Médecins libéraux : la démographie inquiétante des spécialistes en île-de-France

Médecins libéraux : la démographie inquiétante des spécialistes en île-de-France L’URPS médecins libéraux Île-de-France publie aujourd’hui une série de données inédites qui permet de lever le voile sur la démographie inquiétante des médecins libéraux spécialistes, à l’échelle de la région et des départements. Les médecins spécialistes sont de moins en moins nombreux en Île-de-France (-16 % en 8 ans) et cette tendance n’est pas près de s’inverser avec 30 % des effectifs ayant plus de 65 ans.

Une baisse de 16 % des effectifs de médecins libéraux spécialistes en 8 ans

Les données de l’URPS médecins montrent que la baisse du nombre de médecins libéraux est généralisée, celle-ci n’épargne aucune spécialité et aucun département :

En 8 ans, les spécialités les plus touchées sont :
- la psychiatrie avec une diminution de 30% des effectifs libéraux franciliens ;
- la gynécologie (- 29 %) ;
- la dermatologie (- 25 %) ;
- l’ORL (- 21%) ;
- la rhumatologie (- 21 %).

Ces chutes d’effectifs sont d’autant plus inquiétantes pour l’accès aux soins qu’elles concernent des spécialités où les médecins libéraux sont majoritaires (par rapport aux salariés) : 72 % des dermatologues franciliens sont des médecins libéraux, 68 % des ORL, 63 % des gynécologues et 58 % des rhumatologues.

L’ensemble des spécialités est exposé à des baisses d’effectifs : toutes constatent des pertes avec des variations importantes, les moins exposées étant les pneumologues, les radiologues et les endocrinologues avec des baisses d’effectifs inférieurs à 5 % ;

Géographiquement, la grande couronne est plus affectée par la diminution des médecins libéraux, avec la Seine-et-Marne qui a perdu 40 % de ses dermatologues en 8 ans, ou le Val d’Oise 39 % de ses ORL. Paris et la petite couronne souffrent également et ne suffisent plus à répondre aux besoins. A noter qu’à Paris, 38 % des actes des médecins spécialistes libéraux sont réalisés auprès de patients des 7 autres départements franciliens.

 

Médecins libéraux : la démographie inquiétante des spécialistes en île-de-France

 

Une pyramide des âges alarmante

La pyramide des âges des médecins libéraux spécialistes en exercice est alarmante, laissant présager de nombreux départs à la retraite et une baisse aiguë du nombre de médecins sur le territoire francilien :

– 30 % des spécialistes libéraux en activité en Ile-de-France ont aujourd’hui plus de 65 ans, avec la possibilité pour ces 3 400 médecins de prendre leur retraite à tout moment ;

– La proportion des plus de 65 ans est particulièrement marquée en psychiatrie où 44 % des médecins libéraux en activité en Ile-de-France ont plus de 65 ans, ainsi qu’en gynécologie (37 %), rhumatologie (34 %) et en dermatologie (33 %) ;

– Paris compte la plus forte proportion de plus de 65 ans, qui sont plus de 40 % des effectifs des cardiologues, des psychiatres, des gynécologues et des rhumatologues.

Face à cela, le nombre de médecins formés dans les spécialités reste certainement insuffisant. Pour exemple, la dermatologie avec seulement 15 postes d’internes ouverts par an en Île-de-France. Au rythme actuel des formations en dermatologie, il faudra 30 ans pour retrouver le niveau de 2010.

L’URPS médecins libéraux Île-de-France avance plusieurs explications :
– Le manque d’anticipation dans le nombre de médecins à former ;
– Le coût financier trop élevé de l’installation en Île-de- France ;
– Le manque d’attractivité de certains de nos territoires ;
– L’absence de lien entre l’exercice libéral et la formation hospitalo-universitaire : seuls quelques lieux de stages ouverts en Île-de-France auprès de médecins libéraux.

 

Les pistes proposées par l’URPS

L’URPS médecins libéraux Île-de-France propose 6 pistes pour améliorer en urgence l’offre de soins sur le territoire :
– Trouver un statut ou des avantages aux médecins qui acceptent de poursuivre une activité après 65 ans ;
– Mettre en place des équipes de soins spécialisées, pour faciliter la coordination des parcours entre les spécialistes de ville et leurs correspondants généralistes (cf. la loi du 16/07/2019) ;
– Développer les outils numériques, notamment de télé-expertise, et revaloriser sa tarification pour ouvrir à un médecin généraliste de premiers recours un avis de spécialiste sous 48 heures ;
– Modéliser et financer l’assistant médical et la délégation de tâches dans les différentes spécialités qui le permettent notamment les spécialités techniques, dermato, ORL, cardiologie, gastro-entérologie, rhumatologie… ;
– Investir dans l’installation des jeunes spécialistes à partir de l’expression de leurs besoins organisationnels en facilitant notamment leur accès à des locaux aux normes, confortables pour un exercice médical de qualité ;
– Former des médecins, dans nos universités, en nombre suffisant et développer les stages en médecine libérale au cours de la formation.

Souvent centrés sur le seul accès aux médecins généralistes de premiers recours, les pouvoirs publics en ont oublié toutes les autres spécialités qui souffrent aujourd’hui de graves déficits et dans certains cas posent de sérieux problèmes de coordination et d’accès aux soins.

https://www.urps-med-idf.org

 

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