Cancer de la prostate : un numéro spécial du BEH contre le dépistage systématique

Cancer de la prostate : un numéro spécial du BEH contre le dépistage systématique Pour lutter contre le caractère systématique du dosage du PSA, la Caisse Nationale d'Assurance Maladie, l'Institut National du Cancer et le Collège de Médecine Générale ont lancé en ce début d'année une campagne de communication mettant en avant le ratio bénéfices/risques défavorable de cette pratique. C'est avec un numéro spécial du Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire sur le cancer de la prostate, que cette campagne et la controverse sont relancées.

Selon les données de l'assurance maladie de 2014, ce n'est pas moins de 48 % des hommes de 40 ans qui se sont vu prescrire cet examen, notamment par leur médecin généraliste (88%) le plus souvent lors d'un bilan de santé de routine. Cette proportion monte à 90 %, en hausse depuis 2010, pour les hommes de 65 à 69 ans et avoisine même les deux tiers pour les plus de 75 ans. Le constat est clair, le dépistage du cancer de la prostate par dosage du PSA demeure une pratique quasi généralisée.

Pour autant les mêmes données suggèrent qu'une limitation du surdiagnostic et du surtraitement semble amorcée avec une légère baisse depuis 2009 concernant les hommes de 40 ans et plus.

Si la HAS a émis un avis défavorable sur la généralisation du dépistage du cancer de la prostate, de son coté l'Association Française d'Urologie réaffirme avec force son positionnement sur le sujet :
- Le dosage du PSA est un excellent marqueur sous réserve qu'il soit correctement utilisé
- Les progrès de l'imagerie permettent d'estimer l'agressivité d'une tumeur
- les études sur lesquelles se basent la CNAM et la HAS sont contestables
- Les patients ont le droit de savoir

Ce numéro du BEH a le mérite d'apporter de nouveaux éléments qui peuvent être intégrés dans la réflexion du médecin au moment de décider d'un éventuel dépistage :
- les facteurs de risques tel l'origine antillaise, liée à l'usage du chlordécone, dans les bananeraies jusqu'en 1993 ou des antécédents d'infections génito-urinaires, dont la prostatite
- le nouveau rôle de l'IRM multiparamétrique notamment dans la détection de foyers de cancer agressifs avant biopsie
- les limites des biopsies dites systématisées
- et enfin la perception de la qualité de vie par des patients 10 ans après leur traitement qui, selon l'étude QALIPRO, semble comparable aux sujets témoins du même âge en dépit de dysfonctions urinaires et érectiles.

 

Voir aussi : Cancer de la prostate : baisse sensible du sur-diagnostic et du sur-traitement

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