Une technique innovante pour le dépistage du cancer ovarien

Dans un article publié en avance sur le site de la revue The Lancet, des chercheurs américains décrivent une technique extrêmement sensible et non invasive pour le dépistage du cancer des ovaires. Cette technique fait appel à la bioinformatique et est basée sur l'analyse dans le sérum du profil protéique afin de distinguer les pathologies néoplasiques des pathologies non néoplasiques.

Les résultats présentés par Petricoin et al. paraissent particulièrement encourageants pour le dépistage des cancers ovariens à un stade précoce. Comme le rappellent ces auteurs, cette maladie est souvent détectée à un stade avancé. C'est le cas de 80 % des patientes avec un taux de survie à 5 cinq ans de 35 % seulement. Lorsque le cancer ovarien est dépisté à un stade I, la survie dépasse 90 %, ajoutent Petricoin et al..

Ces auteurs ont analysé les protéines sériques de bas poids moléculaire par spectrométrie de masse, une technique où les protéines sont séparées en fonction de leur masse et de leur charge électrique. Les spectres de masse générés peuvent contenir des milliers de points de données qui rendent compte des protéines contenues dans le sérum prélevé. Le traitement de ces données brutes par un algorithme informatique a permis ensuite d'établir un "profil protéomique" utilisable pour le diagnostic.

Dans un premier temps, Petricoin et al ont cherché à identifier un profil discriminant : l'analyse du sérum de 50 patientes non malades et de 50 patientes avec un cancer ovarien a pu conduire à l'idenfication d'un profil capable de distinguer complétement les cas de cancers des cas non cancéreux. Ce profil discriminant correspondait à l'abondance relative de 5 à 20 protéines clés qui différenciaient les cas de cancers avec le plus de précision.

Le profil discriminant obtenu a été ensuite utilisé pour tester en aveugle 116 autres prélèvements sanguins : 50 provenaient de patientes avec un cancer des ovaires et 66 de patientes sans cancer ou avec des troubles non néoplasiques.

Les 50 cas de cancers ovariens (dont 18 stades I) ont été correctement identifiés. Parmi les 66 autres cas, 63 cas ont été reconnus comme non cancéreux.

"Ce résultat a donné une sensibilité de 100 % (IC 95% = 93-100), une spécificité de 95 % (87-99), et une valeur prédictive positive de 94 % (84-99)", écrivent Petricoin et ses collaborateurs.

En conclusion, les auteurs estiment que ces bons résultats justifient la mise en place d'un essai prospectif capable d'évaluer cette "technologie de profil protéomique" comme moyen de dépistage pour tous les stades du cancer ovarien dans des populations à risque mais aussi dans la population générale.

Source : Lancet 2002;359:572-77

Descripteur MESH : Gynécologie , Sérum , Tumeurs de l'ovaire , Protéines , Protéomique , Survie , Diagnostic , Informatique , Maladie , Population , Risque , Spectrométrie de masse , Taux de survie , Technologie , Temps

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