Hydrocortisone : un bond en avant dans le traitement de la pneumonie aiguë communautaire

Hydrocortisone : un bond en avant dans le traitement de la pneumonie aiguë communautaire Dans un communiqué, Fcrin a révèle des résultats prometteurs concernant l'administration précoce de l'hydrocortisone pour les patients atteints de pneumonie aiguë communautaire (PAC) en réanimation.

L'hydrocortisone, une lueur d'espoir pour les patients en réanimation

L'étude CAPE-COD, dirigée par le professeur Pierre-François Dequin du réseau F-CRIN « CRICS-TRIGGERSEP » et soutenue par le CHRU de Tours, a mis en lumière l'efficacité de l'hydrocortisone dans le traitement de la PAC. Les pneumonies aiguës communautaires, infections pulmonaires d’origine bactérienne ou virale contractées hors des hôpitaux, sont un enjeu de santé publique de premier plan. En 2019, on estimait à près de 490 millions le nombre de cas de PAC dans le monde. Dans les pays à revenus élevés comme la France, le taux de mortalité des patients atteints de PAC est d’environ 10 %, un chiffre qui grimpe à près de 30 % pour ceux nécessitant une ventilation mécanique.

L’étude CAPE-COD : des résultats significatifs

L’étude CAPE-COD a évalué l’effet de l’hydrocortisone, un corticoïde, chez les patients atteints de PAC sévère, en prenant en compte la mortalité au 28e jour comme critère d’évaluation principal. Cette étude de phase 3, multicentrique et en double-aveugle, a impliqué 795 patients adultes atteints de PAC grave et hospitalisés en réanimation. Ces patients ont été répartis aléatoirement en deux groupes : un groupe traité à l’hydrocortisone et un groupe placebo. Au 28e jour, la mortalité était de 6,2 % dans le groupe traité à l’hydrocortisone contre 11,9 % dans le groupe placebo. Ces résultats montrent une survie significativement plus importante pour le groupe traité à l’hydrocortisone.

L’hydrocortisone : une solution efficace et économique

L’administration de faibles doses de corticoïdes pendant 5 jours, par voie intraveineuse et en association aux traitements standards, a réduit la mortalité des patients d’environ 50 %. De plus, les patients traités à l’hydrocortisone semblent présenter une amélioration plus rapide de leur état de santé, leur permettant de quitter plus rapidement les services de réanimation.

« Cette étude pragmatique, utilisant un médicament peu coûteux, est une avancée importante pour l’amélioration de la prise en charge des patients souffrant de PAC sévère. Cela nous encourage dans notre quête à améliorer la qualité de soins offerts aux malades », ont commenté les professeurs Ferhat Meziani et Stephan Ehrmann, coordinateurs du réseau CRICS-TRIGGERSEP.

Le Pr Pierre François Dequin a conclu en soulignant que « des études complémentaires seront probablement nécessaires pour mieux préciser quels patients sont les plus susceptibles de bénéficier de l’hydrocortisone. Mais il s’agit d’ores et déjà d’une excellente nouvelle pour les patients et les médecins, et ceci dès à présent, car ce traitement est déjà disponible et est facile à initier ».

Ces résultats, publiés dans la prestigieuse revue scientifique The New England Journal of Medicine, marquent une avancée majeure dans le traitement de la PAC, une des infections les plus fréquentes en population générale et en réanimation. L’hydrocortisone pourrait donc bien être la clé d’un pronostic vital amélioré pour les patients atteints de cette affection.

Références

  1. University Hospital, Tours. Effects of Low-Dose Corticosteroids on Survival of Severe Community- Acquired Pneumonia. clinicaltrials.gov; 2021. Accessed July 25, 2022. https://clinicaltrials.gov/ct2/show/NCT02517489

  2. Dequin PF, Meziani F, Quenot JP, et al. Hydrocortisone in Severe Community-Acquired Pneumonia. N Engl J Med. Published online March 21, 2023:NEJMoa2215145. doi:10.1056/NEJMoa2215145

  3. GBD 2019 LRI Collaborators. Age-sex differences in the global burden of lower respiratory infections and risk factors, 1990-2019: results from the Global Burden of Disease Study 2019. Lancet Infect Dis. 2022;22(11):1626-1647. doi:10.1016/S1473-3099(22)00510-2

A propos de F-CRIN

Créée en 2012, portée par l’INSERM et financée par l’ANR et le ministère de la Santé, F-CRIN (French Clinical Research Infrastructure Network) est une organisation d’excellence au service de la recherche clinique française. Elle a pour but de renforcer la compétitivité́ de la recherche clinique française à l’international, d’identifier et labelliser les réseaux de recherche, faciliter la mise en place d’essais cliniques académiques ou industriels, et développer l’expertise des acteurs de la recherche clinique, en mutualisant les savoir-faire, les objectifs et les moyens. L’organisation, qui dispose d'une unité de coordination nationale localisée à Toulouse, a déjà̀ labellisé et fédère actuellement 16 réseaux d’investigation clinique ciblant des maladies d’intérêt général international (Asthme Sévère, AVC, Cardiologie, Cardio-néphrologie, Dermatite atopique, Maladies auto-immunes et auto- inflammatoires, Maladies Cardio-rénales, Maladies cardiovasculaires, Maladie du neurone moteur /maladie de Charcot, Obésité,́ Pathologies rétiniennes, Parkinson et maladies du mouvement, Pédiatrie, Sclérose en Plaques, Sepsis Thrombose, Troubles psychotiques, Vaccinologie), 3 réseaux d’expertise et de méthodologie (Maladies Rares, Dispositifs Médicaux, Épidémiologie) et une plateforme de supports sur mesure offrant l’ensemble des services nécessaires à la conduite des essais cliniques. Au total, F- CRIN représente une force de frappe de plus de 1400 professionnels en recherche clinique. F-CRIN bénéficie du soutien de plusieurs CHU, Universités et Fondations. Pour plus d’informations : https://www.fcrin.org/

A propos de CRICS-TRIGGERSEP

Labellisé « réseau d’excellence » par F-CRIN en 2013, CRICS-TRIGGERSEP est un réseau Européen composé de 35 centres en France et en Belgique. Le réseau est spécialisé dans la recherche sur la maladie du sepsis, maladie pour laquelle 48,9 millions de cas ont été estimés dans le monde, en 2019. Son objectif : mieux comprendre et améliorer la prise en charge de cette maladie. Il comprend 4 groupes de travail répartis de façon à optimiser les compétences de chacun des professionnels impliqués dans cette recherche, coordonnés par le Pr F. Meziani et le Pr S. Ehrmann. Le réseau compte à son actif 185 études cliniques industrielles et académiques avec, en 2022, 5237 inclusions de patients. CRICS-TRIGGERSEP participe également à des publications scientifiques de qualité, entre autres, dans The Lancet, JAMA et The New England Journal of Medicine. En 2021, CRICS-TRIGGERSEP a été impliqué dans 66 publications en lien avec le COVID-19 et 32 publications sur d’autres sujets. Plus d’informations : https://www.crics-triggersep.org/

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