bien pourquoi…

Plus de tomates et… moins de cancers

Pourquoi tant d'intérêt aujourd'hui pour ce composé ? D'abord pour des raisons épidémiologiques. De nombreuses études montrent une corrélation inverse entre la consommation de tomates et la survenue de divers cancers (prostate, tractus digestif, vessie, peau, sein, cancers cervicaux) et des maladies cardiovasculaires. Comme toujours il s'agit de corrélations et non de relations "de cause à effet". Le lycopène n'est peut être pas le seul composé protecteur des tomates et consommer ce caroténoïde en quantité ne protège pas forcément contre le cancer ou l'infarctus… Attendons prudemment d'autres études.

Les autres arguments sont de nature biochimique. Le lycopène inhibe la croissance de cellules cancéreuses en culture. Il induit la formation de "gap jonctions", améliorant ainsi la communication entre les cellules, ce qui peut représenter un mécanisme protecteur contre le cancer, indépendant de ses propriétés antioxydantes. En revanche, ce sont certainement ces dernières qui sont à l'origine de l'effet cardio-protecteur du lycopène qui réduirait l'oxydation des LDL athérogènes.

Un candidat sérieux

Aucun doute : le lycopène est un candidat sérieux pour la prévention nutritionnelle. Même si de nombreux points restent à éclaircir : les facteurs influençant son assimilation, son métabolisme et le rôle de ses dérivés, les mécanismes directs et indirects de modulation de la cancérogenèse, les raisons de son accumulation dans certains tissus, ses effets sur le système immunitaire et enfin, des preuves réelles fournies par des études d'intervention. Les tomates n'ont pas encore livré tous leurs secrets !

D'après : Is lycopene benficial to human health, Bramley P.M., Phytochesmistry 54 (2000) 233-236

Dr Thierry Girault

- Septembre 2000 - Source APRIFEL (Equation-Nutrition n°8)

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