Installation d'un médecin généraliste bloquée par l'Ordre, le maire s'insurge

Installation d’un médecin généraliste bloquée par l’Ordre, le maire s’insurge Le Conseil départemental de l'Ordre des médecins de l'Oise a refusé l'installation d'une médecin généraliste dans un pôle de santé de Bornel, en raison de la présence de sophrologues et d'une psychanalyste. Cette décision, basée sur un récent rapport sur les dérives de pratiques non conventionnelles, a provoqué l'indignation du maire de Bornel, Dominique Toscani.

« Les gratte-papiers du Conseil du désordre devraient faire des ordonnances au lieu de faire des règlements absurdes ! » le marie de Bornel pour Le généraliste.fr

Un refus basé sur un rapport sur les pratiques non conventionnelles

Selon un rapport de juin 2023, la sophrologie et la psychanalyse, pratiquées sur le site de Bornel, ne sont pas assujetties aux professions médicales et ne peuvent donc pas exercer conjointement avec des médecins, même avec des salles d'attente séparées. Cette décision intervient dans un contexte d'inquiétude croissante concernant les pratiques de soins non conventionnelles, ce qui a conduit le Conseil national de l'Ordre des médecins (Cnom) à publier un plan d'action pour mieux encadrer ces pratiques.

Un pôle de santé prêt à accueillir des médecins

Après un an de recherches, une généraliste était prête à s'installer dans les locaux du pôle de santé, ouvert depuis un an et demi. La communauté de communes des Sablons, partenaire du projet, avait investi 7 000 euros dans du matériel médical. Actuellement, 14 praticiens conventionnés ou non y exercent, et une autre généraliste était prête à rejoindre le pôle selon le maire. En fin de compte, cinq médecins auraient pu exercer à Bornel en 2024 si l'Ordre avait donné son accord.

Ce cabinet dessert un bassin de vie potentiel de 12 000 habitants, en incluant les villages environnants. Et la déception du maire est d’autant plus grande que trois médecins ont quitté la ville : deux ont pris leur retraite et un troisième a choisi de s'installer en Île-de-France.

« On ne peut pas laisser les administratifs du Conseil de l’Ordre des médecins bloquer le système comme ça ... Nous sommes en guerre médicale aujourd’hui. On ferme des lits d’hôpitaux parce qu’il n’y a pas assez de médecins. Là, on agit, et il y a des blocages. C’est inadmissible ! », estime le maire pour le site Actu.fr .

« On le savait en 2022 lorsqu’on a installé la sage-femme qu’on ne pouvait pas mettre tous les patients dans la même salle d’attente. C’est pourquoi on avait justement anticipé le problème en créant des salles d’attente dissociées. Ce que je trouve dommage dans cette histoire, c’est le fait de priver les administrés de la présence d’un médecin » Stéphane Monde, co-propriétaire des lieux pour Actu.fr

Les professionnels de santé et les habitants de la commune regrettent la décision de l'Ordre. Une sophrologue du pôle, s'exprimant anonymement, a souligné que les médecins recommandent leurs services et qu'ils ne font pas de diagnostic ni n'empiètent sur la pratique médicale. Hélène Marzac, diététicienne nutritionniste au pôle, a également exprimé son regret, soulignant les avantages de la collaboration directe avec les médecins : « J’ai des patients qui viennent me voir avec une ordonnance. C’est plus difficile de discuter avec les praticiens quand ils ne sont pas sur place. Les avoir à côté, c’est génial, cela permet un échange direct et hors consultation. » précise-t-elle pour le généraliste.fr

La détermination du maire

 Face à la pénurie de médecins, le maire de Bornel, Dominique Toscani, a adressé plusieurs courriers aux parlementaires du département pour tenter de résoudre la situation. Il a souligné que ses administrés ne sont pas tous véhiculés et que la borne de téléconsultation installée à la mairie n'est pas une solution suffisante. Malgré l'indignation des parlementaires, le maire a affirmé qu'il ne renoncerait pas à résoudre ce problème : « Je ne lâcherai pas le morceau ».

La décision de l'Ordre des médecins de l'Oise de refuser l'installation de médecins dans le pôle de santé de Bornel soulève des questions sur l'encadrement des pratiques non conventionnelles et sur la manière de répondre aux besoins en soins de santé des communautés. Alors que le maire de Bornel reste déterminé à trouver une solution, cette situation met en lumière les défis auxquels sont confrontées les communes rurales pour attirer et retenir les professionnels de santé.

 

Crédit photo : Pierre Poschadel, CC BY-SA 4.0 via Wikimedia Commons

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3 réaction(s) à l'article Installation d'un médecin généraliste bloquée par l'Ordre, le maire s'insurge

  • MyPassion

    Lisbeth Souque | 26/08/2023- REPONDRE

    Je comprends la colère du maire mais je comprends aussi la décision du conseil de l ordre qui doit avant tout veiller à la bonne pratique de la Medecine. Nous voyons de plus en plus des personnes s installer avec des diplômes foireux induire les patients en erreur.
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    marie laurence gauthier| 27/08/2023- REPONDRE

    Et bien je comprends le maire et l’ordre des médecins, par contre aujourd’hui la situation est critique dans les campagnes notamment , aussi rien n’empêche l’ordre de vérifier le contenu des formations, elles ne sont pas toutes foireuses (pour reprendre le terme avance) il y a des formations de 5 ans pour certaines personnes qui sont très bien encadrées avec des professionnels de santé reconnus, alors que certains passant par la fac
    Public ne sont pas forcément prêt pour l’installation, le manque d’expérience clinique, la supervision et le travail personnel ! A votre avis est ce bien sérieux? Pourquoi attribuer un numéro Adéli à un psy du travail qui peut s’installer via Doctolib en prenant des consultations en libéral alors qu’il n’est pas formé à la clinique ? Est-ce normal ? Alors que certaines facultés Privé sont beaucoup plus encadrantes, et plus rigoureuse sur le contenu de la formation avec une obligation de Clinique et de supervision auprès de professionnels !
  • MyPassion

    Thomas BONNET| 01/09/2023- REPONDRE

    La pratique réelle d'un médecin dûment diplômé n'est pas conditionnée par son environnement professionnel immédiat, c'est parfaitement ridicule. Ce refus incompréhensible de l'Ordre est manifestement purement idéologique et constitue de mon point de vue une grave erreur de jugement et une grave faute politique.

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