Confinement : la consommation de médicament s’effondre en médecine de ville

Confinement : la consommation de médicament s’effondre en médecine de ville Selon une étude du groupement d’intérêt scientifique (GIS) EPI-PHARE constitué par l’ANSM et la CNAM, la dispensation sur ordonnance en pharmacie d’officine de médicaments remboursés a été profondément modifiée durant les 8 semaines de confinement et la première semaine post-confinement. L’étude met en lumière une chute importante de l’instauration de nouveaux traitements notamment dans le cadre de pathologie cardio-vasculaire ou du diabète, de la vaccination, de l’antibiothérapie et des actes médicaux à visée diagnostique. Elle corrobore l’hypothèse d’une chute de l’activité de la médecine de ville, en dépit de la forte augmentation du nombre de téléconsultations.  

L’étude a consisté à analyser pas moins de 725 millions d’ordonnances prescrites en médecine de ville pour comparer dans 58 classes thérapeutiques, le nombre de patients attendus au nombre de patients ayant effectivement reçu une délivrance de médicaments dans une pharmacie d’officine durant les 9 semaines qui ont suivi le début du confinement.

L’instauration de traitements pour de nouveaux patients en chute libre

Durant la période étudiée, le nombre de patients ayant initié un traitement médicamenteux des maladies cardio-vasculaires et/ou du diabète a diminué de façon spectaculaire :

  • Traitements antihypertenseurs: -39 % correspondant à 105 000 personnes n’ayant pas débuté un traitement pendant le confinement
  • Traitements antidiabétiques : -48,5 %, soit environ 37 500 diabétiques potentiels non dépistés et non traités. Pour l’insuline la baisse atteint -33 %, ce qui correspond à environ 10 000 diabétiques dont le traitement par hypoglycémiants oraux n’a pu être renforcé ou remplacé par de l’insuline
  • Statines: -49 % soit environ 70 000 personnes non traitées
  • Antithrombotiques non antiagrégant plaquettaires : — 50 % soit 138 000 personnes non traitée

Pour les traitements antidépresseurs, la baisse des instaurations thérapeutiques était de -43 % correspondant à 120 000 personnes n’ayant pas débuté un traitement antidépresseur par rapport à ce qui était attendu.

700 000 vaccins à rattraper

Pour l’ensemble des 8 semaines de confinement, le nombre de vaccins non réalisés et à rattraper concerne 44 000 nourrissons pour les vaccins penta/hexavalents des 3 à 18 mois, 90 000 personnes de tous âges pour les vaccins anti-HPV, 123 000 pour le ROR et 450 000 pour les vaccins antitétaniques destinés aux rappels des enfants, adolescents et adultes.

Ces chiffres inquiétants ont conduit la HAS à lancer un appel à reprendre d’urgence les vaccinations, en priorité chez les nourrissons et les personnes fragiles.

La HAS invite les personnes qui ont dû reporter leurs vaccinations ou celles de leurs enfants et nourrissons, à consulter leur médecin traitant ou leur pédiatre rapidement. En parallèle, elle invite les professionnels de santé à vérifier systématiquement les vaccinations de leurs patients afin de déclencher un rattrapage si nécessaire. La HAS attire l’attention sur les populations fragiles pour lesquelles des recommandations particulières figurent au calendrier vaccinal [1] (personnes avec maladies chroniques, immunodéprimées, personnes âgées, femmes enceintes…).

755 000 actes à visée diagnostique n’ont pas été pratiqués

D’une manière plus générale, les traitements nécessitant le recours physique à un professionnel de santé se sont effondrés :

  • -25 % pour les traitements anti-VEGF, soit 60 000 délivrances de produit à injecter en intra- vitréen par un ophtalmologiste
  • -68 % pour les inducteurs d’ovulation, soit 50 000 personnes non prises en charge dans le le domaine de la procréation médicalement assistée
  • 30 000 femmes en moins pour la contraception d’urgence et 23 000 pour les dispositifs intra-utérins soit une baisse de 27 %
  • 180 000 coloscopies, 375 000 scanners, 200 000 IRM n’ont pas été réalisés durant le confinement soit une baisse de 52, 30 et 35 % respectivement. Ces actes indispensables pour diagnostiquer certains cancers ou maladies graves pourraient entraîner des retards de prise en charge et une perte de chance pour de nombreux patients.

2 millions de traitements antibiotiques en moins

Durant les 8 semaines du confinement, la consommation d’antibiotiques polyvalents a chuté de -30 % à -40 % par rapport à une consommation habituelle d’avril et mai. Cette baisse, particulièrement marquée chez les enfants (-75 % en semaine 16 parmi les moins de 20 ans) s’explique probablement par la fermeture des crèches et des écoles et par les difficultés d’accès aux pédiatres et aux médecins généralistes.

Au total, le déficit du nombre de patients traité est évalué à près de 2 millions de personnes pour les antibiotiques de la classe J01. Pour l’agence, cet effondrement est sans précédent.

 

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