Désintoxication et héroïnomanie: les bénéfices de la méthadone

Les traitements de substitution à la méthadone donnent de meilleurs résultats que les cures de désintoxications conventionnelles. Dans une étude parue dans Journal of American Medical Association, des scientifiques ont comparé les résultats de ces deux traitements chez des personnes présentant une dépendance aux opiacés. Les traitements de substitution à la méthadone diminuent la consommation d'héroïne et les risques de transmission du VIH par échange de seringues. La consommation d'opiacés persiste cependant dans les deux groupes de patients mais avec une fréquence réduite.

Ces travaux ont été dirigés par le Dr S. Hall du Département de Psychiatry de l'Université de Californie (San-Francisco). Lors de cette enquête, les auteurs ont étudié le cas de 179 patients héroïnomanes ou dépendant des opiacés en général. Séparés en deux groupes, 91 d'entre eux ont suivi un traitement de substitution à la méthadone et 88 une cure de désintoxication classique.

Le traitement de substitution à la méthadone a duré 14 mois pendant lesquels les patients ont reçu une dose quotidienne de méthadone de 30 mg/jour (100 mg/jour au maximun). Ces patients ont suivi 1 heure de thérapie de groupe par semaine pendant les 6 premiers mois et 1 heure de thérapie individuelle par mois.

La cure de désintoxication a duré également 14 mois. Elle se décompose de la manière suivante: prise de méthadone pendant 6 mois avec diminution des doses les 2 derniers mois, 3 heures de thérapie par semaine (2 heures en groupes, 1 heure en entretien individuel), 14 sessions d'information et d'éducation, 1 heure de thérapie de groupe pendant 6 mois pour les cocaïnomanes et enfin 8 mois de suivi médical (thérapie de groupe et individuelle) sans méthadone.

Les participants au programme méthadone sur 14 mois ont plus suivi le traitement, avec une moyenne de 438 jours de traitement, contre 174 jours pour les patients en cure de désintoxication. La consommation d'héroïne pendant le traitement est plus faible chez les patients sous programme méthadone. Plus de 50 % des patients (les deux groupes confondus) continuent néanmoins à consommer de l'héroïne pendant le traitement mais moins fréquemment. Les risques de transmission du VIH par échange de seringues sont plus faibles chez ces patients mais les risques de transmission par voie sexuelle sont comparables dans les deux groupes. Les auteurs n'ont pas noté de différence significative en ce qui concerne le statut professionnel, familial et la consommation d'alcool dans les deux groupes.

Ces résultats semblent indiquer que les programmes de substitution à la méthadone constituent un moyen efficace pour traiter ces patients bien que la moitié d'entre eux continuent à consommer de l'héroïne. Cependant, ces programmes permettent de diminuer la consommation globale d'opiacés et limitent les risques de transmission du VIH lors d'échanges de seringues.

Source: Journal of American Medical Association (JAMA), March 8, 2000-Vol. 283; n°10: 1303-1310

Descripteur MESH : Méthadone , Patients , Héroïne , Seringues , VIH Virus de l'Immunodéficience Humaine , Personnes , Programmes , Association , Californie , Éducation , Entretien , San Francisco

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