Maladie coronarienne et tabagisme : le risque est encore plus élevé pour certains fumeurs

Une forme du gène du gène de l'apolipoprotéine E (apoE), lorsqu'elle est portée par des fumeurs, augmente encore plus le risque de maladie coronarienne. Ceci est la conclusion d'une étude menée pendant 8 ans sur environ 3.000 hommes. Les résultats confirment que le tabac augmente le risque de maladie coronarienne mais ils indiquent également que le risque est encore plus élevé si les fumeurs sont porteurs de l'allèle ε4 du gène APOE.

Ces résultats sont présentés dans le dernier Lancet par Humphries et al.. Ces auteurs rappellent qu'il existe plusieurs isoformes de l'apolipoprotéine E (E2, E3, E4) et que ces variations ont un effet important "sur la concentration de lipide dans le plasma et sur le risque de maladie coronarienne".

L'objectif de ces auteurs était d'étudier dans quelle mesure le génotype du gène APOE pouvait modifier le risque de maladie coronarienne chez des fumeurs.

Ces chercheurs ont étudié un groupe de 3.052 hommes âgés de 50 à 61 ans. Leur consommation initiale de tabac était évaluée par un questionnaire et remise à jour chaque année. Les fumeurs étaient définis comme ceux qui fumaient au moins une cigarette par jour pendant un an. Le suivi était d'environ 8 ans (18.836 personne.années).

Le nombre d'évènements coronariens survenus au cours du suivi a été déterminé ainsi que le génotype APOE des participants.

Pour chaque année de suivi, l'incidence des épisodes coronariens était de 5,1 pour 1.000, 7,5 pour 1.000 et 12,1 pour 1.000 pour les non-fumeurs, les ex-fumeurs et les fumeurs.

Les facteurs de risque coronariens connus ont été pris en compte pour calculer le risque relatif d'événement coronarien. Par rapport à ceux qui n'avaient jamais fumé, le risque était multiplié par 1,18 pour les ex-fumeurs et par 1,73 pour les fumeurs. Ces augmentations du risque atteignaient le seuil de signification statistique.

De plus, chez les hommes porteurs de l'allèle ε4, le risque était 2,79 fois plus élevé (IC 95 = 1,59-4,91), même lorsqu'on prenait en compte les autres facteurs de risque. Par contre, les ex-fumeurs porteurs de cet allèle avaient un risque identique à ceux qui n'avaient jamais fumé, ce qui suggère que le risque soit réversible avec l'arrêt du tabac.

D'après les chercheurs, les hommes porteurs d'au moins une copie de l'allèle ε4 représentent environ 25 % de la population.

"Le résultat intéressant de cette étude est que l'effet est indépendant du taux de cholestérol. Cela veut dire que, quel que soit votre taux de cholestérol, si vous avez la version ε4 et que vous fumez, le risque est élevé", commente le Professeur Steve Humphries (University collège London) qui a dirigé ce travail.

Source : Lancet 2001;358:115-9. University College London.

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