Asthme : la prise régulière de salbutamol n'augmente pas la sévérité des symptômes

La prise régulière de salbutamol (principe actif de la ventoline) par des sujets asthmatiques n'est pas associée à une augmentation des épisodes d'exacerbation selon une étude publiée dans le Lancet. Ce résultat remet en question les conclusions de travaux antérieurs sur le possible effet à long terme d'un usage régulier des agonistes des récepteurs bêta-2 adrénergiques dans le traitement de l'asthme.

Des recherches précédentes semblaient indiquer que la prise régulière de bêta-2 à long terme pouvait conduire à une détérioration du contrôle de l'asthme.

L'étude TRUST (The Regular Use of Salbutamol Trial), menée par S. Dennis et plusieurs collaborateurs anglais, a évalué les effets d'un usage régulier de salbutamol par inhalation sur le contrôle de l'asthme chez une population sous médication.

Cet essai randomisé et en double aveugle a été conduit auprès de 983 patients asthmatiques qui prenait au moins deux fois par semaine un bêta-2 à courte durée d'action en association avec un corticoïde inhalé (moins de 2 mg) pour 90 % d'entre eux. Ces sujets étaient âgés de 18 ans et plus.

Les sujets ont été répartis en deux groupes : un groupe a reçu 400 µg de salbutamol 4 fois par jour pendant 12 mois et l'autre groupe a reçu un placebo (même durée et même fréquence). Il a été demandé aux patients de continuer la prise de leur bêta-2 habituel en cas de crise et de maintenir la posologie de corticoïdes (sauf en cas de crise) pour ceux qui étaient concernés.

Les auteurs ont déterminé la fréquence des épisodes d'exacerbation (selon les données rapportées par les patients) ainsi que l'augmentation de la posologie de corticoïdes.

Les résultats indiquent que la fréquence annuelle des épisodes d'exacerbation, leurs moments et leurs durées étaient comparables dans les deux groupes. La moyenne des débits expiratoires de pointe au réveil était également similaire dans les deux groupes.

Cependant, la moyenne des débits expiratoires de pointe au soir était plus élevée dans le groupe salbutamol. De plus, le recours à un bronchodilatateur en cas de crise était moins fréquent dans ce même groupe.

Les médecins du groupe TRUST estiment donc que la prise régulière de salbutamol (400 µg, 4 fois/j) pendant un an ne modifie pas la fréquence des crises d'asthme dans cette population.

Le Dr M. Sears (McMaster University, Canada) indique dans un commentaire qui accompagne la publication originale qu'aucune étude n'a montré que la prise régulière d'agoniste des récepteurs bêta-2 adrénergiques entraînait un bénéfice significatif. Comme l'avaient souligné les médecins de l'essai TRUST, il précise que l'usage des bêta-2 à courte durée d'action devrait se limiter au traitement des épisodes d'exacerbation : "Si la prise régulière d'un bronchodilatateur est nécessaire pour le contrôle de l'asthme, les bêta-2 à longue durée d'action doivent être préférés aux bêta-2 à courte durée d'action". Source : Lancet 2000;355:1675-79, 1658-59.

Descripteur MESH : Salbutamol , Asthme , Patients , Médecins , Population , Association , Canada , Commentaire , Placebo

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